Raïatea

J'ai lu mon Lonely tout le long du vol jusqu'à Tahiti.
L'arrivée matinale à Faa'a, l'aéroport de Papeete, laisse présager qu'on va passer une bonne journée. Les gros 4x4 des tahitiens sont déjà pris dans les embouteillages sur la seule route qui fait le tour de l'île. La visibilité est excellente, je suis pressé de la comparer à celle de l'eau! Atterrissage, repérages, bagages. Cession bureau de change. Mais c'est loin d'être fini : je trouve un vol pour Raïatea.
Je voyage toujours en basse saison, ce qui me permet d'avoir des places partout quand je veux, moins chères, et de n'affronter ni grèves ni troupeaux de touristes.

Raïatea

Atterrissage, repérages, bagages. La piste minuscule est au bord de l'eau turquoise, au nord de Raïatea, et l'on peut voir l'île Tahaa qui partage le même lagon à quelques encablures.
L'air est déjà bien tiède, et comme c'est trop cher de rejoindre le centre-ville j'y vais à pied. Puis j'en ai assez de me dégourdir les jambes, et fais du stop. Un pick-up très sympa me dépose à l'hôtel.
Je suis en réalité dans un dortoir de 12 places, mais complètement seul. Piscine, petit ponton aménagé sur le lagon, cuisine sans cafards. J'offre une bière locale (Hinano) sur la belle marina à mon bienfaiteur preneur d'autostoppeur, et le reste de la journée me permet de m'imprégner de l'ambiance polynésienne : tour au marché, visite du supermarché local qui pour moi est systématique car c'est un véritable musée vivant, réservation de plongée pour le lendemain, et bien sûr : ascension du Mont Topihoi qui domine la ville Uturoa et offre une vue magnifique le lagon, Tahaa, Huahine, et même Bora-Bora.

marché de Raiatea

Je termine la soirée dans un hôtel à voir un spectacle de danse traditionnelle : touristique mais intéressant. Cet art fut interdit un demi-siècle durant car désigné comme honteux et dépravé, donc je me contente de cette prestation. Le lien entre la danse et la sexualité est évident, et personnellement je trouve que cette danse sensuelle aurait du être obligatoire!

fougère

Le deuxième jour je fais une randonnée de 5H jusqu'aux Trois Cascades : absolument génial. Les sons de la forêt étant inhabituels, je ressens presque un malaise en la traversant. Elle est dense et touffue, les araignées sont énormes, mais l'avantage de se lever à 5H est que l'on voit leurs toiles grâce aux gouttelettes de rosée.

fougère

La progression est parfois délicate, je perds souvent le chemin, et il arrive qu'il faille s'aider d'une corde pour franchir des rochers glissants. Je rencontre de tout : fougères, ylang-ylang, goyaviers, bambous géants, gingembre... En revenant je suis un tas de boue heureux.

Après-midi : plongée. Beaucoup de requins Pointe Noire, et j'ai eu un aperçu lointain de raies Manta, juste de quoi me frustrer quelques jours! Il n'existe rien d'aussi gracieux qu'une raie Manta qui vole dans l'eau, et lorsque l'on nage à côté on a l'impression que c'est notre âme qui nous échappe.

Troisième jour déjà! J'ai loué une voiture pour faire le tour de l'île, et passer la nuit dedans pour amortir ce frais. Elle me permet d'abord d'atteindre une ferme perlière : un étroit et long ponton nous y emmène, et l'on y découvre un véritable trésor. Des perles des meilleures catégories et des plus belles couleurs sont exposées dans cette petite cabane sur pilotis où l'on apprend comment se "cultive" une perle. Elles sont selon moi les plus beaux bijoux que nous offre la nature, avec les amollîtes, car elles dérivent d'organismes vivants. Tout en en négociant deux de catégorie A, mes yeux roulent sur l'épiderme paisible du lagon.

Une autre étape que j'attendais depuis longtemps : Taputapuatea, le marae le plus grand de Polynésie. Ce site était voué au dieu de la Guerre, Ora, et fut en fait construit pour remplacer celui consacré au dieu de la Création. Triste changement...

Après avoir rencontré l'Ile de Pâques, je n'ai pu trouver ce site grandiose immédiatement mais sa compréhension en inspire le respect. De ce marae s'échappe une impression de puissance, et en marchant dessus c'est pourtant lui qui laisse une empreinte en nous.

Quelques kilomètres davantage dans les terres se cache la plus grande vanilleraie de Polynésie et peut-être même la meilleure vanille du monde... Et je continue à faire mon tour de l'île comme les aiguilles d'une montre, roulant aussi bien sur de la soupe de corail que dans des chemins forestiers.

Le soir je me gare à la marina Apooiti, car il y a des douches. Je nage jusqu'à ce que ma peau soit molle et froissée. Demain je ferai un saut de puce jusqu'à l'île d'en face : Huahine, et mon ami du pick-up m'offrira un collier de coquillages en signe d'adieu pour se plier à la tradition.