Ecrivain-voyageur ?

[Ender]

Hey !

J'aimerais savoir si vous connaissez le métier d'écrivain-voyageur,l'accès au métier... Est-il officiel ?
J'ai fait une recherche sur le net mais je n'ai rien trouvé de concret.

Cela se rapproche beaucoup du métier de journaliste & de reporter mais je crois que ce n'est pas tout à fait ça.

 

[J.M.]

Je ne vois pas en quoi un écrivain voyageur constituerait un métier à part. Par définition c'est quelqu'un qui normalement est écrivain et voyageur, et de ce fait va raconter ses voyages ou s'inspirer de ses périples pour écrire.
Hélas on a surtout des voyageurs qui sont de mauvais écrivains, et qui font de l'alchimie à l'envers en transformant l'or en plomb ! C'est-à-dire qui n'ayant pas de talent pour l'écriture transforme un superbe voyage en une bouillie indigeste une fois sur le papier...

 

[Azimut]

Écrivain-voyageur... est-ce un métier ? Un métier officiel ? Ce que je retiens, c'est que la littérature de voyage existe bel et bien et qu'il serait normal de s'attendre à ce que ce secteur de la littérature ressemble à tous les autres en ce qui a trait à la qualité des oeuvres. J'imagine qu'il y a d'excellents écrivains-voyageurs et de moins bons forcément.

Je ne sais pas sur quelle étude se base notre ami JM pour conclure que «Hélas on a surtout des voyageurs qui sont de mauvais écrivains, et qui font de l'alchimie à l'envers en transformant l'or en plomb !». Bien sûr, il a droit à ses opinions. Toutefois, lorsque l'opinion est exprimée comme une généralisation, une affirmation, encore faudrait-il qu'elle soit appuyée.

Pourquoi n'y aurait-il pas aussi des voyageurs capables de s'avérer de bons écrivains, sans pour cela se mériter le Goncourt ? Nicolas Bouvier, pour ne citer que lui, me semble particulièrement inspirant, c'est du moins mon avis.

N'accordez pas trop d'importance à l'affirmation de J.M. Le problème, c'est qu'avec lui, la nuance ne semble pas exister. Il n'y a rien entre le noir et le blanc. Et la plupart du temps, sa vision est plutôt centrée sur la partie sombre du spectre. Les interventions de J.M., si elles s'avèrent justes au plan de certaines technicalités du voyage, comportent parfois des affirmations gratuites, des jugements de valeur et elles manquent souvent de courtoisie. Il lui arrive de répondre en rabaissant les personnes tout en ayant la certitude de fournir la seule bonne réponse possible, la sienne.

Ceci dit, n'en déplaise à notre ami J.M., je vous invite à consulter le site Écrivains-Voyageurs, un site portant essentiellement sur la littérature de voyage et les écrivains-voyageurs. Ce pourrait être un point de départ intéressant. Vous serez à même de vous faire votre propre opinion.

Azimut

 

[Ender]

Je te remercie Azimut.
J'ai fait la connaissance de Christophe Cousin, et j'ai tout de suite beaucoup aimé ce qu'il faisait. C'est vraiment un métier idéal, en apparence en tout cas. Je ne m'y connais pas vraiment, c'est pour cela que je pose des questions.

Les écrivains-voyageurs sont-ils tous des écrivains à l'origine ?
Dans le cas de Christophe Cousin, il a plus fait des films & d'émissions que des livres.

 

[J.M.]

Vous citez Nicolas Bouvier qui est l'exemple même de l'écrivain voyageur, c'est-à-dire qu'il retranscrit avec talent par écrit des expériences vécues.
Mais la plupart des récits de voyage sont rédigés par des auteurs qui n'ont aucune des qualités requises pour être écrivain. Certains de ces récits présentent un intérêt parce qu'ils apportent des informations intéressantes. Mais ce n'est pas ce que j'appelle de la littérature.

Personnellement parmi les écrivains voyageurs je citerais Ella Maillart, Conrad, Jacques Lacarrière, Jean Luc Coatalem, Bruce Chatwin et pour moi le plus grand avec Nicolas Bouvier: Ryszard Kapuscinski décédé l'an dernier.

