Etape Argentine de mon tour du monde

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Olim

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Lors de mon tour du monde en 2008-2009, j'ai fait étape en Argentine.
Voici, pour ceux que cela intéresse, le carnet de voyage que j'y ai consacré :

- Premières impressions argentines
25 Oct 2008 - Tilcara
Les formalités d'immigration sont expédiées en quelques minutes, je passe rapidement de Villazon (Bolivie) à La Quiaca (Argentine). 100 m a peine séparent les deux villes, et pourtant, j'ai l'impression de passer d'un monde à l'autre. Je quitte une Bolivie belle mais dure à vivre, pour découvrir une Argentine douce et policée, déjà presque européenne. Dans ce Nord-Est argentin, les routes sont asphaltées, les bus-cama vraiment confortables ; les Peugeot 206 et 307, et les Renault Clio berlines envahissent les rues, les toilettes sont reliées au tout à l'égout, les douches chaudes. Après deux mois et demi de pérégrinations parfois éprouvantes, je sais déjà que je vais apprécier ce petit supplément de confort. Côté paysage, la route qui me mène de la frontière au Sud annonce la couleur, au sens littéral du terme : on traverse la sublime Quebrada de Humahuaca (classée au patrimoine mondial de l'Humanité), qui dévoile toute une palette de rouges, de verts, de jaunes, de oranges. Ici, la nature s'en est donnée à c%u0153ur joie, pour le plus grand plaisir des yeux. Je décide de me poser dans le paisible village de Tilcara. Très vite, je m'y sens bien, presque comme à la maison : deux petites places charmantes, un église typiquement coloniale, un hôtel accueillant, une altitude raisonnable (à peine 2 500 m, ça me change de la Bolivie), un climat tempéré (le printemps vient de commencer), un cadre naturel exceptionnel, en plein c%u0153ur de la quebrada. Ca tombe bien : j'ai besoin de repos, et c'est tout ce qu'il me fallait pour digérer mon périple bolivien avant d'aborder au mieux mon étape argentine.

- Blanc comme l’enfer
26 Oct 2008 - Salinas Grandes
Dans ce Nord-Ouest argentin, ce sont le vent, l’eau, la roche qui dominent. A perte de vue, quebradas et montagnes déploient des formes et des couleurs dignes des meilleurs westerns, sublimées par les changements de lumière. Toutes les nuances de jaune, de vert, de rouge se déroulent devant les yeux, comme un tableau vivant. Un peu plus loin, en direction du Chili, autre décor, autre magie, plus infernale : les Salinas Grandes, immenses lagunes de sel, vestiges d’une mer aujourd’hui asséchée. Ici, la richesse du sous-sol est inversement proportionnelle à celle des hommes qui exploitent le site. Dans des conditions comparables à celles des mineurs de Potosi, ils doivent endurer le froid, le soleil implacable, et les brûlures infligées par le sel. Cependant que quelques grands propriétaires saliniers tireront la majorité des profits de leur labeur. On est en Argentine, mais peut-être que le vent nouveau qui souffle sur la Bolivie toute proche parviendra à passer la frontière…

- Les Grandes Eaux
29 Oct 2008 - Iguazu
C’est grand, l’Argentine, je viens vraiment de m’en rendre compte. Il m’a fallu 30 heures pour rallier Iguazu depuis Tilcara, via Salta et Corrientes. Mais j’y suis, devant ces chutes mythiques. Et toutes les images vues avant n’y changent rien : le spectacle est la hauteur. Tant du côté brésilien que depuis la partie argentine, le fracas des dizaines de cataractes, dans un décor de pure jungle tropicale, vous saisit. Ces Grandes Eaux, comme les appelaient les Indiens Guaranis, se déroulent sur des centaines de mètres, avant de s’écraser 72 mètres en contrebas. Ici, c’est un lieu commun que d’affirmer que la Nature en impose, mais pourquoi ne pas reconnaître l’évidence ? A deux jours d’intervalle, je me remplis les yeux. J’ai du mal à exprimer ce que je ressens, quels mots choisir : impressionnant, effrayant, grandiose, émouvant ? Peut-être que les photos donneront une partie de la réponse…

