Tornio

Mardi 8 juin

Soleil, toute la nuit, ce matin persistance de beau temps.
Le robinet fuit et la fuite se répercute dehors. Jeannot est très soucieux. Dire qu’on croyait ne pas avoir d’ennuis avec un véhicule neuf, c’est raté !…Nous avons changé de place plusieurs fois et maintenant on est au milieu du chemin  où passent les voitures en nous envoyant la poussière que leurs roues soulèvent.

Hier au soir un camion muni d’un climatiseur a fonctionné pendant…longtemps. Ce matin tout le monde dort attendant 9 heures, l’ouverture des boutiques, tout comme nous.

lucie                     

Jeannot se plaint des côtes, de la barre du cou, des jambes et je crois bien malgré ça qu’il voudrait pousser notre voyage jusqu’à Saint Pétersbourg, malgré tous les déboires et les difficultés linguistiques de plus en plus difficiles à assumer.

Je lui ai fait remettre ça à une autre fois, ce qui est plus raisonnable. On erre donc à travers le village du Père Noël, on saute la ligne du cercle polaire, puis on va voir l’arbre aux directions  qui oriente nos pensées vers ailleurs, sans souci des distances impressionnantes.

Mais quittons Rovaniémi. L’église à bulbe est celle de Tornio, ville frontière entre la Finlande et la Suède, la suivante est Haparanda.

Donc on reprend la route nomade, entre une taïga archi verdoyante. En toile de fond s’élèvent les conifères vert foncé et en bordure les bouleaux au port de peupliers, fûts blancs et feuilles vert tendre.

gloriette Prenant la route de Suède, il faut penser à changer les euros en KS, problème que l ‘on a oublié en Finlande. Il faut désormais recommencer.
Peu de monde ici aussi, on se demande bien avec combien de têtes de pipes ont-ils peuplé ces 4 pays scandinaves ?
Chaque aire de repos nous réserve son lot de surprises. Il y a ici, une barque, une caravane, un chalet  toutes portes ouvertes et des tables sous une sorte de gloriette ronde en bois verni. Dans une solitude totale, c’est le point de départ pour des promenades… par beau temps.
Ainsi, nous entamons le nouvel itinéraire qui inclut la Trollstigen ratée au départ pour cause de route enneigée. Tant il est vrai que les meilleurs parcours passent toujours du côté de la fantaisie….Ainsi nous devrons parcourir des kilomètres et traverser le pays dans toute sa largeur.

Sur cette route-là, il faut rouler sans espoir d’arrêt car il n’y a pas d’aire, seulement des petits accotements au ras d’une circulation incroyable. Mais on en a trouvé une à Savar. Nous sommes les seuls au départ puis elle se remplit de gens qui viennent pique-niquer sur les tables en bois marron, avec leurs parasols.

On va reprendre la route pour Uméa  et…vogue la galère !

Après Uméa On rencontre une route qui dessert plein de villes aux noms royaux : Frédérika, Dorothéa, Wilhelmine, Carolyn et Ann. Ces dames venaient elles chercher ici, l’oubli de leur condition?

A Anselé, érigé sur le fjord un superbe Mikado de grosses bûches semble glorifier cette matière première, après tout aussi noble que le pétrole et si utile elle aussi.

mikado

 

Jeudi 10 juin

L’aire de repos est située en plein dans le village de Dorothéa. On est au bord du lac formé par le fleuve Ormsjon. Le terrain de sport est tout à côté, mais on n’a eu aucun problème, personne ne nous a adressé la  parole,  on n’a pas eu à répondre… J’ai filmé à deux heures de la nuit (donc minuit) un beau soleil rouge sur la nuit blanche. Ce matin quelques gouttes pour chasser les nuages. Jeannot a réussi à avoir un poste Français victoire ! On part.

Il faut faire quelques provisions au supermarché de Krokom  qui s’appelle ICA. Nous avons acheté du « skivad » et on a pensé traduire par « porc » mais mon lexique n’en fait pas mention. A la cuisson je pense que c’est bien ça, le goût le confirme. . Ainsi à tâtons on apprend la vie de tous les jours

A travers les jolis paysages de la Norvège centrale où le printemps est arrivé nous poursuivons la route vers Trondheim puis vers la Trollstigen.

