Récit du trek sur le GR20 Nord étapes 5 à 9 avec photos

lundi 26 juin 2000

5ème étape : Refuge de Tighjettu - Bergeries de Radule (bivouac)

Longueur totale Dénivelé total positif Dénivelé total négatif Dénivelé absolu 11,3 km 590 m 920 m 1510 m

Refuge de Tighjettu - Bergeries de RaduleEtape : Refuge Tigjettu - Bergeries du Radule

Nous nous levons ce matin assez tôt, 6 heures. Nous avons prévu de bivouaquer le soir, aussi nous devrons poursuivre après le prochain refuge, et poser la tente près des Bergeries de Radule, ce qui nous fera gagner 1h30 sur la longue étape du lendemain. De plus comme le camping sauvage est interdit dans l'ensemble du Parc Régional, nous sommes tenus de nous rapprocher d'un lieu habité et, en principe, autorisé.

Refuge de Tighjettu

Refuge de Tighjettu

Le refuge de Tighjettu est caractéristique, comme posé sur pilotis en plein milieu du ravin de Stranciacone, dans la pente. A peine partis, nous rejoignons une fois de plus nos amis savoyards, partis peu avant nous. Nous n'avons plus mal aux pieds et la belle journée ensoleillée qui s'annonce nous emplit de bien-être. Notre rythme s'est alors volontairement ralenti pour prendre le temps de nous conditionner pour la longue montée finale jusqu'au refuge de Ciottulu di Mori où nous allons nous arrêter. Une petite halte sur le chemin aux Bergeries de Ballone s'impose pour nous ravitailler. En effet, il nous manque quelques denrées de première nécessité. Le berger n'est pas des plus sympathiques, l'accueil est quelque peu sauvage mais nous boirons tout de même un rafraîchissement au bar avant de repartir rapidement. Nous restons pendant plus d'une heure à la même altitude, en restant sur une courbe de niveau pendant toute la traversée de la forêt d'Albertacce. Parsemée de pins "Laricio", caractéristiques de la région, cette forêt s'ouvre sur le vallon du ruisseau de Foggiale que nous remontons jusqu'au col du même nom, tandis que le soleil chauffe de plus en plus et favorise l'apparition des lézards. La casquette de Manu, trempée par la sueur, apparaît comme un témoin de cette écrasante chaleur. Je lui fais alors remarquer en plaisantant que l'on peut connaître le nombre de jours passés sur le GR en comptant le nombre de strates de sueur qui s'empilent sur sa casquette.

J'ai mal organisé le rangement de mon sac à dos ce matin, et je sens quelque chose qui me fait mal dans le dos. J'attends d'arriver au col le poser et régler ce problème. Après une courte pose, nous reprenons l'itinéraire balisé en destination du refuge de Ciottulu di Mori qui ne se trouve plus qu'à 800 m selon le GPS, bien que nous ne le voyions pas encore. Il nous faudra encore 20 à 25 minutes pour l'atteindre. Il est alors 10 heures et de bonnes perspectives s'offrent encore à nous. Le temps est bien dégagé, et nous apercevons sur notre droite, en montant, les célèbres sommets Capu Tafunatu et Paglia Orba. Le premier offre la caractéristique d'être troué par une grande ouverture naturelle de plus de 30 m de large et 10 m de haut, le second est tristement réputé pour son nombre important d'accidents mortels, mais aussi pour figurer comme le blus beau de Corse. En effet, à proximité du refuge, de nombreux randonneurs s'y aventurent avec précipitation et son ascension est assez difficile en raison de certaines portions à escalader.