- Paris dans l’hémisphère sud
31 Oct 2008 - Buenos Aires
Plus que partout ailleurs en Amérique du Sud, Buenos Aires, c’est un peu l’Europe, presque Paris. Qu’elle est loin la Bolivie des routes défoncées et poussiéreuses, des villages pittoresques mais souvent glaciaux, des jungles mystérieuses mais infestées de moustiques. Place maintenant aux larges avenues tirées au cordeau (le baron Haussmann est passé par là), aux imposants bâtiments style Belle Epoque de l’Avenida de Mayo, au quartier bohême de San telmo, à la City de Puerto Madero, mais également à l’infernal trafic routier, décidément très parisien. En plus, le printemps austral vient de commencer, les nombreux parcs de la ville invitent à la détente, les cafés (là aussi très parisiens) ne désemplissent pas, le populaire quartier de la Boca déploie ses belles façades colorées, la Plaza de Mayo grouille de badauds et de manifestants en tout genre. L’amabilité des Portenos se rencontre à chaque coin de rue, dans chaque bistrot, chaque restaurant : qu’il est facile d’engager la conversation avec les gens, d’obtenir un renseignement sur un hôtel, un lieu à visiter. Il n’est pas rare qu’à la fin, on reparte avec le numéro de téléphone de la personne rencontrée, qui aura bien insisté : « Si tu as le moindre problème, appelle ! ». Là, en revanche, on est loin de Paris ! Côté gastronomie, j’y trouve aussi mon compte. Les Parrillas (barbecues) sont légion, et proposent souvent une formule attractive : le tenedor libre. Le principe est simple : pour une trentaine de pesos (environ 7 euros), c’est buffet à volonté ! Outre les entrées, tous les morceaux de viande possibles sont disponibles (côtelettes, tripes, rognons, filets..), et le chariot des desserts n’est pas en reste (glaces, gâteaux, tartes, mousses, sans oublier l’inévitable dulce de leche). A Paris, combien ?

- Les baleines
04 Nov 2008 - Puerto Madryn
Trente sur un bateau, appareil-photo déployé, tout ça pourquoi ? Pour profiter et immortaliser un moment unique, le balai des baleines au large de Puerto Piramides. Cette partie de la Peninsula Valdes accueille en effet chaque année, à partir d’octobre, des dizaines de baleines franches australes, venant mettre bas. Il y en a 4, 5, 6 7, qui tournent autour de notre embarcation. Une mère et son petit passent même dessous. Etonnant de penser qu’en un seul coup de queue ou de nageoire, ils pourraient nous envoyer valser, alors qu’ils sont simplement aussi curieux de nous que nous d’eux. Ce spectacle 100% nature vous donne des frissons, j’arrête de photographier, je veux voir pour ne pas oublier. Je ne reverrai peut-être jamais quelque chose de semblable, Carpe Diem.

- Comme une meringue géante
07 Nov 2008 - El Perito Moreno
C’est l’attraction incontournable de la Patagonie argentine, la vedette incontestée de la région, à juste titre, avec ses mensurations hors norme : le glacier Perito Moreno (250 km²) s’étend sur près de 5 km de large et atteint une hauteur impressionnante de 70 m (250 m en comptant la partie immergée). C’est l’un des seuls glaciers au monde à ne pas reculer, il progresse même encore chaque année (mais moins vite qu’auparavant, victime lui aussi, du réchauffement climatique). Le spectacle offert par le « monstre » vaut vraiment le coup d’œil. A la faveur des jeux de lumière, son front glaciaire se teinte d’un bleu « menthe glaciale » (logique pour un glacier !), tandis qu’à intervalle régulier, il laisse échapper des blocs de plusieurs tonnes qui se fracassent dans le Lago Argentino. On a envie de s’approcher un peu plus, de fouler cette meringue géante, ce sera pour une prochaine fois, très prochaine…

