sain et sauf
randonneurs français disparus en Guyane retrouvés après 7 semaines
Disparus depuis le 14 février au coeur de la forêt guyanaise, Loïc Pillois et Guilhem Nayral ont été retrouvés jeudi, sept semaines plus tard, après avoir survécu en buvant l'eau des rivières et en mangeant des graines ainsi que la chair de deux tortues.
Le dénouement heureux de cette histoire a été marqué par un cafouillage des gendarmes, qui ont confondu les identités des deux randonneurs, annonçant d'abord que l'homme arrivé à Saül était Guilhem Nayral et non son camarade.
Loïc Pillois, 34 ans, originaire de Margaux (Gironde), est arrivé le premier, à pieds, à Saül, un minuscule bourg au coeur de la Guyane, vers 10H00 du matin (15HOO en métropole). Aperçu au bout de la piste en latérite de l'aérodrome local, il explique aussitôt que son camarade, Guilhem Nayral, 34 ans également, se trouve à environ six heures de marche au sud, près d'une crique (rivière), la crique "limonade".
De fait, quatre heures plus tard, Guilhem Nayral, originaire de Sanary (Var), est retrouvé par les gendarmes partis à sa recherche en hélicoptère, et hélitreuillé. "Nous l'avons trouvé allongé sur le sol, complètement à bout de souffle, extrêmement amaigri, déshydraté, mais pas blessé", a expliqué l'adjudant-chef de la brigade territoriale de gendarmerie de Cayenne, Martin André. "Quand je l'ai pris dans mes bras, il s'est mis à pleurer", a ajouté le gendarme.
Dès son arrivée en hélicoptère à Cayenne, Guilhem Nayral a été conduit au centre hospitalier de la ville. Lors de son transfert depuis l'hélicoptère dans un véhicule du Samu, il était allongé, pieds nus, sur un matelas coquille, sur une civière, a constaté l'AFP sur place. Christophe Soula, directeur adjoint du centre hospitalier de Cayenne, a précisé que Guilhem Nayral "faisait l'objet de soins nécessités par son état, dominé par une grande fatigue physique et morale".
Arrivé un peu plus tard à Cayenne, dans un autre hélicoptère, Loïc Pillois a été immédiatement conduit à la gendarmerie pour audition, avant d'être lui aussi hospitalisé quelque heures plus tard, vers 18h00 (23h00 en métropole). Il est descendu seul de l'hélicoptère, le visage amaigri mangé par une barbe et l'air très affaibli, vêtu d'un short et d'un sweat-shirt marqué "never stop exploring" et tenant une machette à la main. Il n'a dit qu'une seule phrase: "Il fait vraiment très chaud".
A la mi-mars, le procureur de la République de Cayenne, Claire Lanet, avait ouvert une information judiciaire pour "disparition inquiétante" au sujet des deux hommes. Partis à la mi-février, depuis la rive du saut (rapide) Grand Kanori, au bord du fleuve Approuague, au coeur de la Guyane, Loïc Pillois et Guilhem Nayral pensaient mettre une dizaine de jours pour faire la centaine de kilomètres les séparant de Saül.
Partis sans GPS ni téléphone satellitaire, ils pensaient se guider uniquement à l'aide de cartes et de boussoles. "Il m'a dit qu'ils en avaient vraiment bavé", a expliqué Mme Pillois à jeudi, après avoir pu parler à son fils par téléphone.
Du 4 au 25 mars, une quarantaine de gendarmes avaient fouillé la forêt guyanaise pour essayer de retrouver les deux hommes. Les recherches en forêt avaient été arrêtées le 26 mars mais un dispositif de huit gendarmes avait été maintenu à Saül pour effectuer des recherches dans les sentiers environnants.
Selon les premières explications de Loïc Pillois aux gendarmes, ils auraient tenu sept semaines en buvant l'eau des rivières, en mangeant des graines et en mangeant la chair de deux tortues qu'ils avaient réussi à tuer.