Variante : Paglia Orba aller-retour depuis le Refuge de Ciottulu di Mori

Longueur totale Dénivelé total positif Dénivelé total négatif Dénivelé absolu4,4 km 690 m 690 m 1380 m

Etape : Refuge Ciottulu di Mori - Paglia Orba

Au refuge, après le rituel casse-croûte qui suit notre arrivée, nous partons à cinq en direction de la Paglia Orba pour essayer d'en atteindre le sommet (2525 m) sans les sacs à dos, mais avec naturellement de quoi boire suffisamment. Comme prévu, l'ascension est délicate. Heureusement, mon expérience de l'escalade m'aide une fois de plus et je peux la mettre au service des autres membres du petit groupe que nous formons. Tout se passera à merveille, tant la motivation est grande. Nous atteignons le sommet en 1 h 20, au lieu des deux heures indiquées sur le topo. Là-haut, une vue imprenable sur la mer et les montagnes, dont le majestueux Monte Cinto et au loin, le Monte Rotondo et le Monte d'Oro qui semblent jaillir de nulle part au milieu des nuages d'altitude.

A la descente, nous choisissons de partir en direction de l'autre sommet important qui surplombe la vallée du Golo et le refuge, le Capu Tafunatu. Le spectacle offert par la traversée des nuages dans sa trouée centrale est saisissant. Nous nous trouvons alors aux premières loges.

Vue sur le Paglia Orba depuis la Vallée du Golo

Vue sur la Paglia Orba depuis la Vallée du Golo

Manu a dû rester au refuge pour soulager ses pieds qui ont beaucoup souffert, et aussi pour s'autoriser un repos avant de repartir en route pour notre bivouac prévu, ce que nous faisons directement dès mon retour au refuge. C'est la dernière fois que nous voyons nos amis savoyards que nous saluons comme il se doit.

Vallée du Golo

Vallée du Golo

Le sentier est en descente en longeant le Golo, mais assez callouiteux. Nous noterons la présence de nombreuses vasques creusées par l'érosion. L'eau limpide de ces baignoires naturelles, d'un reflet vert-bleu, inspire la baignade, mais la proximité de la source nous laisse penser que l'eau est beaucoup trop froide. Après avoir enchaîné l'étape du jour, de refuge en refuge, l'ascension de la Paglia Orba, et la montée dans le trou du Capu Tafunatu, mes pieds commencent à souffrir sérieusement et je dois marcher sur des oufs pour les soulager. Les arrêts se font de plus en plus fréquents, les deux derniers kilomètres sont un calvaire. Nous y arriverons malgré tout et trouverons rapidement notre lieu de bivouac au-dessus de la bergerie de Radule. Un brin de toilette dans un ruisseau, le montage de la tente, et nous pouvons enfin décompresser. Le massage des pieds est un grand moment. Je vérifie le fonctionnement de notre réchaud à gaz et nous préparons sans tarder notre repas grâce aux sachets lyophilisés. Ce n'est pas le luxe mais nous nous en régalerons tout de même.

mardi 27 juin 2000

6ème étape : Bergeries de Radule (bivouac) - Refuge Manganu

Longueur totale Dénivelé total positif Dénivelé total négatif Dénivelé absolu 19,6 km 690 m 440 m 1130 m

Bergeries de Radule - Col Saint PierreCol Saint Pierre- Refuge ManganuEtape : Bergerie de Radule - Refuge de Manganu

Ce matin, nous attendons que le soleil vienne lécher la toile de tente de ses premiers rayons pour nous lever. Sans trop tarder, nous démarrons dans la forêt. Foulant un parfait tapis d'aiguilles de pins qui reste sur la même courbe de niveau, nous arrivons à la station de ski de Castel Di Vergio sans peine. 

