Etape colombienne de mon tour du monde

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Olim

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Lors de mon tour du monde en 2008-2009, j'ai fait étape en colombie.
Voici, pour ceux que cela intéresse, le carnet de voyage que j'y ai consacré :

- Un goût de paradis
17 Aout 2008 - Parc Tayrona
On a beau dire, 17 heures de bus, c’est long ! Et malgré les films diffusés (ou plutôt à cause d’eux), c’est avec soulagement que le terminal de bus de Santa Marta se profile à l’horizon. D’ailleurs, le chauffeur n’a rien trouvé de mieux que de passer « Man on fire », l’histoire d’un gamin qui se fait enlever dans un pays d’Amérique du Sud. Quand on sait la réputation de la Colombie dans ce domaine, on ne peut pas dire que ce soit du meilleur goût ! Sinon, Santa Marta, c’est grand, plutôt pollué, et surtout très chaud (ça ne fait que commencer). Mais c’est le petit village de Taganga qui m’intéresse, à quelques minutes en buseta. Vaste baie dominée par des falaises qui tombent à pic dans l’océan, ambiance routard à souhait, et surtout, accueil formidable de Jorge Luis et son épouse Ruth. Ce couple de protestants convaincus tient une minuscule pension familiale à deux pas du centre, et lorsqu’ils annoncent « Mi casa es tu casa », c’est peu de le dire. Ils sont même capables, pour faire de la place, de dormir à 4 avec leurs enfants dans le « salon » et de réserver leur chambre pour le voyageur en quête d’un toit ! De quoi méditer sur notre sens de l’accueil en France… Une fois arpentées les rues (ou plutôt LA rue) du pueblito, c’est tout naturellement vers les plages que se porte mon attention. Les plus belles demandent un certain effort : il faut marcher sur un petit sentier bordé de cactus géants sous un soleil de plomb avant de découvrir, presque désertes, de petites criques qui incitent au farniente. Mais pour vraiment se rapprocher du paradis, je m’aventure dans le parc Tayrona, à 2 h de là. Equipé d’un petit sac à dos léger, je commence à parcourir à pied les 4,5 km qui me séparent de l’entrée du parc jusqu’au parking des voitures, quand tout à coup, un véhicule s’arrête à mon niveau et son chauffeur me lance : « Hola amigo, a donde vas ? » Quand je lui réponds que je vais au même endroit que lui (toute façon, y’a pas le choix !), il m’invite à monter. Hernando (c’est son nom) vient de Baranquilla avec une dizaine d’amis pour passer le week-end à Tayrona. Une fois arrivée au parking, la petite troupe et le « Frances » (moi) commencent à découvrir ce petit paradis, entre mer cristalline et jungle impénétrable (je sais, pour la jungle, j’exagère, mais c’est moi qui raconte !) On se sépare à Arrecife : ils vont camper à Cabo San Juan, je loue un hamac ici. Pendant ces deux jours, j’arpente les chemins forestiers et je ne me lasse pas d’admirer la beauté de l’océan et des plages (presqu’aussi belles que l’Île aux nattes, à Madagascar), pendant que mes amis colombiens apprécient d’autant plus leur séjour qu’ils commencent à boire rhum et vin chilien en brick (le tout calientisimo) dès 8 h du mat ! J’ai essayé le vin, je vous le déconseille… Le dernier jour, Hernando insiste pour me ramener en voiture à Santa Marta. Et la petite aventure va pouvoir commencer : en effet, il me donne rendez-vous vers 15 h à Arrecife. Vers 16 h, ce sont ses companeros qui débarquent. « Non, je n’ai pas vu les autres ». On se rend alors au parking, pensant qu’ils ont pris un raccourci. Mais on arrive les premiers, tout fiers de les avoir devancés. Seulement, les heures passent, et personne… C’est simplement vers 19 h qu’ils débarquent, exténués : ils se sont perdus ! Même moi qui n’ai pas un sens de l’orientation particulièrement développé, je n’en reviens pas ! Ni une ni deux, on embarque dans les voitures, il me tarde d’arriver à Taganga et de retrouver un bon lit chez Jorge Luis y Ruth. Mais le sort s’acharne : un contrôle de la police des douanes nous retarde encore sur la route (on est à proximité du Vénézuéla, zone de tous les trafics). Enfin, à Santa Marta, Hernando se rattrape en doublant et en faisant stopper la buseta pour Taganga. Hasta luego amigos, je ne vous oublierai pas.

