Marché de Shapping et coups de gueule

Lundi 26 Septembre : "Gandja-gandja"

Aujourd'hui c'est jour de marché à Shapping. Très coloré avec ses étalages de tissus et de broderies, c'est surtout l'endroit ou sévissent les dealers du coin. Une paysanne d'environs 55 ans, un sac rempli de poireaux et de salades s'approche et, feignant de vendre une barette à cheveux nous sussure "gandja, gandja?". Oulala t'emballe pas mamie, c'est pas le genre de la maison. Mais miss Jamaica n'en n'est pas à son premier client et a plus d'une corde à son arc : "opium, opium" ajoute-t-elle. Oups, elle a touché une corde sensible, Corto maltèse enveloppé dans des volutes interdites au milieu de la Chine. Plus que Tintin et le lotus bleu, la Chine dans notre imaginaire c'est avant tout les vieux bars à opium qu'on retrouve dans les BD d'Hugo Pratt. Faut pas mourir idiots, allez, on la suit. On se retrouve affalé dans un vieux canapé à l'interieur de son salon obscur. Totalement novices en la matière et devant notre ignorance, elle sort sa pipe puis nous montre comment chauffer l'opium. Sophie stressée par la situation et le dealer pressé de retourner à ses affaires ne nous permettront pas de savourer pleinement les effets de ladite substance. On se sent quand meme très "zen" pour la séance photo souvenir devant son pied de cannabis. On achève les 40 km qui nous ramènent à Dali, la pluie en plus. La ville est très agréable bien que touristique, les rues piétonnes sont bordées de boutiques et de gargottes. A ce propos, comme dans beaucoup de pays d'Asie, les chinois vivent dehors, tout est toujours ouvert sur l'exterieur, les magasins comme les restaurants. Les trains de nuit étant complets, nous prenons le bus couchettes ce soir pour Kunming.

dealerpiments

Mardi 27 Septembre: Coups de gueule

6 heures du matin, nous arrivons a Kunming après une soiree agitée. Lundi 26 Septembre au soir, flash-back : 20h00, on se présente à l'agence auprès de laquelle on a réservé le billet qui nous amène en taxi à la gare routière. Pour notre premier bus couchette, on a pris un première classe! Arrivés à la gare on poirotte avant d'être refilés à une dame à qui la fille de l'agence donne de l'argent. Elle nous demande de la suivre et nous voila partis pour 15 mn de marche avec nos sacs sur le dos, cool. On arrive à une autre gare où d'autres personnes attendent mais toujours pas de bus à l'horizon. Puis on est à nouveau refourgués à une autre qui a son tour empoche l'argent et nous fait monter dans un taxi. Inquiètudes. D'habitude c'est assez carré quand on prend le bus : on se présente avec notre ticket à la porte d'embarquement et on nous indique dans lequel monter. Là, on n'a toujours pas vu la couleur du billet. On arrive dans une sorte de terrain vague à peine éclairé avec plein de camions bennes Dong Feng. Les autres chinois arrivent aussi en taxi. On attend avec le sentiment d'être dans l'illegalité comme peuvent l'être des refugiés ou des émigrants clandestins. On commence à s'énerver et la barrière de la langue laisse nos questions sans réponses. Il est 21h30 lorsque le bus couchette se pointe. Le problème c'est que la catégorie correspond à de la troisième classe; il ne ressemble pas à celui qu'on nous avait montrè sur la photo. Comment expliquer à la bonne femme qui ne pipe pas un mot d'anglais qu'on a payé pour la catégorie supérieure. On se résigne et on s'installe dans des places pas trop mal compte tenu de la taille de Christophe. On attend que le bus se remplisse, les passagers arrivant au compte goutte par taxi. Sans pincettes, on nous fait comprendre de dégager. En plus, on s'apercoit qu'il n'y a qu'un chauffeur qui va conduire seul toute la nuit. Cette fois ca suffit! On pète les plombs et on décide de demander le remboursement des billets quitte à partir le lendemain, histoire de passer un savon à l'agence. Là c'est la panique. Elle nous refile 120 Y soit le prix de la bétaillère alors qu'on a payé 160 Y. On ne lache pas le morceau d'autant plus qu'on tombe sur un chinois faisant office d'interprète. Ca s'énerve et téléphone à tout va. Il est 22h15 lorsqu'on nous trimbale à nouveau en taxi direction la première gare "officielle" du début. On retrouve enfin une vraie gare avec plein de vrais bus. Et on monte dans celui qui nous était réservé. Bizzare. Tous les intermédiaires s'y retrouvent aussi, elles se refilent le bébé pour savoir qui va payer nos billets. C'est plus notre affaire on est dedans et on n'en redescendra pas. Explications: pour se mettre 40 Y dans la poche soit la différence de prix entre les deux classes, ils ont éssayé de nous la mettre!

Ras-le-bol, font chier les chinois! Ca commence à faire beaucoup, il faut se battre pour tout ici. Les prix sont systématiquement surevalués, on a l'impression d'être considéré comme des porte-feuilles ambulants et c'est le cas d'ailleurs. De vrais professionnels de l'éscroquerie aux talents très variés : racket, menus différents, bouteilles d'eau faussement capsulées, compteur taxi truqués, tentative de vol dans le transsibérien, changement de tarif au moment du réglement (2 doigts signifiant 20 et non pas 2, passage du yuan à l'euro)… Et on en a surement oublié, sacré "dépaysement" donc en 5 semaines surtout après la Mongolie où les gens sont aimables, accueillants et honnètes! En plus, on n'est pas des cas isolés, nombre de voyageurs ont été victimes des mêmes arnaques. Cela va même jusqu'a des agressions, parfois mortelles. Bien sur on ne met pas tout le monde dans le même panier, nos excuses par avance à William et Helléne et aux nombreux chinois qui nous ont gratifié de leur sourire et de leur gentillesse mais on en avait assez du politiquement correct. Et tant qu'on y est, voici un autre coup de gueule : les chinois nous ont donné l'impression de bousiller leur magnifique pays (quand ce n'est pas déjà fait) aussi bien d'un point de vue naturel que culturel (cf les hutongs de Beijing). L'explosion démographique et l'urbanisation galopante ont eu raison de la faune et ont dénaturé de nombreux espaces (et le barrage des 3 gorges ne va pas arranger tout ca). De la même manière, une partie de leur riche héritage culturel est parti en fumée à cause des purges communistes. Merci Mao, le dictateur reste pourtant quasi vénéré comme un Dieu comme le démontre le nombre de pouce lévé à son évocation. Ohé, faut se réveiller, la révolution culturelle, les soi-disant 100 fleurs et tout le reste, faudrait pas oublier. Sans parler des minorités éthniques comme les Ouighours ou les Tibétains dont l' espace de liberté culturelle est réduit au minimum, juste suffisament pour attirer les touristes. "Quand la Chine s'éveillera", et ben elle réalisera ses erreurs. Sa récente ouverture sur le monde, les JO 2008 et son entrée dans diverses institutions internationales semblent heureusement donner un nouvel élan au pays. On croise les doigts, ils répresentent quand même 1/5eme des habitants de la planète.