Etape birmane de mon tour du monde

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Olim

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Lors de mon tour du monde en 2008-2009, j'ai fait étape en Birmanie.
Voici, pour ceux que cela intéresse, le carnet de voyage que j'y ai consacré :

Une expérience birmane
09 Mars 2009 - Myanmar
Ce matin, le taxi file vers l'aéroport de Yangon. En compagnie de May, je vis mes dernières minutes en Birmanie, et l'angoisse m'étreint peu à peu à cette idée, d'autant que c'est Bangkok qui m'attend bientôt, avec sa frénésie, sa fournaise, sa pollution. Alors, je préfère me souvenir de ces quatre dernières semaines. D'abord mon arrivée à Yangon, capitale-village si douce, qui semble s'être réveillée après un tremblement de terre, avec ses trottoirs défoncés et ses immeubles coloniaux décrépis qui tiennent encore miraculeusement debout. La ville (contrairement à Bangkok) dégage immédiatement un charme irrésistible : le quartier indo-musulman et ses restaurants de rue, le Scot Market et ses centaines d'échoppes, la spendide Swedagon Pagoda et sa coupole dorée. C'est d'ailleurs là que je rencontre So-So : elle a étudié à l'Alliance Française, mais a échoué à son examen ; il lui faut à tout prix pratiquer son français. Je l'accompagne chez elle ; nous rejoignent sa s%u0153ur May, et Victor, un jeune sculpteur, qu'elle aide au quotidien. May travaille comme guide anglophone et francophone, mais elle commerce également avec l'Europe et fait régulièrement l'école bénévolement. C'est avec elle que je découvre d'abord la gentillesse birmane : elle m'achète un longyi, m'invite au restaurant, me fait visiter la ville... Promis, on se reverra. Puis je monte au Nord, à Mandalay, la capitale religieuse du Myanmar, expérimentant au passage le bus local. J'ai de la chance, celui-ci est climatisé et ne mettra « que » 17 heures pour parcourir les 700 km ! A peine débarqué dans la deuxième ville du pays, poussiéreuse et désordonnée à souhait, je poursuis mes rencontres : au marché, Soe-Soe, chauffeur de trishaw de son état, m'accoste : « Pardon de te déranger, je sais que même si tu es touriste, tu n'es pas forcément riche, mais depuis plusieurs mois, je n'ai pas beaucoup de clients, est-ce que je peux te conduire quelque part ? ». Je commence par décliner l'offre, et l'invite à boire un thé. On poursuit la conversation, et je me laisse convaincre par sa sincérité. Il me conduit donc au sommet de la colline de Mandalay pour le classique coucher de soleil, puis m'invite à visiter sa maison dans un petit village voisin. Lui, sa femme et ses deux enfants, vivent dans une unique pièce, minuscule. Il héberge aussi son neveu et sa nièce, dont les parents ont été tués par le cyclone Nargys en mai 2007. Evidemment, la vie est dure pour lui et sa famille, mais son courage, son optimisme et son énergie font plaisir à voir. Quelle leçon ! Le lendemain, il me dépose à la gare routière, puis me tend un sac plastique rempli de fruits : « C'est pour toi mon ami, pends soin de toi et gardons le contact s'il te plaît ». Comment pourrais-je t'oublier, mon ami ?... Le périple se poursuit vers le Nord-Ouest et va prendre une tournure quelque peu aventureuse. Sur les conseils d'un guide de Mandalay, je m'embarque pour un long, très long voyage vers la frontière indienne. Cela commence par le bateau lent, très lent. J'y suis le seul touriste, au milieu de dizaines de Birmans tous plus accueillants les uns que les autres. Trois humbles familles me font une petite place au milieu d'elles, sur le pont inférieur. Mais un soldat qui rejoint sa garnison se montre plus que pressant à mon égard : il a découvert la poche secrète où je dissimule mon argent, et j'ai beaucoup de mal à m'en débarrasser. Mes familles d'accueil me prennent vite sous leur protection, je dormirai avec elles, et elles me nourriront ! Les liens se tissent, malgré la barrière de la langue (car bien évidemment, l'anglais ne m'est ici d'aucune aide) ; les enfants me tirent les poils des bras et des jambes : quelle est donc cette bête curieuse, grande, blonde, aux yeux bleus ? je devine qu'ils n'ont peut-être jamais rencontré un touriste et je me sens parfaitement étranger sur ce bateau, partagé entre la joie d'être si rapidement adopté, et l'inconfort. Finalement, je me sens bien, si loin de tout, si près de l'essentiel. Au petit matin, je suis rassuré : personne ne m'a dérobé quoi que ce soit. Et voilà que deux jeunes capitaines de l'armée birmane m'interpellent dans un anglais que je suis heureux de comprendre : « Viens avec nous sur le pont supérieur, on fait monter tes bagages, tu dormiras cette nuit dans notre cabine ». Je délaisse donc provisoirement mes familles pour changer de catégorie sociale, mais toujours la même gentillesse, la même curiosité