Visite romaine

ange de la cathédrale San-PietroLundi 7 juillet, pas facile de s'habituer à ce rythme spartiate dans cette auberge de jeunesse un peu caserne. Ce matin, déjà levé de bonne heure, deux siciliens dans la chambrée, couché après moi, levés avant, comment font-ils ? Visite de San-Pietro,. Quel gigantisme, quelle pompe en entrant des statues gigantesques orne la nef immense, les dômes au-dessus des chapelles latérales, les baldaquins sombres aux colonnes torsadées, le tombeau de Saint-Pierre, la voûte centrale en demi-cercle. Tout y est grandiose. Escalade du dôme par les escaliers à pied, ça donne le tournis tellement le manège est sans fin. En haut, on domine le choeur où les fidèles semblent des fourmis. Tout autour, des fresques, des mosaïques, quelle finesse, représentant des angelots.
TV ES PETRUS ET SUPER HANC PETRAM AEDIFICABO ECCLESIAM MEAM ET TIBIDABO CLAVES REGNI CAELORUM
Ecrit tout autour Des cercles concentriques en même temps que des arcs menant à leur centre comme l'oeil de Pierre, l'oeil de Dieu donne le vertige et nous mène au ciel. Jésus, Marie et les apôtres et puis les saints et puis les anges et puis le souffle de Dieu et puis les étoiles. Lungodere, un îlot de verdure le long du Tibre, un espace encore sauvage, un drapeau gay à l'entrée, des arbres, un peu de vent, la terrasse donnant sur le Tibre. On n'est plus à Rome, on est sur une péniche importée par les alizés. Dommage qu'il y ait une télé pour casser cette image d'harmonie et couvrir le bruit des cigales et des mouettes. Et il est arrivé, le grand échassier, le visage émacié creusé par l'effort sous les cheveux blancs, Suard, luisant de transpiration. Alors, le train hollandais Jan arrive toujours à l'heure. Eh Jean-Pierre ! me hèle-t-il avec un fort accent traversant la voie inondée de voitures. Il faut faire une fête, c'est ma partie ce soir, me lance-t-il. À la Piazza Novana, trattoria en terrasse, repas somptueux, melon, poisson et tiramisu et vin de Vénétie divin. Le guitariste doué comme un Dieu : Blue note, Hôtel California, Santana, ses notes, ses mains caressent l'air et la guitare. Great Danke Jan !

Mardi 8 juillet, dormi par fractions successives dans la chaleur et le bruit Jan pressé de visiter San-Pietro,. De nouveau, sur la Piazza, la foule, la queue interminable, un fleuve intarissable de touristes du monde entier pour cette Mecque de la chrétienté. Le vélo face à moi que les touristes doivent contourner. J'ai peur pour lui comme un taureau face à des milliers d'aficionados. Une bougie dans une église, Carpilla Torrigiani, une chapelle dédiée à San Filippo Neri que j'éclaire comme lui. Vite, courrir vers Termini, dans les pistes cyclables, les sémaphores, les voitures, les taxis, les sirènes hurlantes. Je perds Jan de vue. Il faut se faufiler dans la folie de Rome et de Termini, dans ces milliers de fourmis en partance. Ça y est, je le revois, avec son immense stature. Il monte avec son vélo dans le train. 5 minutes Ca y est. Merci Jan pour la soirée. À la prochaine fois, à Grenoble, me lance-t-il. Bon voyage, à peine ai-je le temps de lui répondre. Ça s'ébranle. Un signe de la main. À la revoyure, Jan. Je me tire de ce dédale à travers rue paver, mille pièges scooters, taxis, bus mais aussi belles piazzas rencontrées au hasard de la route. L'après-midi, retrouvailles et découvertes, un peu à l'instinct en vélo, tout d'abord Campo dei Fiori, quel charme, le Palazzo Farnèse, sa façade renaissance florentine, ses fontaines avec une baeque, la Piazza Venezia et son palais vénitiens ocre face à l'imposant mais grossier avec sa façade blanche rococo, le Palazzo Carpegna. Une femme grosse endormie assise par terre devant une chaise où sont déposés pleins de quartiers de citron. Quel tableau de la misère ! La fontaine de Trevi, toujours autant de monde, de cris, de brouhaha dans la nuit qui tombe. Des pièces jetées dans l'eau. Peut-être, reviendrai-je ici un jour ? La Piazza di Spania, quel monde aussi dans les escaliers qui mènent à l'église Trinite du Mont, ses palmiers, sa fontaine, ses calèches prêtes à partir. La Piazza del Populo, un peu plus loin, entouré de muret circulaire, son obélisque et ses fontaines. Quelques promeneurs. Un saxo dans la nuit joue My Way... Et la statue sur le coin de la place qui montre la lune qui monte. Moment magique.
Arrêt pizza dans un square sombre Fonte Piazza. C'est nuit noire sur la piste cyclable, je me rentre.

Mercredi 9 juillet, en partant de l'auberge de jeunesse vers Termini, un dernier tour vers la Piazza del Populo, juste un coup d'oeil, ciao ciao, la via Veneto par le parc de la Villa Borghese, toujours indiquée, jamais vue, comme en rêve, un mirage. La folie de Termini, ça grouille dans tous les sens devant le terminal Fiumicino. Une île de calme. International Bookshop, entouré d'un café, de la pub Coca-Cola, on ne peut y échapper, on y marche dessus !, de Nike Termini, de la Bigliatera, comme assaillie de toutes parts. Le recueillement, la réflexion, la sagesse au milieu de cette course folle, cette fuite en avant. J'attends le dernier moment pour enfiler mon vélo dans son sac. Sur le quai, au milieu de la foule, il faut faire vite, help à un gars de passage. Il finit par rentrer comme s'il ne voulait pas partir. Enfin dans le train. C'est gagné ! Une minute et le train s'ébranle. Ouf ! Ça défile vite le paysage : plat, collines, vert, champs de blé, tunnel, fiume, vigne, ça paraît facile là où j'ai pourtant souffert. Assis en face d'une soeur, un peu sévère dans sa robe noire et sa grosse croix, s'assoupissant derrière ses lunettes Cita delle Pieve, les oliviers de Firenze, Rastignano, Bologna, tout est plat. Les soeurs, une autre est montée à Firenze et leurs sandwiches. Pas que des nourritures spirituelles ! Modena, Reggio Émilia, Fidenza, maïs et tournesols, ça défile comme des mailles à l'envers. Le Po ? Piacenza, Milano, du riz toujours du riz, Torino, le tunnel sous les Alpes, même pas aperçu, Chambéry, la Chartreuse, Belledonne qui se cache derrière des nuages, boude-t-elle de m'avoir vu partir ? Grenoble, la gare, il faut remonter le vélo en plein centre de la gare, il faut lui redonner son corps, retraverser la ville avec tous les bagages dessus. Il y a plus de huit jours. Quelle aventure, quels souvenirs depuis, j'en rêvais, je l'ai fait, I did It, Veni Vidi Vinci ou plutôt : Veni, Vidi, Contemplare, Admirare San-Pietro,, Coliseo, Borghese, Farnèse, Navona, Sant Angelo, Tiberina, Santa Margherita, Trevi ...

fontaine de Trevi

Arrivederci Trevi !