Niokolo Koba

LE LION

Sur la route, je veux m'arrêter au Niokolo Koba, le plus grand parc du Sénégal.Un ex-militaire m'accueille une nuit chez lui à Tambacounda. Au matin, je sors de la ville pour arrêter un camion au poste de police, sorte de péage. Le premier véhicule ne me fait avancer que de quelques kilomètres. Je mange un bout dans la toute petite ville et je tombe sur le 4x4 de Pierre et Laura. Ils viennent de Kedougou, plus au sud, et Pierre a été guide dans la région. Ils me lâchent à Dar Salam, l'entrée du parc.

La carte du parcl'entrée du parc

Des guides boivent le thé en jouant au jeu de dames local sur un damier de bois improvisé. Je m'assois avec eux et leur dépeins mon désir profond de visiter le Niokolo et mes petits moyens financiers. Près de nous, trois femmes pilent le grain et se mettent à chanter au rythme des coups. Derrière les cases des guides, une femme et un homme allument un feu qui doit dévorer les herbes sèches, j'ai déjà vu ça plusieurs fois. Contrôlées mais impressionnantes, les flammes se propagent sur des dizaines de mètres et montent à 1 mètre 50.

Feu volontaire

Comment entrer dans le parc ? Une occasion finira bien par se présenter, demain. Pour la nuit, un banc me tend les bras dans la cour des guides. J'avais deviné juste, en fin de matinée, un 4x4 va ravitailler le campement du Lion, dans le centre-ouest du parc. On me prévient juste que l'accès est si contrôlé et réglementé que je ne pourrai pas durer. Debout à l'arrière du pick-up, à l'air libre, je fais la conversation aux écureuils, biches, antilopes, singes et oiseaux aux magnifiques couleurs. Le campement du Lion est logé en pleine forêt, ses petites cases longent le fleuve Gambie : un lieu fort joli.

Les cases des guides

Le chef de campement profite d'une petite balade au bord de l'eau pour me montrer troupe de babouins et leurs nids perchés dans les arbres et une pognée de crocos qui se faisaient dorer les écailles à quelques mètres de moi - et pas un barreau entre nous ! Ca fait du bien. C'est avec le boulanger menuisier que j'ai maté trois hippopotames qui prenaient leur bain. Aucune pudeur, le petit PAF n'en revient pas !

Le menuisier

Après le repas, moment de calme, j'ai tout mon temps pour faire le thé africain, les trois en fait : « Amer comme la mort, doux comme la vie, sucré comme l'amour ». « L'odeur du thé se mêlait à celle des plantes de la forêt, un parfum enivrant nous envoûtait, nous extasiait, nous ravissait. »

Le guide du parcLe guide du parcLe guide du parc

L'après midi je reprends le goudron à Dar Salam vers Kedougou, la dernière ville avant les frontières du Mali et de la Guinée Conakry, à l'extrême sud-est du Sénégal. Colca, un chauffeur débarrassé de ses deux touristes allait dans le même sens. Au début de la nationale qui divise le parc, quelques babouins étaient assis là, tranquilles. Plus loin, dans un petit coin d'herbe sans arbre, une cinquantaine de singes de plusieurs races - pfiou ! Et TOUT A COUP, à peine à une dizaine de mètres de nous, UN LION ! Rencontre rare, curieuse coïncidence : les Baye Fall m'ont baptisé Gaindé Fall, l'Homme lion, et c'est mon nom sénégalais depuis. Fascinés par ses courbes musclées, sa puissance imposante, nous approchons à pas de loup, tout près - il était à moins de deux mètres maintenant. Photo, instant immortel.

Un lion

Je n'avais pas fini de m'émerveiller. Au poste de garde de Niokolo Koba, des dizaines de petits singes voleurs vivent en communauté avec les militaires

Singes

KEDOUGOU

A Kedougou, Colca pensa que je dénicherais un plan pour dormir si je passais chez Moïse, une auberge. Longs échanges avec petit couple rasta d'Espagnols, dans leur langue, bien sûr, ils étaient si beaux tous les deux. Puis Pape fait son entrée, c'est le frère du patron, il est un peu fou mais content de tomber sur moi et de m'héberger, tout près d'ici, aussi longtemps que je voudrai. C'est comme ça que je suis devenu le fort grand ami des petites voisines. Je ris à chaque fois que je me souviens de l'une d'elles, qui s'est postée devant moi un jour d'un air décidé, m'a serré la main d'une poigne de fer et a crié en regardant droit devant elle : « Ca va bien ? Bien bien bien bien bien ? »

Nicolas à Kedougou

Je suis donc chez Pape et avant le Mali, je veux encore atteindre les cascades de Dindefello, dans la brousse à une vingtaine de bornes.

La brousse

Trois ou quatre jours me suffisent pour saturer de la folie et de l'alcoolisme de Pape. Je dois coucher ailleurs. Je ne reste pas SDF longtemps, Marine, une amoureuse de la photographie qui a plein de choses à raconter, a un lit de trop dans sa chambre chez Moïse. Je m'installe et petit à petit, discerne sa façon de sillonner les parcelles d'Afrique, l'appareil photo à l'affût des couleurs du monde, elle tente de réaliser son rêve, vivre de son art.

Après un tour avec Marine dans un village où on nous a offert des pains de singe (fruits du baobab), je me lance dans une création artisanale : fabriquer des boîtes avec (une idée à elle).

VillageLe ménage

Nouvelle virée en brousse, au coupe-coupe cette fois, escalade, hautes herbes, taillis touffus. Ici, je suis le seul à avoir foulé les petits espaces de verdure, le seul à arpenter la montagne comme ça et à observer sa flore. Quel enseignement ! Ma folle escapade en nature s'arrête à Bandafassi, à 15 kilomètres de Kedougou, où je retrouve Marine et me calle 3 jours tranquille.

Un taillisDans la fôret

Nous nous re-posons encore à Kedougou : sans qu'on s'en rende compte, au fil de rencontres passionnantes et d'amitiés toutes neuves, deux semaines ont passé.

La radio

Site Internet de l'auteur : http://afrikaroots.uniterre.com