- La RUMBE, que es eso ?
22 Aout 2008 - Medellin
Après un voyage assez éprouvant entre Carthagène et Medellin (bloqué presque 2h à cause de pluies diluviennes), j’arrive vers 1h du matin dans cette ville qui fût pendant longtemps le repaire du célèbre narco-trafiquant Pablo Escobar. A bout de force, je me rabats immédiatement sur l’hôtel du terminal de bus, pour passer une nuit bien courte (il faut libérer la chambre pour 9h). Au petit matin, la pluie a repris de plus belle : plutôt que de visiter Medellin, je profite de la proximité du terminal pour attraper une buseta en direction de Manizales, normalement à à peine 4h de route !… Et là, tout s’enchaîne : si pendant environ 1h, tout roule, nous voilà à nouveau bloqués (en compagnie de plusieurs dizaines d’autres véhicules de toutes sortes). La cause ? La rumbe : un phénomène semble-t-il aussi fameux en Colombie que la cocaïne ou la salsa. Il s’agit d’une coulée de boue, résultant de l’accumulation des précipitations qui ne cessent depuis plusieurs jours dans cette partie du pays. Alors que la voirie s’active, je lie conversation avec un des passagers, Esteban, membre de la police anti-guerilla, qui va rendre visite à sa fiancée à Manizales. Comme sa belle-mère n’a rien contre les touristes, un bon lit douillet m’attend donc ce soir. Mais à quelle heure ?… Parce qu’une fois la route réouverte, il nous faut vite déchanter : devant nous, une autre belle rumbe barre le chemin (on apprend d’ailleurs qu’elle vient de survenir peu de temps après le passage d’un bus, dire que ça aurait pu être nous !). Les engins s’activent : bulldozers, pelle mécanique, camions. On prend notre mal en patience, et comme personne ne s’énerve, j’en fait de même. D’ailleurs, Esteban me rassure : on va sûrement passer « en una horita ». En fait, ce n’est que 10h plus tard que nous voilà lancés à toute vitesse pour rallier Manizales, nous arrêtant une fois pour dégager la route encombrée de cailloux qui continuent de tomber. Car évidemment, il pleut toujours averse ! Finalement, Luz, la maman de Giuliana -la fiancée d’Esteban-, oui, je sais il faut suivre, nous accueille chaleureusement, mais pas plus inquiète que ça. Des rumbes, elle en a vues d’autres, Luz !

- Un dimanche maussade
24 Aout 2008 - Parque Los Nevados
Ce dimanche matin, je le consacre à une excursion dans le parc Los Nevados, tout près de Manizales. Je me retrouve avec un groupe d'Espagnols et un Slovène (!) et nous vla partis. On se rend assez rapidement à une altitude de 4000 m, et le paysage du paramo s'avère plutôt agréable. Avec notre petit bus, on progresse sur une piste assez défoncée, mais bientôt, c'est la neige recouvrant le sol qui nous empêche d'aller plus haut. On continue donc à pied, et c'est assez paradoxal de voir que les Colombiens sont ravis du spectacle (et oui, pour eux, c'est la neige qui est exotique), tandis que nous, Européens, sommes un peu déçus de ne pas avoir aperçu, à cause du brouillard, le sommet du Nevado del Ruiz. Heureusement, pour nous « divertir », notre chauffeur trouve le moyen en faisant demi-tour de se bloquer dans la neige. Décidément, les problèmes de transport s'accumulent ! Mais tout le monde s'y met, et on repart pour terminer la journée dans des bains thermaux en plein air bien agréables. Au final, cette petite sortie dominicale s'avère un peu décevante pour moi : sans vouloir faire le grincheux, les paysages de montagne alpestres ou pyrénéens n'ont rien à envier à cette partie andine de la Colombie. Je ne le sais pas encore, mais je vais me rattraper les jours suivants...