 

[Azimut]

JM,

Enfin, vous voyez que ce n'est pas si compliqué que ça d'éviter les généralisations sans fondement, de nuancer le propos... et d'être courtois ! J'ajouterais à votre liste Michel Peissel, mais c'est matière de goût.

J'ai lu des auteurs qui n'étaient pas de grands écrivains-voyageurs quant à leur style mais qui m'ont néanmoins apporté beaucoup tant au plan de l'information que de leur vision du voyage, de la vie et du monde.

Azimut

 

[J.M.]

Dans ma jeunesse j'ai lu pas mal de bouquins de Michel Peissel. Et puis en 1975 j'ai fait un long trek au Népal sur un itinéraire qu'il avait en grande partie emprunté. Il avait laissé un tel mauvais souvenir (il était perçu comme arrogant et méprisant) parmi les populations qui l'avaient approché ou parmi ceux qui l'accompagnaient que par la suite je n'ai plus pu relire ces ouvrages avec le même regard...

 

[Azimut]

Bon à savoir... Du moment que cette information n'est pas basée sur quelques jugements isolés. Cela ne transpire pas à la lecture de ses bouquins.

J'ai acquis beaucoup à la lecture de Peissel. Un élément récurrent dans son oeuvre me fatigue un peu: il se fait souvent insistant pour dire qu'il est le premier à explorer une région, ou à découvrir un aspect d'une culture, ou à observer un phénomène jamais observé auparavant... ça peut devenir agaçant mais il n'est pas unique dans le genre.

Vous me surprenez J.M. J'étais loin de penser que vous puissiez être sensible et indisposé à la lecture d'un auteur qui a été arrogant et méprisant envers ses hôtes. J'en suis ravi.

Merci pour l'info.

Azimut

 

[Azimut]

Les écrivains-voyageurs sont-ils tous des écrivains à l'origine ?

Je ne crois pas. La littérature de voyage doit suivre les mêmes tendances que la littérature en général. Plusieurs écrivains n'ont pas choisi d'être écrivains à l'origine. Nous en connaissons tous. Ils le sont devenus à cause d'une passion, de leur goût pour la littérature, de leur talent pour l'écriture, même d'un événement fortuit dans leur vie qui les a propulsé vers l'écriture.

Par ailleurs, d'autres ont toujours voulu être écrivain. Certains ont réussi, d'autres pas. Il se trouve des amoureux du voyage et de la littérature qui, poursuivant une quête à travers leurs voyages, ont envie de la raconter. Certains le font avec beaucoup de talent, d'autres moins.

Au fond, tous les chemins devraient pouvoir nous conduire là où l'on veut... Il suffit de trouver sa destination.

Azimut

 

[JLuc]

Après ces contributions de haute volée, je me permets d'intervenir sur un mode plus terre à terre.

J'aimerais savoir si vous connaissez le métier d'écrivain-voyageur,l'accès au métier... Est-il officiel ?

Il me semble que si on évoque l'activité d'écrivain comme métier, ça sous-entend qu'on en vit, ou au moins qu'on en tire des revenus. Et vivre de son écriture, c'était traditionnellement trouver un éditeur. Mais aujourd'hui avec l'Internet, on peut diffuser des écrits en ligne, sur un blog par exemple et afficher des publicités ce qui peut générer des revenus si le blog en question est très fréquenté. Ou alors vendre des articles à des sites qui ont besoin de contenu... Mais bon, les revenus générés par cette activité risquent de rester modestes dans la plupart des cas. A moins d'être une plume notoire.

 

[J.M.]

Même des écrivains connus et talentueux sont obligés d'avoir un autre travail pour vivre.

Dans le domaine du voyage il n'y a que des gens très médiatisés ou des écrivains conférenciers qui arrivent à vivre de leur activité, une bonne partie du public achetant le livre à la sortie. Mais dans le cas des conférenciers il faut encore être dans un bon réseau car sinon c'est vous qui redonnez de l'argent à l'organisateur !

L'autre solution c'est de publier des reportages dans des revues, çà paye assez bien. Mais attention il y a très peu d'élus, et surtout il faut aussi avoir un très bon niveau en photo, car ce sont les photos qui sont payées plus que le texte.

Même des gens comme Nicolas Bouvier ou Ella Maillart ont dû travailler comme guide pour des agences de voyages pour faire bouillir la marmite !