Forêt de cônifères à proximité des bergeries de Radule

Forêt de conifères à proximité des bergeries de Radule

Un vrai plaisir pour nos pieds fatigués. Cette station est la seule encore en fonction en Corse. Nous essayons d'imaginer les skieurs dévaler les quelques hectomètres de pistes, sous les téléskis qui semblent avoir poussé comme des plantes. Nous trouvons un hôtel où nous pourrons enfin boire un verre, poster nos cartes déjà écrites, et surtout nous ravitailler en produits frais (les prix sont assez élevés mais nous n'hésitons pas une seconde). Nous retrouvons également un couple d'Allemands qui ont plus ou moins effectué les même étapes que nous, et sommes admiratifs devant leur courage, malgré leur âge. Nous repartons sur le GR pendant encore 5 km suivant le même profil et arrivons à la montée au col Saint Pierre (Bocca San Pedru). Droit dans la pente, le chemin dessine de grands zigzags puis nous continuons à monter le long d'une crête pour atteindre le col â Reta (1883 m). La montée est régulière avec un chemin bien marqué. Nous n'avons pas de mal à adapter notre rythme qui nous permet de dépasser sans forcer un groupe de Tchèques venus goûter à la montagne Corse. 

Le lac Nino

Le lac Nino

Après une courte pose pour nous soulager les épaules, nous descendons en direction du lac Nino au bord duquel nous nous arrêtons tout d'abord pour une sieste qui s'impose absolument. Nous nous attardons facilement allongés dans l'herbe puis nous entamons un pique-nique style "nappe à carreaux". Nous nous sentons très reposés, même en ayant déjà marché cinq bonnes heures. Quelques séquences vidéo et photos tant le paysage est caractéristique, et nous sommes repartis pour la descente finale jusqu'au refuge de Manganu en passant par les bergeries de Vaccaghia. Au départ du lac, le chemin est parfait, rectiligne, et très agréable. Nous augmentons ainsi notre capital santé en vue des étapes suivantes qui nous réservent encore quelques surprises. Le GR20 n'est jamais gagné, c'est un engagement de chaque instant.

Le refuge de Manganu est le bienvenu, nous pouvons acheter du pain et des aliments essentiels à nos besoins diététiques. Malgré le monde déjà présent à notre arrivée - il y a là l'équipe de France féminine de handball en stage de préparation pour les Jeux Olympiques de Sydney - nous trouvons facilement un matelas à l'intérieur pour passer une nuit confortable.

mercredi 28 juin 2000

7ème étape : Refuge Manganu - Refuge Petra Piana

Longueur totale Dénivelé total positif Dénivelé total négatif Dénivelé absolu9,1 km 770 m 530 m 1300 m

Refuge Manganu - Refuge Petra PianaEtape : Refuge Manganu - Refuge Petra Piana

Lever à 5h30. Je ne sais pas quelle mouche a piqué l'ensemble des occupants du refuge mais tout le monde s'est activé très rapidement. Manu a mal aux pieds comme chaque matin et me propose de marcher doucement pour commencer. Il faut chauffer la mécanique ! Nous gravissons 600 mètres de dénivelé pour passer la brèche de Capitello. 

La brèche de Capitello

La brèche de Capitello

Une montée dans des grosses pierres à part quelques plateaux herbeux que les pieds apprécient à leur juste valeur. Finalement, Manu trouve son rythme de croisière et nous montons assez rapidement. Derrière la brèche, nous découvrons les deux lacs de montagne dans lesquels le soleil se reflète (lac de Capitello et lac de Mélo). 

La brèche de Capitello au centre

La brèche de Capitello au centre

Lacs de Capitello et Melo

Lacs de Capitello et Melo

Nous irons plus loin nous arrêter pour prendre quelques photos en évitant les reflets. Manu casse une sangle importante de son sac à dos, celle qui tient la toile de tente et le karrimat. Heureusement, j'ai une une sangle de secours et nous effectuons la réparation sur place. 

Au dessus du lac Melo

Au-dessus du lac Melo

Il fait beau et chaud et la réverbération solaire est maximum sur les grandes dalles rocheuses sur lesquelles nous progressons. Le GR20 suit une crête rocheuse, nous jonglons avec les sommets entre 2000 et 2200 mètres pas une succession de montées et de descentes de part et d'autre de celle-ci. Ainsi, nous contournons la Punta Alle Porta et la Punta Muzella en passant par trois cols successifs.

