Perdu, et pas de fil...

barque de pêcheurLundi 22 juin, levé de bonne heure. Au départ, à la fontaine du square ombragé où les oiseaux s'en donnent à coeur joie. Le petit gâteau à la pâtisserie où la dame m'a offert un chocolat glacé et hop c'est parti sur la grande route. Il n'y a que cela mais une large bande cyclable permet d'être en toute sécurité et à 30 km heure sans problème car c'est plat comme la mer d'huile tout prés qui ressemble à un lac. Quelques barques de pêcheurs, des lauriers roses. J'en sors pour une petite route qui serpente dans une vallée d'oliviers à perte de vue que je remonte. À croire qu'ils ne poussent que ça. Pas un chat sur cette petite route. Et la question existentielle de tout cyclo. Où on va ? me revient à l'esprit. Je fais des signes en vain. Enfin, quelqu'un s'arrête à un oratoire où il veut, je crois, remplacer la bougie. Larissa, Larisa. Il m'indique le village perché de Peslagia où je fais une halte : thé, gâteaux secs au supermarché. Je demande ma route au café. Route nationale à droite, me confirma un vieux monsieur. Je ne sais pas si après cela, la discussion animée en grec entre les clients sur cette terrasse à l'ombre n'a pas lancé une polémique sur la bonne route à suivre. Évidemment, le début est simple mais ensuite tous les panneaux indique Larissa par autoroute. Du coup, je me paume sur une route sans issue. Demi-tour, je demande à deux gars visiblement employés de l'autoroute entraîne qu'escompter à l'ombre. C'est Marco et Gaz ! Encore des Larisa Larissa. Ca a l'air facile mais ce n'est pas si simple pour moi. J'y arrive quand même sur une route casse-pattes montée descentes puis... Sans issue à nouveau. Demi-tour, il faut remonter. Je trouve un panneau de Thessalonique on the special road. En effet, pour être spécial, c'est spécial. Un peu plus vert maintenant : du blé et de la luzerne. Arrêt jet d'eau. Ça fait du bien ce brumisateur. Almiros, Almiros comme une incantation d'un monsieur qui me propose sa source. À Mikrotheves, je me paume encore après qu'on m'ait escorté en scooter à Almiros ! Du coup, je rentre sur l'autoroute et la suit jusqu'à Stefanavikio. Tout au long, pas marrant, la route parallèle que je cherchais qui me nargue tout à côté. Je la trouve enfin à Stefanavikio. Bon vent de dos. Le jour où j'ai failli périr carbonisé, pourrait s'intituler l'épisode suivant. Une grosse fumée noire s'élève au carrefour. Je m'engage hélas ce sont des flammes hautes attisées par un vent violent et les herbes sèches qui viennent et s'élèvent au bord de la route. Si jamais, le vent se tourne, je suis bon pour finir en poulet rôti. Je m'écarte et ça passe. Là, ce sont où plutôt c'est une longue ligne droite interminable avec vent de côté avec les camions qui me frôlent. Je sens par moment le doublé effet camion : le premier te fait dévier, le deuxième te coupe en deux. C'est plat et ça a l'air de monter tout le temps. J'ai les pieds qui brûlent. J'ai de bonnes jambes mais c'est pas le pied. Larissa 35 km carrément tout droit. Incroyable. Dans le centre enfin, Éole m'en veut mais Dyonisos est trop cher. Je me rabat sur l'hôtel Aris indiqué par une dame très gentille.
LarissaHôtel bas de gamme pas cher mais uniquement eau froide. Est-ce l'effet de la patronne et de ses beaux airbags, de la clientèle, des roms-gens du voyage, un enfant regarde quand je rentre, de l'état de délabrement comme un hôtel de passe, toujours est-il que je suis pris de priapisme aigu en rentrant dans ma chambre, peut-être aussi le plaisir après tant de souffrances. Mais Estiatorio Syntrivani ??????????? le patron, on dirait le King me fait choisir beaucoup de plats exposés à vitrine. Poissons, pommes de terre, salade grecque. Un peu trop d'huile dans tout ça et puis un peu trop fatigué. Du mal à finir mais un chat s'en régale aet met mon assiette nickel ! Grande place animée entourée de bars branchés et de taverne. Musique et piallements dans un grand brouhaha. Le chat ne m'a pas dit au revoir. Il s'en va à une autre table.

