Maintenon

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capucinette

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19 Mai 2010
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Chartres (France)
Bâtie au fond d’une vallée fertile située au confluent de l’Eure et de la Voise, Maintenon se trouve dans la région naturelle du bassin parisien à l’extrême limite du nord de la Beauce, jouxtant le Thymerais. Son sous-sol est composé de différentes couches géologiques. On trouve :

- d’anciens crétacés de la fin de l’ère secondaire pendant laquelle s’est formée la craie ;

- du tertiaire moyen formé de sable de Fontainebleau au Parc, ou d’argile, de silex ou encore de calcaire de Beauce ;

- du tertiaire supérieur formé de sable inférieur, limon des plateaux ;

- de terrains diluviens (sable et gravier) en vallée de l’Eure et à Maingournois ;

- des alluvions modernes en vallée tourbeuse de la Voise

L’altitude moyenne est de 101 mètres. On note 152 mètres au Parc et 125 mètres aux Grandes Cours, au nord de la Ferté.

La ville est arrosée par de nombreux cours d’eau : l’Eure, la Voise, la Marolle, le Guéreau et le canal Louis XIV.



Les noms de Maintenon au fil des temps


On trouve pour la première fois le nom de Mestenon dans un document du XIème siècle. Une étude étymologique de ce nom permet de déterminer l’origine féodale de la terre de Maintenon . Celui-ci est en effet issu de la contraction et de la phonétique d’une expression latine, messum tenemum, appartenant au langage féodal. Le terme messum désignait la manse, c’est-à-dire la demeure rurale avec une quantité de terrains, l’autre terme, tenemum, s’appliquait à une propriété féodale.

Le statut juridique de cette terre évolua et se transforma vers le Xème siècle en manse seigneuriale. On a relevé

:

1123 )

1133 ) Mestenum

1150 )

1160 Mestenom, Mistenom

1170 Mestenom Chef-lieu de la léproserie du grand Beaulieu

1208 Mistenom Chef-lieu du prieuré d’Epernon

1209 Mistelo

1257 Meinthenon Chef-lieu du prieuré de Maintenon

1262 Mentelon

1415 Mainteno Chef-lieu du prieuré de Chuisnes

1595 Maintenon Baronnie

1641 Marquisat

1688 Marquisat-pairie





Situation administrative


Avant 1789 – D’une superficie de 1 ha, Maintenon correspondait avant 1789 à deux paroisses et une collecte, circonscription fiscale de base de la perception de la taille. Dépendant d’Orléans pour le gouvernement et l’intendance, elle était rattachée à Chartres au niveau de l’élection (regroupement de collectes) et de la subdélégation. Elle dépendait aussi de Chartres pour le grenier à sel, la coutume, le bailliage ainsi que pour le diocèse.

Rattachée au doyenné d’Epernon, Maintenon avait deux paroisses, Saint-Nicolas et Saint-Pierre. Le seigneur du lieu, Louis, duc de Noailles, pair et Maréchal de France, était ataché à Saint-Nicolas et le grand archidiacre à Saint-Pierre.

La préparation des Etats généraux eut lieu le 1er mars, présidée par Louis Henry Houy, avocat au Parlement, juge expédient au bailliage de Maintenon. Les députés étaient Louis Richer, procureur fiscal, Louis Henry Houy, Pierre Morice, marchand et Mathurin Lavigne, vigneron. Malheureusement, le cahier de doléances est perdu.



Après la Révolution – Le canton de Maintenon fait partie du district de Chartres. En l’an IX, conformément à la transformation par l’Assemblée Constituante des anciennes divisions de la France monarchique en départements, le canton de Maintenon fait partie de l’arrondissement de Chartres, dans le département d’Eure-et-Loir. Là comme ailleurs, l’état civil passe de la responsabilité du clergé à l’administration.

On assiste également, le 26 février 1792, à la vente de biens nationaux ayant appartenu au clergé, dans le cadre de la spoliation des biens d’Eglise.

Un autre acte de vente du 22 floréal an III concernant la succession de Noailles met en lumière la situation de toute une noblesse acculée à l’époque à émigrer. La description très précise de la ferme qui est faite à cette occasion donne une idée de son importance. Par ailleurs, nous pouvons relever dans des extraits de délibérations du conseil municipal de l’année 1792 que la succession de Noailles est tombée au profit de la République le 26 frimaire an II, ainsi que la décision de fondre les cloches.

Nous assistons également au dépôt à la maison commune des registres de baptême, mariages et sépultures tenus jusque-là par les « deux » curés de la paroisse et à la nomination d’un officier public affecté à leur tenue.

Les manifestations de la République se multiplient : feu de joie pour fêter le succès de l’armée française, chant de la Marseillaise, décision de la destruction des vieilles armoiries et achat d’un bonnet de la liberté.

La lecture de quelques actes officiels, tel celui ayant trait à la laïcisation, permet de mieux cerner cette période de grands bouleversements.