Lac Melo (région de Capitello)

Lac Melo (région de Capitello)

Au dernier, le Col de la Haute Route (Bocca Muzzella), j'attends Manu qui est loin derrière moi. Il est vrai que j'ai mis le turbo...Sans bouger, j'ai froid et le vent se lève en soufflant par rafales. Je décide alors de continuer jusqu'au refuge de Petra Piana afin de réserver un lit pour la nuit à venir. Le temps ne s'annonce pas des meilleurs : Quelques nuages menaçants commencent à pointer à l'horizon. Je prépare une soupe et un petit repas improvisé pour Manu que je vois arriver quelques dizaines de minutes plus tard. Je l'ai repéré aux jumelles afin de synchroniser son arrivée avec la soupe chaude, ce qui lui fera naturellement plaisir, malgré le reproche qu'il peut me faire de ne pas l'avoir attendu là-haut, sur les crêtes.

Variante : Monte Rotondo aller-retour depuis le Refuge de Petra Piana

Longueur totale Dénivelé total positif Dénivelé total négatif Dénivelé absolu5,8 km 760 m 760 m 1520 m

Etape : Refuge Petra Piana - Monte Rotondo

Quant à moi, je respire 15 minutes, remets mes chaussures de rando, et décide alors de monter seul à l'assaut du Monte Rotondo (2622 m), l'un des plus hauts sommets Corses. Comme le Monte Cinto, il est dommage de ne pas se laisser tenter par un sommet proche de l'itinéraire du GR20, qui plus est à proximité d'un refuge. Bien entendu, je prends le minimum, juste un peu d'eau et mon petit appareil photo. J'ai observé sur la carte que je pouvais rencontrer un beau et grand lac (Lavu Bellebone) que je pourrai immortaliser en passant ou depuis le sommet. Je ne serai effectivement pas déçu.

Je demande au gardien combien de temps il faut en moyenne pour aller jusqu'au sommet et s'il n'y a pas trop de problème d'itinéraire. Il me précise qu'il faut deux bonnes heures et que le chemin est parfaitement indiqué par de nombreux cairns. Je me trouve en super forme, le fait de ne plus avoir de sac à dos sur les épaules me donne des ailes. Je profite du fait d'être seul pour me rendre la montée sportive, en ayant toujours en tête la référence de deux heures. La cadence très soutenue que je m'impose me permet d'atteindre le sommet en 1 h 20 seulement. Peu avant le sommet, je rencontre un trekker avec qui je termine l'ascension, et à qui je demanderai de bien vouloir prendre une photo souvenir, avec à l'arrière-plan des lacs aux dominantes turquoises. L'un d'eux est encore à demi couvert par un névé.

Je suis ravi d'avoir pu enchaîner une fois de plus un sommet important avec l'étape du jour.Je me sens vraiment entraîné. Je rejoins le refuge de Petra Piana en trottinant, parfois même en courant, en me jouant des pièges pierreux que je rencontre. Je n'ai plus d'eau dans mon bidon mais les sources ne manquent pas. Sans me poser de question, devant la limpidité de cette eau de montagne, je m'abreuve alors goulûment de quelques décilitres avant d'en finir avec cette vertigineuse descente.

Le Monte Rotondo au-dessus des nuages

Le Monte Rotondo au-dessus des nuages

jeudi 29 juin 2000

8ème étape : Refuge Petra Piana - Refuge de l'Onda

Longueur totale Dénivelé total positif Dénivelé total négatif Dénivelé absolu10,7 km 430 m 840 m 1270 m

Refuge Petra Piana - Refuge de l'Onda
Etape : Refuge Petra Piana - Refuge de l'Onda

Aujourd'hui nous décidons de prendre notre temps, non seulement pour éviter la cohue du matin dans le refuge, mais aussi parce que la journée s'annonce belle, malgré le mauvais temps de la veille qui laissait présager une détérioration (nous craignions la pluie).

Aussi, avec le beau temps, nous décidons d'emprunter l'itinéraire classique pour rallier le refuge de l'Onda, c'est-à-dire de ne pas suivre la variante par les crêtes. Le topo nous indique que nous avons d'innombrables possibilités de baignades le long du ruisseau de Manganello.