Mardi 23 juin, levé de bonne heure, l'avantage des hôtels pas chers sans bréakfast et sans lavabo ! Toilette du chat et c'est parti. Quelques croissants au nutella et arrêt au café pour un thé avant de me lancer à grandes enjambées ou plutôt à grandes pédalées à la sortie de Larissa. Il fait frais. Large route mais avec une bonne bande cyclable à 25 km heure comme allure de croisière. L'autoroute sans sortie possible. Maintenant, ça devient un classique ! des névés sur une montagne. Je peux sortir à Machrichori. Route tranquille. Ça roule bien. Des amandiers. À Evangelismosa, pause devant l'église et ravitaillement en eau. Tout va bien donc et puis tout d'un coup plus de route. Heureusement, je retombe sur la nationale au moment où j'arrivais au bout du chemin. Finie l'autoroute mais pas les camions qui me frôlent sur la bande cyclable mangée par les rochers et les arbustes qui s'y avancent. Passage au milieu de falaises calcaire. La route s'y faufile et puis l'horizon s'élargit comme une sortie de l'enfer. De grandes lignes droites mènent irrésistiblement à la mer. Brise marine, petit village du bord de mer avec ses baigneurs, ses parasols et ses paréos. J'y ferais bien une halte mais la route m'appelle. En l'occurrence, montsune petite montée à 15 %. Heureusement, c'est juste pour passer de l'autre côté de la colline. Ca redescent et hop on retrouve la route du bord de mer. D'un côté, le mont Olympe ? ses névés et son gros panache blanc, de l'autre la mer vert transparent sous la falaise. Paysage plus vert. C'est déjà la Grèce du Nord avec des champs de luzerne et de blé et moins d'oliviers. À Katerini, il fait faim et une Kantina est la bienvenue. Serveuse sympa, steak frites, tomates et une bière. Quel bonheur sous la tonnelle ! Dur, dur, après la bière surtout que c'est vallonné et casse-pattes. Un petit vallon et hop le panneau indiquant la montée, le fameux panneau pour indiquer une montée. A Makrigialos, après m'être fait courser par un chien agressif. Vité ! Comme criait ma grand-mère pour faire fuir les chiens. Plus de route, m'annonce un jeune sinon l'autoroute. Sans enthousiasme mais obligé, je la prends. Au bout d'un moment, je suis épuisé de tout ce vacarme et de tous ces camions qui m'emportent dans leur sillage. A Malgara, je sors et fait le plein chez un pompiste (pas en essence) sympa à qui j'explique mon désagrément. Au péage ensuite, je renouvelle mes reproches de cette situation à un policier visiblement fataliste. C'est dangereux et même interdit mais y a pas d'autre route ! C'est ubuesque. Il me parle bien d'une old road sans doute imaginaire. Il me laisse continuer et c'est au moins 15 km interminables avec des passages resserrés sur les ponts de rivières et des sorties tout aussi dangereuses. Quand je vois s'approcher les maisons de Thessalonique s'étaler au bout d'une ligne droite et surtout un feu, je me dis que c'est enfin le stop que j'attendais à toute cette circulation infernale. Je rentre enfin dans la ville. Pas possible de voir où est le centre. Un chauffeur de taxi me l'indique avec la rue Odos Monastiraki qui a beaucoup d'hôtel. Encore une grande voie où il faut faire attention à tout : bus qui s'arrêtent, les piétons qui traverse, voitures qui tournent. Enfin des noms d'hôtels qui s'étalent à la verticale des immeubles. Je vois Minerva, Rotonda. Finalement, c'est Kinissi Palace. Enfin, je peux clamer haut et fort Thessaloniki, Thessaloniki. Aujourd'hui, ce serait plutôt vivant, vivant. En ressortant de l'hôtel est ce une bonne douche ? Mon regard sur la ville change, de grands magasins de la rue Monastiraki puis une grande place avec un square et des églises anciennes byzantines, un vieux marché dans des petites rues, fermé à cette heure et puis l'avenue piétonne noire de monde qui descend vers la mer sans barrière et sans entrave, deux bateaux au large, le front de mer avec ses bars bondés où ça drinke à tout va. A croire qu'ici, on ne fait que boire ! Au Murphy's restaurant plutôt délaissé un peu désuet face au chocolat, salade grecque féta et veal souvlaki avec une mythos bière pour me soulager de cette dure journée. Un groupe de musiciens chapeaux blancs, accordéon, guitare vient dérider le patron un peu tristounet. Cantare, Cantare ... Cantare à Thessaloniki.