- Au cœur de la Patagonie
09 Nov 2008 - El Chalten
A 4 heures de route au Nord d’El Calafate, la Patagonie se révèle encore plus sauvage, plus authentique. Ici, les éléments naturels affichent toute leur force, à commencer par le vent, dont la violence défie vraiment l’imagination (que mon petit mistral me semble doux, en comparaison). Avec Sebastian (natif de Buenos Aires, d’origine sicilienne et résident à Londres), on décide d’aller voir de plus près et de plus haut le massif du Torre. En compagnie de Dante, notre guide, on sillonne les sentiers patagons, à travers des forêts pétrifiées par le long travail des glaciers alentours. On débouche finalement au campement De Agostini pour planter la tente, avant de traverser en tyrolienne (sensations assurées) le Rio Fitz Roy et la Laguna Torre, pour atteindre ensuite le glacier du même nom. Plutôt qu’au Perito moreno (vraiment par trop touristique), c’est ici que l’on va éprouver les joies de la randonnée glaciaire en crampons. En ce milieu de printemps austral, la neige recouvre en grande partie le glacier, rendant assez difficile notre progression. Il faut éviter les crevasses, marcher en canard, lutter contre le vent, tandis qu’une avalanche de poudreuse exceptionnelle (aux dires mêmes de Dante) se déclenche sur le versant opposé. Plus que partout ailleurs, on sent que c’est la nature qui donne le tempo, mais j’ai confiance, et je goûte avec délice ce moment fort. On poursuit par une escalade d’une paroi quasi verticale, en utilisant piolets et chaussures à crampons, pour rejoindre ensuite le camp de base. Tandis que Dante redescend dans la vallée, je passe une bonne heure à me remplir les mirettes, au moment où, à la faveur d’un vent qui redouble, le soleil déclinant découvre une partie du massif du Torre. Je ne suis pas près d’oublier ce panorama digne des posters de montagnes suisses trônant dans les meilleurs cabinets médicaux d’Europe ! Ça va pourtant se gâter. Dans la préparation minutieuse de notre expédition, on pensait avoir tout prévu : la tente, bien sûr, les sacs de couchage, le maté, le dulce de leche… « Mais, Sebastian, on a oublié les tapis de sol ! » La nuit va évidemment être particulièrement éprouvante : si la température externe s’avère finalement « clémente » (peut-être 3 ou 4° au-dessus de zéro), impossible de s’habituer au contact quasi direct avec le sol froid et dur (où dur et froid, selon les moments). Vivement demain matin ! Tant pis (ou tant mieux), je me lève plus tôt (de toute façon, je n’ai pratiquement pas fermé l’œil) pour apprécier le ponant. On amorce ensuite le retour sur El Chalten, à travers des paysages toujours aussi grandioses : lagunas Hija et Madre, massif du Fitz Roy, glacier Piedras Blancas… Le vent ne nous aura quasiment pas quitté durant tout le parcours, finalement, je m’en réjouis : pas de doute, on était bien en Patagonie.

- Un printemps en Patagonie
17 Nov 2008 - El Chalten / Bariloche / San Martin de los Andes
25 °, plein soleil, les canards, un carré d’herbe, le lac Lanar, à San Martin de los Andes, en Patagonie centrale. Je savoure la douceur du moment, en me rappelant les jours précédents. Il y a peu, j’étais déjà en Patagonie, mais 36 heures plus au Sud, dans la partie rude et sauvage, froide et venteuse, et pourtant si accueillante. Je me souviens qu’après l’éprouvant et superbe périple dans le massif du Torre, nous avons passé toute la journée suivante dans la salle à manger-cuisine du Refugio d’El Chalten, tant le vent, la pluie et le froid se déchaînaient. On attendait le bus de 23h30 pour Bariloche, en buvant le maté et en tentant de se réchauffer au gaz de la cuisinière. Curieusement, moi qui suis plutôt impatient de nature, j’appréciais ce temps long, passé à ne rien faire, seulement à réaliser que j’étais effectivement en Patagonie et que, décidément, j’aimais ça ! Puis ce fût de nouveau la route, et quelle route ! La Ruta 40, mythique, qui sur des centaines de kilomètres, traverse lacs immenses au bleu profond, tout en longeant la cordillère andine marquant la frontière avec le Chili. 32 heures et deux nuits plus tard, le bus atteignait Bariloche. L’autre Patagonie pouvait commencer, plus verte, plus douce, en un mot, plus printanière. Mais là aussi, la nature faisait merveille : du haut du Cerro Campanario, on embrassait du regard trois, quatre, cinq lacs ; les forêts étaient épaisses, les montagnes encore enneigées, les volcans imposants. Je retrouve les mêmes paysages à San Martin, 4 heures plus, au Nord, avec encore davantage de pureté peut-être, dans cette petite ville si paisible. L’ascension du Cerro Colorado offre au regard le cône parfait du volcan Lanin et des Andes d’un côté, le lac Lanar de l’autre. C’est toujours la même chose –des lacs, des volcans, des forêts- et c’est toujours différent. Et s’il était là, le véritable charme de la Patagonie ?
 
C

Chrissand

Membre Pilier
23 Mars 2009
216
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France
Superbe!

En l'espace de quelques paragraphes je me suis retrouvée en plein voyage!

Merci encore

Chrissand