Mer céréalière puis désert

Sud et Nord Australie : du 25 janvier au 13 février 2008 (3500 km)

carte du sud et du nord de l'AustralieBien que nous roulions depuis plus de quatre cents kilomètres depuis Eucla, frontière géographique entre l'ouest et le sud du pays, c'est à Ceduna que nous attend la douane. L'importation de fruits et légumes étant interdite entre les deux états. La raison : une mouche qui pique fruits et légumes et les rend impropres à la consommation. Il faut dire qu'en ce qui concerne les mouches, ils ont assez des leurs sans en importer d'autres. Les mouches sont vraiment le fléau du pays. A peine avez-vous posé le pied sur le sol australien qu'elles semblent vous avoir adopté. Chassez en une il en arrive deux, puis trois puis quatre puis toute une escadrille qui tente de fuir les rayons du soleil en pénétrant vos oreilles, vos narines, vos yeux et votre bouche si vous avez le malheur de l'ouvrir. Plus vous vous enfoncez dans l'out back, plus nombreuses elles sont.

C'est aussi ici que recommence la vie, après plus de mille cinq cents kilomètres pendant lesquels nous n'avons croisé que quatre ou cinq « road house », sorte de relais routier. Les premières fermes font leur apparition et nous roulons bientôt dans une mer céréalière principalement du blé. Comment font-ils pour travailler de si grandes surfaces dans les délais impartis. La réponse tient en deux mots et nous la voyons lorsque nous traversons les petits hameaux : Les tracteurs ! Oubliez les tracteurs conventionnels comme nous les connaissons chez nous. Imaginez plutôt une locomotive montée sur des trains de chenilles caoutchouc ou six, huit ou dix roues tirant une ribambelle de socs et des rampes de traitement de la largeur d'un terrain de foot. Chaque bourgade s'annonce de loin par les hautes tours des silos à grains sous lesquels viennent se gaver les road trains ou les trains en partance vers les bateaux de Port Lincoln. Près de cinquante pour cent de la production céréalière du pays provient de cette zone. Kimba tient le haut du pavé et doit sa richesse aux soixante dix mille tonnes de grains dorés produits annuellement. C'est ici qu'a été installé un grand nombre de soldats australiens de retour de la seconde guerre mondiale. En récompense des services rendus, le pays leur a donné terrains et matériels.

invasion de mouchessilos à grains

Etape à Port Augusta et départ pour le nord

Port Augusta est une petite localité agréable à vivre à l'extrémité nord du golf de Spencer. C'est aussi le carrefour des routes ouest-est et sud-nord. C'est là que nous attendons notre courrier pendant quelques jours avant de repartir vers le nord du pays. Quelques jours de farniente entrecoupés de balades sur le port et dans la rue du centre. Il faut dire que comme dans beaucoup d'endroits, le tour de la ville est vite fait. Il est temps maintenant de prendre la direction du nord vers Ayers Rock et Alice Springs par le Stuart highway, du nom de John Mc Douall Stuart qui fut le premier à reconnaitre l'axe Adélaïde Darwin en 1858.

panneau qui annonce le prochain ravitaillementTrès vite nous nous enfonçons dans une sorte de désert ponctué par endroits de végétation rachitique dans laquelle sont éparpillées bizarrement quelques têtes de bétail échappées des troupeaux et abandonnées par leurs propriétaires lors du regroupement vers la ferme pendant la durée de l'été. Elles errent à quelques mètres de la route, crevant de soif. Beaucoup périssent, percutées par les road trains et leurs carcasses alternent avec les épaves de voitures. Il faut dire qu'en cas de panne majeure ou de sortie de route, l'heure du bilan à sonné et le calcul est vite fait. Le jeu en vaut il la chandelle ? Est-ce que la valeur de la voiture mérite le dépannage ? Mille kilomètres d'un côté, peut être plus de l'autre et la facture du dépannage s'envole. Si la réponse est non, la voiture vient grossir le nombre des épaves du désert. Une allumette, un peu d'essence et le véhicule est débarrassé de ses caoutchoucs et plastiques. Le temps et la corrosion accélérés par le feu auront raison de la carcasse.

L'australien ne s'embarrasse pas de ses reliques, nous l'avions remarqué à Kalgoorlie sur les sites délaissés par les chercheurs d'or où les vestiges de campement sont toujours visibles. De temps en temps nous doublons une piste d'atterrissage. Pour pallier le manque d'agglomération importantes pourvues d'infrastructures aéroportuaires, les australiens on créé des pistes pour permettre l'atterrissage d'éventuels avions en détresse tous les deux cents ou trois cents kilomètres, tout comme on peut en rencontrer en Israël même si là-bas, c'est pour d'autres raisons.