Chengdu

Lundi 5 Septembre : La loi des séries? On n'y croit pas.

La ville de Xi'an, malgré sa réputation de berceau de civilisation (avec Constantinople, Rome et Athènes), ne nous inspire pas beaucoup, nous visiterons néanmoins le quartier musulman. Le shopping nous tente davantage et Sophie se fera plaisir en achetant une robe chinoise super sexy mais devra attendre son retour dans dix mois pour la passer. Micheline est en effet d'accord pour ramener ces quelques bricoles dans sa nouvelle valise. Nous embarquons dans l'avion à destination de Chengdu, ce qui nous évite 20 heures de train. Les dessins animés manga sur des écrans ont remplacé les hôtesses de l'air et leurs sempiternelles consignes de sécurité que plus personne ne regarde d'ailleurs. Cela nous met presque en confiance au vu des récents accidents d'avion.

Mardi 6 Septembre : une valse à trois temps ?

echecsChengdu forte de 11,3 millions d'habitants n'en est pas moins agréable et plus respirable que Xi'an. Nous avons flâné dans un parc étonnant : le Renmin Gongyuan ou Parc du Peuple. Composé de bassins où d'énormes carpes koï se font nourrir, de bonzaïs et de beaux arbres auxquels sont suspendues des cages où des oiseaux-perroquets, des meinates, répètent des chansons chinoises. Le parc tient en fait sa singularité des chinois qui le fréquentent. Il abrite de nombreux salons de thé où le temps s'écoule doucement entre deux gorgées au rythme des parties d'échecs (chinois) et autres jeux de dominos que nous ne connaissons pas. Un peu plus loin des gens chantent au micro à tour de rôle, là ils dansent une sorte de valse au son des chanteurs volontaires; cela débouche d'ailleurs sur une véritable cacophonie. Il en ressort une grande convivialité et de la bonne humeur. La plupart sont des habitués, l'un d'eux est surnommé "celui qui joue du saxophone", a invité Sophie à danser pendant que Christophe s'occupait de sa partenaire. Retraité à 47 ans, polyglotte (chinois, anglais, allemand et...français) et fan de cinéma français, il nous a surpris avec des citations de Rousseau, Voltaire et ...Gainsbourg! Etrange que ce personnage cultivé et ouvert sur le monde soit surveillé de près par le parti... (pas d'adresses e mail etc...).

Mercredi 7 Septembre : la nature baillonnée

Nous partons en excursion pour quatre jours visiter la réserve naturelle de Jiuzhaigou à 10 heures de route dans le nord du Sichuan. L'aspect du bus ne nous inspire pas confiance d'autant plus que la route est dangereuse et que le moteur ne démarre pas. Nous partons avec 1/2 heure de retard au milieu de chinois fidèles à leur image : ils crachent dans le bus, fument et jettent leurs détritus à même le sol ou sur le fauteuil voisin. Résultat arrivés à destination : le sol est parsemé de bouteilles d'eau, de papier, de cosses de cacahuètes ou encore d'os de poulet! Nous montons sur des routes en lacets bordant des à-pics vertigineux. Le klaxon s'impose pour avertir ceux qui arrivent en sens inverse. Malgré tout, les camions se croisent dangereusement et le chauffeur répond au téléphone en conduisant; on n'est pas rassurés (surtout Sophie). Christophe ne cessera de lui répéter :"ne t'inquiète pas, le conducteur ne veut pas y passer non plus, alors, fais-lui confiance!" (pas évident tout de même).

usine en chineLa vue est désolante : pour compenser les fréquents glissements de terrain dus au déboisement, la montagne est flanquée d'ignobles renforts croisés de fer et de ciment, à certains endroits ses flancs sont complètement recouverts d'une chape de béton avec des gouttières. Certains se sont déjà à moitié effondrés et, comme la nature finit toujours par reprendre ses droits, on se demande combien de temps cela va tenir. Néanmoins le bon goût est respecté car cela se marie assez bien avec les industries et chantiers affreux au fond de la vallée. Les 3/4 dernières heures de route nous offrent enfin de jolis paysages de montagne. Nous traversons de beaux villages aux maisons de bois près desquelles sèchent la paille ou les épis de maïs pendant que hommes, femmes et enfants travaillent aux champs. La serpe à la main, ils fauchent les blés comme il y a un siècle en France et transportent leur cueillette sur le dos dans d'énormes paniers en osier. Les boeufs ont encore le collier d'épaule pour labourer la terre, on se croirait dans un tableau de Millet. Des images bucoliques défilent sous nos yeux. Sur le pas de porte un homme découpe de la viande, d'autres discutent accroupis (c'est leur position de repos), une femme embrasse son bébé, une autre se brosse les dents. Aux abords de Songpan l'allure des maisons devient tibétaine; faites de pierres grises et en bois peint dans le style mongol, elles n'ont rien à voir avec le style chinois excepté la forme du toit. Le Tibet dépasse en effet les limites administratives de la Chine et s'étend au nord-ouest du Sichuan. 4 millions de tibétains vivent en effet en dehors du Tibet "chinois", contre 2.7 dans la province. Enfin du ciel bleu!