Etape chilienne de mon tour du monde

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Olim

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Lors de mon tour du monde en 2008-2009, j'ai fait étape au Chili.
Voici, pour ceux que cela intéresse, le carnet de voyage que j'y ai consacré :

- Comme un commencement du monde
10 Oct 2008 - Parque National Lauca
Ca n’a pas été sans mal, mais les belles choses se méritent, et le Parque Lauca nous tend maintenant les bras. Ce pendant chilien du Sajama bolivien se révèle tout aussi impressionnant, peut-être plus sauvage encore. Toujours avec Daphna et Gal, nous tombons immédiatement sous le charme, dès la frontière passée : c’est en effet une carte postale grandeur nature qui nous est offerte, avec les volcans Parinocata et Pomerata qui se reflètent dans la Laguna Chungara. Mais pour l’heure, il nous faut rallier le village de Parinacota pour trouver un hébergement. En chemin, on croise Juan qui nous explique que, pas de chance, le pueblo est aujourd’hui quasi désert parce que bon nombre d’habitants sont allés vendre de l’artisanat à Arica. Info ou intox ? Juan, justement, nous invite à dormir chez lui (pour l’équivalent de 18 bolivianos par personne). On le suit, a ver… Effectivement, Parinacota est presque vide, belle et mystérieuse avec sa charmante église de pierre chaulée, toute blanche. On dormira donc chez Juan. Comble de chance, c’est également la semaine où les gardiens du parc sont occupés à recenser les vigognes ; trop occupés, aucun ne songera même à nous réclamer le droit d’entrée ! On entreprend de rejoindre le village de Chucuyo, à 1h30 de là, pour se restaurer (il y aura peut-être plus de monde…). On longe la Laguna Cotacotani, envahie par les mouettes des Andes, les oies des Andes, les canards. On aperçoit nos premières vigognes chiliennes, ainsi que des viscaches (sorte de grands lièvres), beaucoup moins sauvages qu’il n’y paraît. L’almuerzo expédié, on reprend la clé des champs, à travers les zones marécageuses du parc, pour continuer de profiter du spectacle époustouflant d’une nature intacte : lagunes, volcans, prairies. On a véritablement l’impression de vivre le commencement du monde dans cette région préservée de toute pollution humaine. De retour à Parinacota, on réintègre notre casa familiar chez Juan. On réalise soudain combien la vie est précaire ici : tandis que Gal et Daphna partagent un lit destiné à une personne (j’ai plus de chance : un petit lit, mais pour moi tout seul), Juan, sa femme et leurs cinq enfants vont s’entasser dans la minuscule pièce voisine. Doit-on se sentir privilégiés, ou simplement penser que nos 54 bolivianos vont leur permettre d’améliorer leur quotidien pour les quelques jours à venir ? Pour l’heure, on tente de dormir, sans trop mauvaise conscience. C’est surtout le froid, ajouté à une promiscuité inhabituelle, qui rendra la nuit pénible. Dans le petit matin glacé, on avale un maté de coca et quelques biscuits, puis après avoir atteint Chucuyo, on profite d’un vrai petit déjeuner. Derniers moments dans la parc, on admire encore une fois la Laguna Chungara et ses deux 6 000. C’est ici que nos routes se séparent : pour Gal et Daphna, direction Arica ; moi, j’ai à nouveau rendez-vous avec la Bolivie. Je sais qu’il me reste tant à voir.

- En Terra Cognita
19 Nov 2008 - Puerto Varas
14h30, le bus qui a quitté Bariloche en Argentine six heures plus tôt me dépose au Nord de la ville. Me voici désormais au Chili, à Puerto Varas. Après une première visite il y a 20 mois de ça, la ville m’apparaît naturellement hospitalière, familière. Sous un beau soleil de printemps, je descends la rue principale. Je reconnais au passage la belle église rouge et blanche fondée par la colonie allemande en 1915, le restaurent El Gordito, le casino… C’est drôle, mais je me sens chez moi, et je m’attends presque à croiser dans un café ou en chemin quelque connaissance. Il faut dire que je ne suis pas là complètement par hasard : je viens visiter des amis d’Ardèche établis dans le coin depuis plus ou moins longtemps. Je déboule pour commencer à la Casa Margouya, où je retrouve Nico, le patron, rencontré en août dernier dans un pub d’Aubenas. Puis c’est Richard qui débarque, et Xavier, et Franck. Puerto Varas n’est plus allemande, les Ardéchois ont pris le pouvoir ! Après trois mois de vadrouille en Amérique du Sud, ô combien enrichissante mais parfois éprouvante, j’apprécie ce petit séjour en Terra Cognita. On s’embarque bientôt avec Franck (mon compagnon de voyage au Pérou en mars dernier) et de Xavier pour Ensenada et la Casa KO, à 30 minutes de là. Franck a repris l’auberge de Richard, et j’y trouve également Noël, son père, qui vit véritablement une seconde jeunesse dans cette splendide villa en bois, avec vue (excusez du peu) sur les volcans Osorno et Calbuco, ainsi que le Lago llanquihue. C’est un peu le chalet de Heidi niché dans la Patagonie septentrionale. Coïncidence (ou non ?), Franck me propose la même chambre, le même lit que la dernière fois. Je suis heureux, je sens que je vais bien dormir.

- Deux mois et demi après
23 Nov 2008 - Santiago
A regrets (mais n’est-ce pas toujours ainsi ?), je quitte la Casa Ko, ma maison pendant trois jours, pour remonter sur Santiago. Cependant, aucune raison de se plaindre, puisque c’est pour retrouver un autre ami, Martin. On n’a passé que dix jours à voyager ensemble, en Colombie et en Equateur, mais ce fût un plaisir que de partager ces quelques moments. Et, à l’heure de quitter le Chili et par là-même, le continent sud-américain, ces retrouvailles sont un peu la cerise sur le gâteau. J’arrive donc à Santiago par le bus de nuit depuis Puerto Varas. Martin joue au foot, c’est son frère Diego qui vient me chercher. La grande maison, à une heure de la capitale, est posée au beau milieu d’un immense jardin. Il ne manque que la piscine. Ca tombe bien, il y a en une ! Macarena (pas la danse, la maman !) m’accueille chaleureusement, comme si elle me connaissait depuis toujours. Comme c’est dimanche, l’asado (le barbecue) est en route. Martin débarque bientôt. Il a perdu, mais, autant que moi, il est heureux de nos retrouvailles. L’après-midi va passer vite, entre échanges de souvenirs et pisco. C’est déjà l’heure de partir, il me dépose à l’aéroport. On promet, évidemment, de se revoir, qui sait ?… Me voici maintenant seul, au milieu de la foule, dans l’aérogare. J’aime ce genre de lieu, je pourrais passer des heures à scruter les écrans annonçant les départs et les arrivées ; à observer les gens qui vont et qui viennent, qui partent ou qui reviennent. De là à affirmer que cela suffit pour m’évader, faut pas pousser ! Fin de la première étape, j’ai tant appris et il me reste tant à voir.