Tulum selon Christophe

Lundi 13 mars : Tulum

La mer est agitée, mais les clubs de plongée ont fait pression pour lever l’interdiction du port de sortir en mer. Bilan : trois personnes malades sur huit plongeurs, inutile de vous dire que les poissons ont été bien nourris…
Le site à découvrir aujourd’hui s’appelle Tortuga, et comme son nom l’indique on peut y voir des…tortues.  Soit plus d’une quinzaine au total, ainsi que trois belles raies. Une fois sous la houle, comme on dit par ici, un buceo de puta madre !! (qui ne signifie pas ce que la traduction litérale laisserait entendre...)

La route côtière vers Tulum est une succession de complexes hôteliers plus gigantesques les uns que les autres, certains pouvant accueillir jusqu'à 3000 touristes! Certes on ne voit pas grand-chose du Mexique quand on descend ici pour une semaine, mais pour se reposer d’une vie stressante à  l’occidentale, c’est la formule idéale dans un cadre de rêve. Et finalement, le Yucatan réussit son pari en conciliant les différentes formules: entre Cancun et Playa, c’est fiestas a gogo ; en descendant sur Tulum familial et relaxant ; et au sud, des plages désertes et des infrastructures un peu plus roots. Pourvu que les premiers n’avalent pas le troisième…
J’arrive le soir et après une heure de marche avec tout mon barda, je me pose directement sur la plage, à « El mirador »

Sophie sur la plage

La vue sur la plage et les cocotiers est superbe, par contre, le confort de la « cabaña » en bois est plutôt spartiate : le vent fait claquer la porte tenue par une simple cordelette et siffle a travers les rondins de bois. J’installe mon hamac a cote de ceux de Tony, new-yorkais échoué ici depuis quelques mois, et Franck, un allemand qui vient de quitter son job pour des vacances prolongées. Quelques canettes et conserves de « frijoles » gisent ci et la, entre les noix de coco fendues et les monticules de sable, mais le panorama idyllique et les senteurs marines me font vite oublier ces petits déchets. La mer n’est qu’à quelques mètres, je me laisse bercer par le resac tandis que la fatigue de mes dernières plongées m’achèvent dans mon confortable hamac.

Mardi 14 mars : Mr Bean…

Levé avec la lumière du jour, p’tit dej sur la plage déserte. Je réussis à m’arracher de ce spot de farniente idéal pour aller visiter le site de Coba. J’ai besoin de me changer les idées, et quoi de mieux qu’une bonne vieille citée maya a quelques heures de route.Sieste sur la plage

Encore enfouie sous la jungle, on se prend a jouer les Indiana Jones en s’aventurant sur les sentiers qui se perdent profondément dans la foret. A la sortie du site, je découvre deux crocodiles bronzant au soleil, je comprends a présent pourquoi personne ne se baignait dans le lac malgré la chaleur étouffante.
Ce soir c’est full moon party sur la plage, mais avec Franck, on est plutôt d’humeur « discute » autour d’une bonne boite de frijoles, allongés dans nos hamacs. Et les fayots, ça crée des liens, il part demain pour le Belize et nous décidons de nous retrouver au Guatemala pour faire un bout de route ensemble.

Mercredi 15 mars : Linda Angelita

Ceux qui me connaisse auront sans doute émis quelques réserves sur la fin du chapitre précédent. Je dois reconnaître que je n’ai pas sacrifié la full moon party uniquement a cause de la soirée frijoles et sur l’autel de la chère union franco allemande, mais surtout parce que deux belles plongées en cénote m’attendaient ce matin, notamment Angelita. On descend dans un puit de 60 m jusqu'à 40/45m. Le côté exceptionnel de cette plongée réside dans la couche de souffre délimitant l’eau douce de l’eau salée, plus dense. En approchant les 30/35m, on découvre un manteau neigeux, et des « brumes liquides » enveloppant les arbres morts venus se perdre dans ces profondeurs. Le spectacle est saisissant. Malgré nos lampes, nos corps disparaissent dans cette couche opaque pour resurgir quelques mètres plus bas dans l’eau salée, avec à nouveau une visibilité correcte. A la remontée, on s’imagine dans un film d’horreur de 2eme partie de soirée sur M6, nos silhouettes renaissant des brumes de l’inframundo maya.

De retour al mirador, je profite de ma plage de rêve pendant l’après midi, la mer descend tout doucementsans laisser la moindre trace, je m’assoupis...

Jeudi 16 mars : Coquillages et crustacés…

Petit footing aux aurores le long de la plage au milieu de quelque touristes faisant leur gym, leur yoga ou savourant une saine lecture matinale. Mon bus pour la frontière part très tôt le lendemain matin, je déménage donc à regret pour une guest en ville en fin d’après midi. Un festival maya célébrant la récolte du maïs se tient en ce moment en ville, ce sera l’occasion d’aller taper quelques pas de danses. J’en profite pour sympathiser avec un prof de salsa avec qui nous échangerons musiques et vidéos. Chevere !

Vendredi 17 mars : Chetumal

Bus pour Chetumal, ville sans charme proche de la frontière du Belize. Je rencontre Lisa, jeune hollandaise de 18 ans. Avant de s’attaquer a des études de psy, elle a décidé de fêter en solo son « baccalauréat » en Amérique centrale pendant quelques mois. Nous ferons la route ensemble jusqu'à Flores au Guatemala.

Samedi 18 mars : Mexique-Belize-Guatemala

Apres 2 mois, l'aventure mexicaine touche a sa fin. On traverse la frontière avec un racket réglementaire de 100 pesos, dernier souvenir d’un pays réputé autant pour sa tequila que pour sa corruption. En accostant le Belize, le contraste est saisissant, on a presque l’impression de changer de continent : la langue de Shakespeare a triomphé de celle de Don Quijotte, les peaux se sont noircies avec l’arrivée d’esclave jamaïcains au XVII eme siècle, et la culture Garifuna dégouline dans toute les rues. Histoire de mettre les choses vraiment au clair, à peine passé la frontière, le chauffeur troque sa cassette de salsa contre une compile de reggae. No woman no cry… Un peu plus tard, quel ne fut pas ma surprise de voir monter dans le bus trois couples blancs, la cinquantaine, coiffés de chapeau de paille, arborant tous chemise à carreaux et salopettes à larges bretelles. Quant aux femmes, elles portent avec allure les dernières robes printemps/été, collection « la petite maison dans la prairie ». J’appris par la suite qu’il s’agissait des mormons du Belize, les mennotites. Leurs grands-grands-grands…parents ont quitté l’Allemagne au XVIeme siècle pour revenir a un protestantisme plus pur. Ils vivent maintenant quasiment en autarcie. Le dépaysement sera de courte durée puisque, quelques heures plus tard, nous quittons cet îlot de langue anglaise pour retrouver une terre hispanique, le Guatemala. Apparemment, plus que la langue, l’identité commune a ces pays hispanophones d’Amérique centrale semble être la corruption : comme au Mexique, le douanier essaye de nous soutirer quelques dollars. Faut pas pousser le bouchon (ni mémère dans les orties !), cette fois, je gueule : demande de reçu, discours classique « je suis déjà passe la semaine dernière j’avais rien paye, ça fait 5 ans que je fais des aller retours entre les deux pays » etc… finalement j’obtiens mon coup de tampon, « gracias, muy amable señor ».