Etna

Le 11 septembre

Nous partons à pied de l'hôtel pour la plus longue randonnée de la semaine (22 km, mais seulement 600 m de dénivelé). Nous sommes dans le parc naturel de l'Etna et débutons la marche dans une très belle forêt composée principalement de pins laricio. On y trouve également chênes, chataigniers et hêtres. Nous sortons de la forêt et arrivons dans un paysage complètement différent. Nous sommes à Piano Provenzana, une station de ski du versant nord de l'Etna qui a été entièrement détruite par une coulée de lave en 2002. Seules la route, un parking et quelques chalets ont été reconstruits depuis. La lave est ici de type AA (ou en gratons), c'est une lave visqueuse à écoulement lent qui laisse après refroidissement un chaos de scories sur lequel on ne peut marcher. Le spectacle est impressionnant et on distingue les différents "fleuves" de lave qui ont descendu les pentes de l'Etna. Des arbres morts émergent de ces coulées. Plus loin, on distingue les restes d'un hôtel entièrement recouvert par la lave.

Coulée de laveArbre morthôtel detruitfôret

Nous remontons à côté des coulées en direction de la faille d'où est sortie la lave. Nous distinguons les différents cratères dont certains ne sont pas encore refermés. Par endroit, on ressent encore la chaleur qui sort des entrailles de la terre. Nous continuons en contournant le Monte Nero, un grand cratère créé par une éruption plus ancienne. Nous faisons un arrêt près de la Bottoniera (la boutonière). Cette formation, qui date de 1923, est constituée d'hornitos (un mot espagnol signifiant petit four) qui sont des bouches effusives situées en ligne droite le long d'une faille (d'où l'appellation "boutonnière").

CratèredescenteHornitos 1923hornitos

Nous entrons ensuite dans une jolie forêt de hêtres où nous pique-niquons près d'un refuge. Après la sieste, nous repartons vers une zone de lave pahoehoe ou lave cordée. Cette lave est beaucoup plus fluide qui forme des coussins et une surface plus lisse et régulière que la lave AA. Ce type de lave a aussi la particularité de former des tunnels lors des éruptions. Un tunnel de lave se forme lorsque la lave se refroidit plus rapidement sur ses bords qu'en son centre, formant des berges de lave solidifiée qui se rejoignent. La lave s'écoule alors sur de longues distances car protégée du refroidissement. Nous allons en visiter un : la grotta dei lamponi (la grotte des framboises) ainsi appelée car des plantes (dont les framboisiers) profitent la fraicheur et de l'humidité pour y pousser. Nous marchons quelques dizaines de mètres dans ce tunnel à la lueur des frontales et distinguons les "banquettes" sur les côtés, situées au niveau du flot de lave. Le plafond est constellé de gouttes de lave créées par la surfusion générée par le rayonnement thermique de la coulée.

Lave sèchegrotte des frambroisesgrotte des frambroisesgrotte des frambroises

Nous entamons ensuite le retour vers l'hôtel par une longue piste le long de coulées de lave, puis dans la forêt. Nous dinons et passons la nuit au rifugio Alpino Ragabo.

12 Septembre

De gros camions 4x4 viennent nous chercher à l'hôtel. Aujourd'hui, nous montons au sommet de l'Etna et devons emprunter des pistes, parfois chaotiques, tracées sur les coulées de lave. Nous descendons des véhicules à 3000 m dans la fraicheur matinale, mais sous un beau ciel bleu et un vent faible. Nous commençons à apercevoir le sommet de cet immense volcan qui couvre plus de 1200 km2 et compte plus de 450 cratères. Il est récent à l'échelle géologique (500 000 ans), donc encore très actif (il a connu près de 100 éruptions au XXème siècle). Nous pouvons voir le panache de vapeur qui sort du cratère nord-est derrière lequel le soleil joue à cache-cache. Nous terminons l'ascension à pied et arrivons au milieu des 4 cratères sommitaux. Le cratère nord-est ne peut être gravit car encore trop actif, le cratère central profond de plusieurs centaines de mètres (Ugo y lance un rocher dont nous entendons la chute très longtemps), le nouveau cratère et ses fumerolles et formations de soufre et le cratère sud-est inaccessible de notre position.

Panache de vapeurFumerolles de l'etnaFumerolles de l'etnaFumerolles de l'etna

Ce paysage minéral est d'une beauté saisissante, les vapeurs, fumerolles, odeurs de soufre rendent le tableau surnaturel et presque inquiétant. Nous marchons le long du cratère central puis faisons l'ascension du nouveau cratère jusqu'à 3300 m. Nous apercevons son fond par intermittence selon les caprices du vent et des émanations de vapeurs. Nous contournons le cratère nord-est pour nous diriger vers l'observatoire de l'institut national de géophysique et vulcanologie italien. Nous traversons une zone entièrement recouverte de lapillis, des scories noires issues de l'explosion du cratère nord-est en 2008. La traversée de ces champs noirs est elle aussi très impressionnante. Nous arrivons à l'observatoire où nous prenons notre pique-nique et bénéficions d'une belle vue jusqu'à Piano Provenzana, la mer apparait au fond dans les brumes de chaleur.

Cratère de l'etnaGroupeCratère de l'etnaVue de piano provenzana

Même ici, la vie n'est pas entièrement absente. Nos pouvons observer de nombreuses coccinelles, on ne sais pas vraiment pourquoi elles sont ici aussi présentes, une hypothèse serait qu'elles sont attirées par la présence de soufre. Une libellule visiblement à bout de force vient s'écraser près de moi. Après déjeuner, nous entamons la descente dans les lapillis qui constituent un excellent terrain de jeu (certes très poussièreux) pour qui ose se lancer sur ce terrain en courant. Nous passons à côté de névés qui subsistent en cette fin d'été, isolés par la couche de cendres. Plus bas, des plantes réussissent à vivre dans ce milieu hostile, notamment l'astragalus siculus, un abuste épineux en forme de coussin (pour fakir !).

CoussinsFleursnévélibellule

Plus bas, nous arrivons à Piano Provenzana et retrouvons les coulées de 2002. Malgrè le risque permanent, la station de ski est en train d'être reconstruite, comme en témoigne un télésiège tout neuf. Nous terminons cette magnifique et dernière randonnée en longeant un des bras de la coulée au milieu des arbres blanchis par la chaleur. Malgré tout, la forêt n'a pas entièrement brulé et de nombreux ilots verts tranchent dans le noir des coulées de lave. Après nous être raffraichis, nous retrouvons nos minibus qui nous emmènent vers Catane, la deuxième ville de Sicile, très agitée par de nombreux jeunes de sortie en ce vendredi soir. Nous sommes répartis dans 3 hôtels différents, je passe la nuit au BB Sicilia Inn.

télésiègedescente vers piano provenzanaArbre calcinésArbre calcinés

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