Aujourd’hui - Maintenon, chef-lieu de canton, appartient à l’arrondissement de la préfecture du département, Chartres, et au département d’Eure-et-Loir, en région Centre.


Le Château




Des origines à Madame de Maintenon - Parler de l'histoire du château, c'est parler de la ville de Maintenon, car l'un et l'autre sont étroitement liés durant des siècles.

En 1105 apparaît pour la première fois le nom d'un seigneur de Maintenon. La Tour carrée qui est édifiée au XIIIe siècle, sert de donjon. Rassurant par sa présence, il protège par ses gros murs de grès les habitants de cette région rurale, à la frontière nord du « grenier de la France ».

En 1200, Amaury, seigneur de Maintenon, fait donation aux moines du monastère de Saint-Martin de Marmoutiers de l'église Sainte-Marie, située dans l'enceinte du château, avec les terres qui en dépendent. Une salle voûtée à côté de l’église saint Nicolas pourrait être un vestige de cette église.

De 1200 à 1509, les seigneurs se succèdent. Ils assurent la vie privée du domaine et la vie publique de leur fief, l'un et l'autre étant confondus. Profiteurs et dépensiers, meurtriers, protecteurs et justiciers, ils symbolisent le paradoxe et l'équilibre de la France médiévale. De 1509 à 1530 la société évolue, la féodalité décline. En qualité de créancier des anciens seigneurs, Jean Cottereau qui servit quatre rois Louis XI, Charles VIII, Louis XII et François 1ier, devenu propriétaire de la terre et des murs de Maintenon, s'occupe de l'agrandissement et de l'embellissement de sa demeure. Il conserve les murs d'enceinte du sud et de l'ouest et construit les ailes est et nord, délimitées aux angles par trois grosses tours rondes. L'entrée du château se fait au nord par un pont-levis. Le château est entouré de toutes parts par les eaux de l'Eure. « Le château, comme madame Raindre aimera le dire, entre de plain-pied dans l'histoire, grâce à la marquise de Maintenon et à son royal époux, personnages indissociables de la vie de Maintenon. » Madame de Maintenon le décrit en ces termes à son frère, Charles d'Aubigné : « C'est un gros château au bout du bout d'un gros bourg, une situation selon mon goût, des prairies tout autour et la rivière qui passe dans les fossés. »

Le contrat d'acquisition de la terre et de la seigneurie de Maintenon, y compris celle du Parc, consistait en : « Château, manoir principal, fossés à fond de cave, cours, jardins, enclos, une basse-cour avec plusieurs bâtiments, le tout clos de murs et par la rivière d'Eure et d'une contenance de 25 arpents environ. » Madame de Maintenon devait y ajouter les seigneuries de Pierres, Théneuse et Boisricheux acquises au prix de 34 000 livres, par acte du 25 janvier 1679, ainsi que celle de Grogneul, dont le contrat fut ratifié par Louvois au nom du roi le 31 juillet 1687.

Avant l'époque de Louis XIV, le château était de forme carrée avec quatre tours aux angles et entouré de fossés où coulait l'Eure. La tour carrée, isolée, était reliée à l'un des pignons du château côté ouest par un mur en mâchicoulis que Madame de Maintenon fit démolir pour bâtir l'aile de ses appartements. Elle était reliée, côté est, par un mur crénelé fermant la cour qui fut également détruit. L'aile est, édifiée par Cottereau, Ministre des finances de François 1ier abritait les écuries et les remises. Madame de Maintenon les fit transporter sous la galerie, construite au 1ier étage pour relier le château à l'église Saint-Nicolas, où une tribune avait été aménagée pour permettre au roi d'assister aux offices.

Au moment de la construction de l'aqueduc, Maintenon devint résidence passagère de la cour. Louis XIV voulut lui apporter des embellissements. Il fit dessiner par Le Nôtre le parc et le parterre, creuser le grand Canal qui passe sous l'aqueduc et planter deux belles allées sur ses rives. En 1683, à la demande de Louis XIV et sous sa surveillance, Vauban et La Hire entreprirent la construction du monumental aqueduc. Détournée, la rivière devait alimenter les jeux d'eau de Versailles. Abandonné au tiers de sa réalisation, l'ouvrage fut donné à Madame de Maintenon en dédommagement des tracas qu'il avait pu lui occasionner. A cette occasion, Madame de Maintenon fit abattre le mur sud.

De 1674 à 1698, la présence de Madame de Maintenon en ces lieux, fut moins importante qu’elle ne l’envisageait au départ du fait de ses fonctions de gouvernante des enfants illégitimes du roi, puis en tant qu’épouse secrète du roi. Louis XIV et les princes de la famille royale y firent de fréquentes visites et y résidèrent souvent. Madame de Montespan y mis au monde Mlle de Blois. Racine y écrivit ses tragédies Esther et Athalie pour les demoiselles de Saint-Cyr.