Le Mali, terres arides

Destination Mali pour Nicolas Pautrat et son amie, Marine.

Intro

SANS PAPIERS

Le train clandestin continue sans moi à partir de Kayes, la première grande ville, sur ordre d’une enflure de chef de gare raciste. Dès fois que j’sois un journaliste, on sait jamais, c’est pas très catholique tout ça ! Maintenant, comment joindre Bamako sans un contrôle de police ? Les papiers pas en règle, ça peut coûter cher…

Un train clandestin

Un bus réussit cet exploit. Bien fracas après presque une nouvelle journée à rouler, je me retrouvai sous le soleil de la capitale, paumé et déconcerté par la folie ambiante, l'agitation, le bordel, le bruit. J'ai perdu le numéro d'une relation en ville, ce soir pas de joli dodo pour me réconforter de ces 48 heures de déplacements. Alors pour tout le reste, on verra demain. Segou, dimanche 16 mars 2008 Au petit réveil des grandes villes africaines, dérangé par la circulation et le soleil ardent, je choisis ma priorité : le ministère de la Sécurité et de la protection civile: « Bonjour, je suis entré illégalement dans votre pays, pourrais-je avoir un visa ? - Bien sûr, c'est 15 000 Francs CFA pour trois mois (20E) » me répond-elle (normalement le visa est au même prix pour un mois seulement à la frontière ! Quelle bonne affaire !). Heureux d'avoir réglé ça, je pars en direction du CCF, le Centre culturel français. Là-bas, je tente de me renseigner sur un endroit pas cher où dormir, gavé par les nuits à l'arrache de l'Afrique, un peu de sommeil et une bonne douche ne me feront que du bien.

UN PEU DE CALME

J'arrive donc à la Mission catholique où je rencontre sœur Solange, une petite dame au grand cœur qui n'a point peur de choquer les gens par sa simplicité, son franc-parler et son « rentre-dedans », une femme comme je les aime ! Cinq jours extra : comas sur un lit disposé dans la cour (afin de payer moitié prix), découverte de Bamako dans tous les sens, rencontres de gentils toubabs à la Mission, business avec un vendeur de bogolan et repas à l'œil en cuisinant pour un vieil Américain en manque de nouvelles expériences africaines (très gentil cet homme d'ailleurs !).

Sachant que je manque un peu d'argent, une de mes connaissances me trouve une petite publicité à tourner pour la télé, 10 secondes de fausse interview où je me fais passer pour l'associé d'un journal de pronostics de courses de chevaux dont je vante les mérites. Pour l'occasion, je suis bien sapé, bien coiffé, j'évite de sourire réellement afin de ne pas montrer ma dent cassée et cache mes bracelets et grigris histoire de faire le vrai toubab, bien sûr. ET…… PAF ! 35 000 Francs CFA (50E) en poche, moins 15 000 CFA (20E) pour mon intermédiaire ! Me voila à la telé malienne !

LA COLLINE DE L'ESPOIR

Je rencontre ensuite un rasta, Ledieuduçoleil (de son nom officiel) qui m'attire chez lui à Lassa, sur uneGotha des trois collines qui entourent la ville, la colline de l'Espoir – les deux autres étant les collines du Pouvoir et du Savoir, celle du palais présidentiel et celle de l'université. J'en avais déjà entendu parler le premier soir par d'autres hommes aux dreads pendantes ! Pour Lassa, un taxi c'est 1000 Francs (1,50E), et il vous dépose juste devant un petit bar en paille avec un énorme drapeau vert-jaune-rouge. Chez Gotha (à côté du « Coffee shop »), la musique ne cesse pas au milieu de dizaines de rastas colorés : me voila arrivé chez moi ! Durant plus d’une semaine sur la colline, en grande partie chez Ledieu et son frère Tombéduçiel, je m’en vais vadrouiller dans pas mal de cases du coin à faire la fête tous les soirs avec Yégué, Bawa et les autres. Le jour, je glande.

Décidé à ne pas faire que cela, je me lance dans l’artisanat traditionnel du cuir avec Youssouf et Céline et me découvre des talents cachés dans cela aussi. Céline, c’est une Française qui a monté l’association Soleil d’Afrique, pour le développement de l’artisanat africain. D’ailleurs elle propose des prix extraordinaires pour des stages d’une semaine chez des artisans maliens ou burkinabés. Tout en attendant là-bas avec impatience ma petite Marine (rencontrée au Sénégal) pour faire un bout de chemin avec elle, je prends mon temps et vis ma vie jour après jour sans me soucier du lendemain.

A Lassa, je tombe sur deux Français, David et Michael, qui tripent en cametar et finissent par s’installer aussi pour deux jours chez Ledieu. Marine débarque à son tour du Sénégal et nous passons la prendre en camion. Retour à Lassa à l'arrière de l’engin, sur la terrasse, moment fabuleux à discuter avec tous les motards et voitures nous suivant… la fine équipe se préparait. Nos deux compagnons, qui étaient au Maroc juste avant, nous ont apporté un joli cadeau;! Un tagine au goût extraordinaire, relevé par l’huile d’olive marocaine, ainsi que le pain cuit sous la braise comme j’en parle dans la page Maroc, un exquis régal pour les papilles

Partis de chez Ledieuduçoleil, nous passâmes encore quelques jours ensemble, dormant entre deux camions (dont celui de leurs potes avec la tite Sophie, une gentille keupone avec qui Marine et moi nous entendions beaucoup) sur les terrains vagues de Lassa.

Village

De temps en temps, nous nous tapions des petites motives en direction de la source où les magiques manguiers vous emmènent dans un lieu de nature mystique - et où, bien sûr, les femmes passent leurs journées à laver le linge. Nos routes se séparèrent et après une nuit à la source avec Marine, direction Segou où nous avions le contact d'un ami rencontré au Sénégal.

CHEZ LE GRAND HOGON

Un nouveau lever de soleil, et nous allâmes prendre un bus. 3000 Francs CFA le transport pour Segou, c'était reparti ! Une fois sortis de la fournaise du bus, nous appelons notre contact : « j'envoie mon frère, il passe vous prendre » (chose pour moi incroyable en Afrique, le premier que je rencontre avec une voiture). Et il nous dépose à son agence de voyage. Je ne me souvenais plus de son boulot, mais compris vite… (Jusqu'à 150E par jour en pleine saison, il vit bien le petit… ET POURTANT, IL RESTE EXTRAORDINAIREMENT GENTIL !!!) Cet homme prodigieux, « Mamoutou le grand Hogon », nous invita dans sa maison sans nous demander le moindre sou, il passa la soirée à nous expliquer les histoires et le fonctionnement de son peuple, LES DOGONS, un enseignement magnifique qui m'emplit de rêves sauvages ! Chez lui, du grand balcon, une curieuse impression d'être en France, quand on regarde les gens sans qu'ils ne s'en aperçoivent… mais cette fois-ci en plein Mali, au-dessus du marché nous observons les Africains vivre leurs vies sans se soucier de nous et de notre présence au milieu d'eux… sensation très nouvelle et étrange ! Après quelques jours, au moins trois, nous déménageâmes à l'africaine, sur un coup de tête de Mamoutou, jusqu'à une autre maison un peu plus loin en ville et encore plus près du fleuve (de quoi aiguiser notre envie).

Le marché

Encore une nuit chez Mamoutou, mais l'appel du Niger, ce fleuve grandiose qui regorge de beautés secrètes et de verdure, ne nous permit pas de rester un jour de plus enfermés entre quatre murs !

Site Internet de l'auteur : http://afrikaroots.uniterre.com