Au refuge de Petra Piana avant le départ de l'étape

Au refuge de Petra Piana avant le départ de l'étape

Je souffre de quelques courbatures et d'une douleur assez vive au genou droit, vraisemblablement à cause des folies de la veille. Je ne m'inquiète pas plus que ça, même si la descente est très abrupte au départ de Petra Piana. Nous pensions nous arrêter à la bergerie de Gialgo mais nous avons trouvé porte close, sans doute un peu tôt pour le berger ! Après une bonne heure de descente, nous retrouvons un terrain plus clément en pente douce le long du Manganello, dans une immense forêt de pins qui fait penser à celle des Landes. C'est très agréable de se trouver à l'ombre alors que la chaleur du soleil est à son apogée. Sans que nous ne nous y attendions, une petite bergerie croisée sur le chemin fera notre plus grand bonheur : petit repas frais à l'ombre d'une tonnelle. La bergère est un peu "rustique" mais c'est ça la Corse. Nous sommes sidérés devant le travail qu'elle peut abattre, entre le soin des nombreux animaux (mules, chèvres, poules, cheveux) et le service à la clientèle qui s'arrête presque systématiquement. En tous les cas, cette halte s'impose absolument, à mi-parcours de l'étape entre les deux refuges. Nous quittons le ruisseau à l'occasion de la traversée d'une passerelle, en remontant le long d'un de ses affluents, le ruisseau de Grottaccia. Nous profitons plus haut d'une dernière pause pour nous baigner dans une piscine naturelle, après s'être étonnés d'avoir fait une insolite rencontre avec des cochons sauvages, caractéristiques de la Corse dans ses paysages de montagnes et de plaines. Il était temps, c'était la dernière possibilité avant l'arrivée. 

Chute d'eau Près du refuge de l'Onda

Chute d'eau Près du refuge de l'Onda

L'eau est froide mais cette baignade improvisée nous procure soudain un extrême bien-être, et nous donne surtout le coup de fouet final pour terminer la montée en grande pompe. Après avoir remis les chaussures, nous couvrons les deux derniers kilomètres en moins de vingt-cinq minutes même si la pente ne cesse de s'accentuer jusqu'au refuge de l'Onda. Nous avions décidé de bivouaquer une deuxième fois, mais l'arrivée de nuages menaçants et le caractère agressif des montagnes environnantes nous en ont dissuadé fortement. Il est alors plus sage de se contenter d'une ultime nuit au refuge.

vendredi 30 juin 2000

9ème étape : Refuge de l'Onda - Vizzavona (par variante Monte d'Oro et aller retour à la Cascade des Anglais)

Longueur totale Dénivelé total positif Dénivelé total négatif Dénivelé absolu 17,7 km 1050 m 1480 m 2530 m