désintéressée. Je partage leurs repas et leur cabine, ils insistent pour me laisser un lit, ils dormiront à deux dans le second. Impossible de refuser. Une nouvelle nuit se passe, avant que le bateau n'accoste à destination très tôt le matin. Je remercie les capitaines et débarque. Les trois familles font de même pour me dire au-revoir : échanges de cadeaux (parfums contre casquette et petits jouets). Ils me sourient, me remercient, me demandent de ne pas les oublier. Il fait froid, je retiens mes larmes, ils m'ont tant donné, eux qui ne possèdent presque rien, sinon peut-être l'essentiel, le c%u0153ur. Non, mes amis, je ne vous oublierai pas non plus, vous faites d'ors et déjà partie de mes meilleurs souvenirs de voyageur, d'humain. Je m'attable à la terrasse de la première tea-house venue pour mon petit-déjeuner. Autour, tous les regards sont braqués sur moi, pas un seul touriste à l'horizon. C'est sûr, je suis toujours l'Etranger, et ça commence à me peser un peu. Que faire ? Si je reste, serai-je le bienvenu, si je pars, vais-je passer à côté d'une belle aventure ? Un jeune m'aborde, il parle un peu anglais. Il m'aide à trouver une guest house, première étape de mon installation. « Quelqu'un parle-t-il bien anglais par ici ? » Oui, il y a une école, et je connais une professeur qui devrait pouvoir t'aider ». Elle s'appelle Thi Thi, et m'accueille à la birmane, avec un petit sourire discret mais profond. Aussitôt, je deviens son invité, elle refusera que je paie quoi que ce soit ici, à partir de maintenant, elle s'occupe de tout. Thi Thi, c'est un personnage : petite et charmante, pleine d'énergie, elle est respectée de tous. Elle m'emmène faire la tournée des maisons du village de l'autre côté du fleuve. Tout le monde veut voir l'étranger, on m'invite partout à boire, à manger, à discuter (heureusement, Thi Thi traduit), les enfants me courent après pour avoir leur photo. Je suis touché devant tant de bonté, de simplicité. Chaque soir, je rejoins Thi Thi chez elle, où elle fait l'école du soir, souvent à la bougie (l'électricité provient de groupes électrogènes régulièrement capricieux). Avec ses étudiants, les échanges sont riches, ils veulent tout savoir de ce qui se passe « dehors », même si beaucoup écoutent la BBC ou ont accès aux chaînes de télévision occidentales. Ils s'extasient devant mon ordinateur portable (c'est la première fois qu'ils en voient un), les photos de mon tour du monde : Bogota et ses immeubles modernes, Bariloche et son téléphérique, les chutes d'Iguazu, les volcans boliviens, les sommets sud-américains enneigés, Sydney et son opéra... Je partage leurs parties de chinlon (petite balle dure en rotin tressé) et de football, les batailles de boue dans la rivière... Cela va durer six jours, à l'écart du monde, mais en plein dans le vrai. Avec Thi Thi, j'ai découvert la Birmanie profonde, pauvre mais heureuse, opprimée mais pleine d'espoir, laborieuse et généreuse. De temps en temps, j'ai bien compris dans ses yeux combien elle espère l'arrivée de la démocratie, de la liberté, combien elle hait ce gouvernement autoritaire et corrompu. Comment l'aider ? Tout simplement en gardant le contact, en partageant avec d'autres cette expérience unique. Et dans le matin froid de mon départ en bateau, moi dans l'embarcation, elle à côté, sa main dans la mienne, les larmes me montent à nouveau. Puis la voilà maintenant sur la berge, agitant sa petite lampe torche dans la nuit, comme pour me signifier : « Dis, Olivier, mon ami, tu ne m'oublieras pas, tu reviendras ? » Je n'aime pas promettre ce que je ne peux tenir, mais non, Thi Thi, je ne t'oublierai pas, mais oui, Thi Thi, je ferai tout pour revenir, un jour... En attendant, continue le combat. Je passe ensuite deux jours à visiter Bagan et ses temples multi-centenaires, avant de rallier le lac Inlé et ses marchés et jardins flottants, à chaque fois dans des bus et sur des routes typiquement locaux (Birmanie-Bolivie, même combat !). Retour ensuite à Yangon, où c'est avec May que mon séjour birman se termine. A l'instar de Thi Thi, elle m'invite à découvrir sa ville, à faire la classe à ses étudiants. Tout se termine donc en douceur, au pays du sourire permanent. Au fait, en mai 2010, il y a des « élections » en Birmanie. Thi Thi et May veulent y croire, moi aussi...
 
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fafagogo

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2 Septembre 2011
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talence
bonjour olivier,peux tu me donner des precisions sur tes etapes birmanes et les coordonnées de ton (tes)guides?je pars en janvier pour la durée autorisée avec une amie.j'essaye d'evaluer le cout des transports,la duréee .Les grandes villes et leur bruit ne me seduisent pas trop.merci d'avance