A Trondheim les travaux occupent toutes les plus importantes artères et à cause des déviations nous font perdre nos chemins de camping. Nous en adoptons un autre loin de l’agglomération, mais la gérante nous  accepte sans aucun empressement. Les gens sont ainsi, un peu rudes, secs, pas si sympas que ça, imbus de leur pays dont ils brandissent le drapeau à tout va, dans leur maison de campagne, leur caravane, en joignant s’ils le peuvent le drapeau Britannique qu’ils imitent et celui de l’Allemagne qu’ils reçoivent allègrement, après été en guerre effrénée avec ce pays. Mais je pense que la fatigue sur la fin du voyage est responsable d’une partie de cette aigreur. Demain nous continuons la route vers la Trollstigen.

 

Vendredi 11 juin

Camping des caravanes, je ne sais où route E 39 à Trondheim.
Nous avons donc réintégré le Telemark par une de ces belles journées de printemps, avec au loin les cimes
encore enneigées des montagnes qui avec les fjords se partagent le territoire.  Les bouleaux blancs aux feuilles
d’un vert si tendre se reflétant dans les eaux claires de petites plages, un rien caillouteuses.  Des enfants
préparent une baignade, les pieds dans les plaques de neige, toujours un peu présente.

cascade

La très jolie église à huit côtés de Vinjenous procure l’occasion d’une visite et d’un réapprovisionnement d’eau dans le cimetière attenant. Sur le versant sud de la colline, surprise !… Des champs de fraises à perte de vue. Tout en haut face à un paysage grandiose, vit un village de deux ou trois maisons de bois, aux fenêtres habillées de jolis rideaux brise bise. Comme toujours on ne voit personne, mais on découvre à l’entrée deux mignonnes boites aux lettres décorées de fleurs peintes à la main. Charmante attention pour le messager qui ne peut qu’apprécier le geste.

église

Nous avons encore une traversée, celle de Halsa vers Kanestrau, faite à l’aller dans l’autre sens. Cet itinéraire est fait de contournements, de petites routes, de tunnels, mais on ne peut l’éviter et dans la soirée on joint Andaslnes, point de départ de la route mythique des Trolls.  On occupe une superbe aire publique bordée de lupins, en camaïeu de violet, du clair au plus fondé presque noir, avec des touches de rose et de blanc. Ils ont poussé là sauvagement ainsi que sur les bords de route, car le temps frais et humide leur convient à merveille, leur prolifération en est la preuve. Depuis cette aire choisie pour la nuit, on découvre le mur des Trolls, composé d’une dizaine de pics pointus, enneigés où se joue le soleil. On ne peut rêver plus merveilleux panorama. Sur l’autre rive du fjord, un petit village aux maisons carrées de toutes couleurs où éclaboussent les jaunes, double son image en se mirant dans l’eau. C’est magnifique !…

Photos et films à profusion, que l’on voudrait compléter par le soleil de minuit sur ce site fabuleux. Mais le sommeil va nous terrasser, jusqu’au matin.

 

Samedi 12 juin

Aire  du bord du fjord, face aux pics
Départ vers 9 heures 30 .Il y a des nuages d’ambiance sur les sommets, mais beau soleil en perspective. Dans la presqu’île de Roeldven, vers laquelle nous dérivons, il y a seulement quelques habitants et deux églises : l’une contemporaine blanche à toit rouge, l ‘autre en bois debout étayée de toutes parts, en projet de restauration. Pléthore de drapeaux dans les cours des fermes, couleurs hissées ou non suivant  la présence des occupants.

Nous faisons donc la route pour la troisième fois, mais dans le sens inverse des années précédentes : Andaslnes vers Valdall. Nous avons reconnu certains sites à grand peine, car ils sont ensoleillés aujourd’hui, alors qu’on avait circulé entre des murs de neige. Le charme n’est pas le même, mais c’est tout de même très beau. Nous rencontrons quelques voitures, des campings cars et des bus en goguette. Et puis, les magnifiques échappées sur la route des Trolls. Les embruns annoncent la cascade de Stigfossen qui tombe d’une hauteur de 180 mètres, saute sur les rochers, passe sous le pont et rejoint la vallée dans un fracas épouvantable. Enroulée autour de la montagne, cette route  fut creusée à même le roc. Elle est composée de onze lacets en épingles à cheveux  où il est difficile de se croiser. Nous avons rejoint le belvédère, pour voir la cascade de pied en cap, c’est là que se tiennent quelques «  fellstrue «  appellation de magasins qui proposent toutes sortes d’objets, cartes postales et livrets documentaires très utiles. Il s’agit maintenant de redescendre vers Valdall.