Refuge de l'Onda - Vizzavona
Etape : Refuge de l'Onda - Vizzavona

Ici la coutume est de se lever tôt. Cette fois, nous réveillons tout le monde. Une demi-heure pour se préparer, le petit déjeuner vite englouti, et nous sommes partis. La veille au soir, au refuge, nous avons fait connaissance avec deux filles qui ont décidé ce matin de faire route avec nous pour cette dernière étape."Pas de problème", leur avons-nous répondu. Nous avons choisi de terminer en beauté : emprunter l'itinéraire par le Monte d'Oro (2400 m) qui constitue une variante du GR20. Pas de temps à perdre, le programme est chargé d'autant plus que nous devons impérativement arriver à la gare de Vizzavona avant 15 h 45, où notre train nous attend pour Bastia. La route est longue mais le temps que nous nous sommes alloué est confortable. Le GR20 nous fait gagner 700 m de dénivelé d'un seul coup. Attaquer par une telle montée n'est pas simple. Les filles ont décidé de partir très vite devant nous, comme si elles voulaient nous prouver quelque chose. Avec Manu, nous laissons faire au début. Elles nous surprennent vraiment, mais nous les rattrapons progressivement quelques hectomètres seulement avant l'arrivée au premier col. Mais quelle montée ! C'est du délire, nous atteignons la Punta Muratello en moins d'une heure. Là, le GR20 se sépare en deux pour offrir la possibilité de rejoindre Vizzavona soit par le sommet du Monte d'Oro, soit par le fond de la vallée en le contournant largement. Comme convenu, nous choisissons la première solution en suivant les points jaunes qui remplacent désormais le balisage blanc et rouge. Il faut être vigilant car ils sont parfois inexistants sur plusieurs centaines de mètres. Mais nous gardons toujours le sommet en ligne de mire, ce qui nous donne notre orientation principale. Après avoir contourné quelques difficultés rocheuses, nous y parvenons assez rapidement car nous sommes au sommet à 10 heures pile, conformément à nos estimations. Nous dépensons ¾ d'heure à nous alimenter en profitant du panorama, le dernier de notre périple.

Au sommet du Monte d'Oro

Au sommet du Monte d'Oro

Vizzavona se trouve plus de 1500 m sous nos pieds. Nous craignons la descente qui, selon le rapprochement des courbes de niveau sur la carte, nous promets encore quelques belles souffrances. Nous avons même du mal à repérer le sentier de départ, très escarpé et dangereux, qui se trouve entre des barres rocheuses sous le sommet. Un calvaire pour les pieds mais nous sommes transcendés et doublement motivés pour arriver au village : un bon bain dans les vasques naturelles de l'Agnone, la Cascade des Anglais, et notre train qui nous attend.

Le timing est respecté, la récompense ne se fait pas attendre : Nous filons tout droit vers une baignade royale. Nos pieds et tout notre corps apprécient. Les deniers hectomètres effectués avec les chaussures de randonnée ne seront que pure banalité.

A la gare, nous avons juste le temps de prendre un verre et déguster une glace, que le train est là, à l'heure prévue. Pas une minute de plus, nous faisons nos adieux à nos compagnes de randonnée d'un jour, retrouvées là - nous les avions laissées descendre tranquillement depuis le sommet - et nous embarquons pour Lucciana, juste avant Bastia. Le voyage est agréable sans les chaussures, il nous permet d'admirer une dernière fois les paysages corses sous une multitude d'autres aspects. Je profite pour réserver un taxi qui nous attendra directement à la gare. Nous lui demanderons de nous conduire à l'aéroport, où nous louerons une voiture. En effet, pour trouver hôtel, restaurants, et belles plages, cette autonomie peut s'avérer extrêmement utile, d'autant plus que nous avons toujours nos énormes sacs à dos avec nous.

Nous trouvons rapidement un hôtel où nous nous installons, puis un bon restaurant à deux pas de la plage, où nous dînerons au bord de la piscine attenante. Un vrai régal.

samedi 1er juillet 2000

Nous avons durement gagné et mérité cette journée de repos que nous pensons utiliser au mieux : Le programme est simple : déplacement dans le charmant village de Saint-Florent qui se trouve de l'autre côté du Cap Corse, visite du port de plaisance, découverte de la Citadelle de Nonza avec sa vue magnifique sur une immense plage de galets noirs, et quelques délicieux moments partagés entre la baignade dans l'eau chaude de la Méditerranée et la sieste sur la plage, allongés comme deux loques que rien ne peux alors perturber.

Bien entendu, nous jouerons aux parfaits petits sudistes en sirotant un apéro sur l'unique terrasse du village, tout en lisant Corse-Matin, le journal local, pour nous tenir au courant des principaux événements sportifs à venir sur notre cher continent.

Plage de Nonza (Cap Corse)

dimanche 2 juillet 2000

Le temps de profiter de la piscine de l'hôtel, nous prendrons un dernier petit déjeûner avant de nous rendre à l'aéroport, tout proche, pour nous envoler directement à destination de Lyon.