- Le pourquoi du comment
26 Aout 2008 - salento
Cette fois-ci, pas de problème majeur dans les transports : il ne me faut qu’environ 5 h pour rallier le charmant petit village colonial de Salento, plus au Sud. C’est vraiment une belle surprise : je ne me lasse pas d’admirer les maisons de toutes les couleurs joliment décorées. Incontestablement, un air d’Andalousie. Cependant, le plus beau reste à venir. Le lendemain, en compagnie de trois Espagnoles, nous arpentons les chemins de la Vallée de Cocora. C’est un véritable enchantement ; se succèdent forêts humides, verts pâturages, et surtout le fameux palmier de cire. Cet arbre impressionnant, tout en tronc, pousse entre 1500 m et 3100 m d’altitude et peut atteindre 60 m de haut. Alors que les Espagnoles rebroussent chemin pour ne pas manquer leur jeep de retour, je poursuis seul et profite au maximum du spectacle. Après une montée assez rude, où je joue les Indiana Jones en traversant des passerelles « hautement périlleuses », je goûte le repos dans un petit refuge en observant le vol hallucinant de quelques colibris venant boire dans des abreuvoirs aménagés à leur intention. Quand je reprends la route, c’est avec satisfaction que je vois la brume remonter lentement de la vallée : en effet, difficile de décrire le paysage mystérieusement enivrant des palmiers de cire, c’est pourquoi j’observe et je mitraille avec l’appareil photo. Depuis mon arrivée en Colombie, mis à part dans le parc Tayrona (mais différemment), je ressens une forte émotion, certainement celle que j’espérais. Et à cet instant précis, seul dans cette vallée, une pensée s’impose à moi : je sais pourquoi je suis là et combien j’ai eu raison d’entreprendre ce tour du monde. Tout simplement pour vivre ces moments réellement uniques. Je rejoins la vallée pour attraper la jeep du retour pour Salento. Prévue initialement pour environ 6 passagers, on parvient à caser (dedans, mais surtout dehors) 14 personnes ! Autant dire que je n’oublierai pas de si tôt cette journée, même si le record n’est pas battu : aux dires du propriétaire de mon hôtel, il serait de 22 (dont 2 sur le capot). Qui dit mieux ?

- En conclusion
02 Sept 2008 - Colombie
Comme beaucoup d’Occidentaux, et en grande partie à cause du discours univoque et alarmiste tenu par les médias, j’avais une image quelque peu caricaturale de la Colombie : guérilla omniprésente, trafics en tout genre, violence, enlèvements… Au bout du compte, même à Bogota, jamais je ne me suis senti en insécurité. Evidemment, comme partout dans le monde, il convient de suivre quelques principes élémentaires dans les lieux « à risque » : éviter d’arborer bijoux de valeur, appareil photo, argent en liquide… Dans tous les sites touristiques et sur les routes les plus fréquentées, la police et l’armée veillent et multiplient les contrôles, tandis que la population, fait preuve de beaucoup de prévenance et de curiosité à l’égard du « Gringo ». La première, elle tient à montrer que, depuis quelques années, la situation intérieure s’est grandement améliorée (Pablo Escobar, le plus célèbre narco de Colombie, a été tué voila déjà près de 15 ans) et qu’il n’y a pas plus de danger à voyager en Colombie qu’au Pérou ou au Vénézuéla. A mon tour, et fort de mon expérience, j’encourage tous ceux qui hésitent encore : allez en Colombie, vous profiterez de paysages magnifiques et diversifiés (plages, montagnes, sites archéologiques, villes coloniales…) et contribuerez à aider les Colombiens à changer l’image de leur pays. Le bémol du séjour : les transports (plutôt chers pour l’Amérique du Sud, peu ponctuels) et les routes (ultra encombrées et souvent sujettes aux glissements de terrain). Le budget (1 euro = environ 2 500 COP) : 21 jours 910 000 COP (env. 364 euros) 17,33 euros/jour Exemples : Hôtel Platypus (Bogota) : 30 000 COP Plantation House (Salento) : 16 000 COP Residencial Menezu (San Agustin) : 10 000 COP Menu du jour : 4 000-5 000 COP Taxi aéroport Bogota-centre : 18 600 COP Bus Santa Marta-Cartagena : 20 000 COP Bus Manizales-Armenia : 15 000 COP Entrée au Parque Tayrona : 25 000 COP Excursion (1 jour) au Parque Los Nevados : 95 000 COP Randonnée à cheval à San Agustin (4 h) : 21 000 COP Tee-shirt souvenir (San Agustin) : 10 000 COP Petit souvenir en céramique (San Agustin) : 2 000 COP