Bamako au Mali

Deux jours et demi plus tard après avoir traversé un vent de sable, franchi une portion de route très dégradée entre Dindane et Ayoun el Atrous, rencontré des Français grognons et quelques beaux paysages nous nous présentons à la frontière du Mali. Si la nature change progressivement au fil des kilomètres il n'en va pas de même pour tout ce qui touche aux hommes: langage bien sûr mais aussi couleur de peau, habitat, habitudes mentalités et comportements.

Nous sommes passés en quelques tours de roues de l'Afrique blanche, arabophone, nomade et réservée à l'Afrique noire,ouverte et souriante, sédentaire avec des villages regroupés, aux langues vernaculaires nombreuses et très vite aussi d'une Afrique d'éleveurs exclusivement à un Afrique d'éleveurs-cultivateurs. Une étape encore et nous voilà plongés dans le chaudron de Bamako. La capitale malienne est au fond d'une cuvette traversée par le Niger entourée de collines, surmontée d'un couvercle grisâtre de pollution; les trottoirs encombrés de marchandises, les rues envahies de milliers de petites motos bruyantes, polluantes et nauséabondes bouillonnent d'une vie trépidante et pourtant détendue... la plupart du temps. La visite du musée de Bamako nous fait entrevoir la complexité d'un monde aux multiples ethnies dans lequel le réel baigne dans l'imaginaire et le sacré. Aujourd'hui encore notre logique cartésienne, notre réalisme ont du mal à s'imposer et cohabitent difficilement avec une mentalité imprégnée de traditions que les religions chrétienne et musulmane qui se disputent les âmes (avec un très large avantage à la seconde) n'ont pas réussi à extirper. Cette complexité peu présente dans la grande ville nous apparaîtra particulièrement au pays Dogon. Le marché rose et le marché artisanal valent qu'on s'y attarde, l'un pour son pittoresque, l'autre pour les très beaux objets qu'on peut y voir.

Au camping nous sommes souvent sollicités par les marchands de souvenirs, les organisateurs de sorties en pirogue et les guides. Nous y faisons la connaissance de Boubakary qui nous fera découvrir quelques jours plus tard les merveilles du pays Dogon. C'est à Bamako enfin que la chaleur nous tombe sur les épaules.

Le Niger à Bamako au coucher du soleilLe marché rose de Bamako