La nature reprend ses droits

20 Mai - Big Hard Sun

A cet instant le Manet se trouve à la perpendiculaire de l'île de sable. Ah et puis une information olfactive : ce coin de l'atlantique ne sent absolument rien. Pas le moindre flair d'iode, de poisson, rien. Par chance, le bateau non plus. Le moteur est suffisamment récent... ni fumée apparente, ni odeur. Enfin avec un vent force 7 dans le nez, je risque pas grand chose ! Si je devais qualifier ce matin l'océan , je dirais "deep blue". Grand beau avec vraiment beaucoup de vent. La température a chuté : 10°C. Depuis les açores, nous étions dans une atmosphère plus douce entre 12 et 20°C.

Le navireContainersLe navireLe cargoL'océanL'océanNicolas Sturaro

Au programme de l'après midi un grand show océanique ; j'ai vécu une interminable session de surf sous le soleil. La position sur le "upper deck" près de la superstructure (bâtiment) est magique. Les vagues défilant sur le flanc sont imposantes, brillantes comme le chrome et si proches du bastingage, l'écume s'envole du sommet des vagues qui forment des rouleaux avec le passage du bateau; les milliers de tonnes du Manet roulent en pleine puissance en se jouant des trois dimensions. Quelle Panache ! Une véritable ivresse du déplacement. Et pour me ramener de temps à autre à la réalité , le passage super amical des hommes d'équipage philippins qui eux ne sont pas du tout en vacances et qui semblent toujours un peu amusés de croiser des passagers sur ce bateau de commerce. Il y a un tel contraste entre une semaine d'oisiveté et les 9 mois d'un contrat de travail à bord. En tout cas les sourires échangés sont très chaleureux. Je ne risque pas d'oublier non plus les vertiges à l'avant du bateau ce jour là. Le ressenti est très différent : ascension de la vague, sommet de la vague, amorce de la descente, arrêt cardiaque du passager, descente interminable de la vague, choc dans la suivante et ainsi de suite. Le pied ! Et ces creux là ne faisaient que 4m.. Ça doit vraiment vraiment être flippant une grosse tempête.

Les remousL'horizonL'horizonL'horizon

21 Mai - Last beers on sea

Sur le pont à l'aube de ce 21 mai, l'ambiance est celle que je trouve souvent dans nombreux de mes rêves. L'océan est de mercure bouillonnant et magmatique sous un brouillard dense. Sinistre mais magnifique. Mêmes les couleurs supposées vives des bouées des filets des pécheurs sont comme éteintes. Le navire est cahotiquement chahuté tous azimuts. Le capitaine a fait réduire la vitesse.

Nous sommes le 21, date anniversaire, tendre clin d'oeil à toi. Le petit dej' est un vrai cirque : personne ne tient debout et nos estomacs se posent vraiment des questions ne pouvant plus vraiment faire confiance à la gravité statique des continents. Mais je continue de manger comme 4 afin de préserver un aplomb maritime infaillible. Tant pis pour la diète !

Premiers bateaux de pécheurs ce matin, escortes de sea-eagles, probablement canadiennes, nous ne sommes plus seuls sur le radar, la terre approche...

En fin de matinée le ciel s'est finalement ouvert pour découvrir à nouveau un océan plus rassurant et rayonnant. J'ai encore passé un long moment sur la vigie du pont avant luttant de mon mieux contre les rafales de vent. Merci à ceux qui m'avaient conseillé de prendre un bonnet et des gants !

Hommage au gris roi sur les deux premières photos pourtant en couleur, une travée entre les ponts de containers, le pont et ses nombreuses activités pour les premières classes.

L'horizonL'horizonCargo
CargoContainers

En marge des appareils de navigation hi-tech, la route du navire est toujours suivie sur les cartes traditionnelles. Jacques que je crois impatient d'arriver à New York.

L'océanAppareils de navigationUne carteJacques

Barman au salon des officiers pour payer la fin de la traversée...les temps sont durs. Et nous étions accrochés aux histoires de coeur et de navigation du charismatique "chief ingeneer" du Manet au cours de cette dernière tournée de bières à bord.

A bordVu du cargoSalon des officiers