aireDès à présent on tourne le dos aux Trolls et atteignons Valdall dans la soirée. Nous stationnons sur le quai, prévu à cet effet, avec d’autres camping-cars. C’est un beau parking, près du syndicat d’initiatives et du trafic du fjord. Autour de nous, les imposantes montagnes de rocs noirs font de cette petite ville un site grandiose.

Jeannot manipule le téléphone : clic, clic ! C’est horripilant. J’aimerais bien qu’il réussisse son opération, pour regonfler son moral et surtout pour entendre parler nos petits…Moral proche de l’Ohio …

Notre voisin de stationnement est Belge, il visite les mêmes sites que nous et se plaint de la vie chère. Il attend demain pour aller se baigner dans une piscine chauffée…Mince ! Nous lui laissons la place.

 

Dimanche 13 juin

Au matin, plusieurs autres voyageurs sont venus et des jeunes du pays cuvent leur bière hebdomadaire en disant des bêtises, pendant que d’autres finissent leur nuit dans leur voiture. C’est curieux ce déchaînement pendant le week end, ce besoin absolu d’enfreindre la loi et la simple prudence…

Faisant le tour de la magnifique place de Valdall on admire le site dans lequel la ville s’est implantée. C’est d’une beauté absolue !…

vallée Le Touriskontor  n’ouvre le bureau d’initiatives qu’à 10 heures, du coup on vient de décider de refaire la Trollstigen à l’envers, pour reprendre la route 136 avant Andaslnes et descendre vers Lillehamer.

Revoir les lacets de la route de haut en bas nous fait prendre conscience du travail de Titan que les Norvégiens ont accompli pour désenclaver les vallées auparavant seulement  reliées par un sentier muletier. La montée se fait dans un carrousel de cascades et de torrents. De l’eau ? Il y en a partout, giclante jaillissante, s’engouffrant sous des roches à grand bruit, on ne se lasse pas. La mousse glissante couvre les chemins d’accès, humides d’embruns, il ne faut pas quitter ses pieds des yeux.

Trollvegen est une paroi verticale de mille mètres de haut, dont l’ascension passe pour être la plus difficile du monde elle  attire l’été plein de varappeurs. Le parapente qui s’y pratiquait autrefois fut interdit à cause d’accidents mortels provoqués par les vents ascendants.

Nous avons rencontré sur ces différents sites quelques bus de Français et échangé des impressions. Pour la plupart, ils font Toulouse ou Paris, Oslo par avion, puis sont pris en charge par des autocars Norvégiens. Ils semblent ravis de leur séjour.

Cascades et torrents longent notre route : Il y a celle de Rauma, et celle de Slettafossen. Que d’eau dans ce pays !…

église en bois Il est impossible de trouver des aires à dormir sur cette route où pullulent les campings fermés. Il n’y a rien d’autre que le parking de Hundorp sur lequel on a soupé. Las ! Il est le théâtre des exploits automobiles des fondus du coin qui se défoulent dès le vendredi jusqu’au dimanche soir. Nous pensons qu’il est risqué de rester là et nous décampons.

L’aire de l’information à Ringebu va faire notre affaire. Nous allons dormir près de la gare et des tonnes de bûches qui vont partir en voyage.

 Retournons vers Hundorp voir la curieuse église à six côtés, édifiée au XVII e siècle. Elle est si blanche que sa restauration ne fait pas de doute. Coiffée d’un double clocheton, elle est dédiée à saint André.

Puis visite à l’église en bois debout de Ringebu du XIIe siècle, dédiée à saint Laurent. Les toits en écailles de bois, la flèche pointue sont les reflets de l’architecture commune à toutes les églises en bois debout de la Norvège. Le cimetière, quant à lui, est l’objet de travaux champêtres de grande envergure. On s’efforce de le visiter entre deux jets d’eau.

cimetiere