Bonjour monkiwi,
Je me permets d'insister parce que la question du TRC, et surtout la manière dont la TAAN interprète la nouvelle réglementation relativement au trekking indépendant, est importante pour les trekkers et est largement débattue présentement sur le WEB.
Le Trekking Registration Certificate (TRC)
D'accord, l'introduction du TRC n'est pas une mauvaise mesure en soi, même si elle impliquera quelque tracasserie pour les trekkers. Elle permettra sans doute de mettre de l'ordre dans l'industrie du trekking qui en a bien besoin.
Le trekking indépendant
Je trouverais déplorable toutefois que l'on profite de l'introduction du TRC pour mettre fin au trekking indépendant. De très bons porteurs-guides gagnent bien leur vie dans leur région grâce au trekking indépendant tout en chargeant des prix justes, qui ne sont pas artificiellement gonflés par la marge de profit des agences. À terme, les trekkers ne risquent-ils pas de payer beaucoup plus cher pour couvrir la «commission» des agences qui ne seront que des intermédiaires n'apportant vraisemblablement aucune plus value, ni aux trekkers, ni aux porteurs-guides. Et comme tu le suggères, on peut effectivement penser que la TAAN n'éprouvera aucune difficulté à jouer sur les prix. Elle contrôlera le marché. Le gouvernement népalais a d'autres chats à fouetter par les temps qui courent.
La condition des porteurs
Quant à l'amélioration de la condition des porteurs, je n'en suis pas si sûr. Il est bien connu que de nombreuses agences, enregistrées ou non auprès du gouvernement, n'ont aucune charte éthique relativement aux conditions de travail faites à leurs employés. On leur reproche notamment de prendre la part du lion dans le prix chargé aux trekkers pour les services d'un porteur et d'un guide. Rien n'indique pour le moment que la nouvelle réglementation améliorera effectivement la condition des porteurs.
Les motifs de la TAAN
Je ne crois pas beaucoup aux motifs vertueux invoqués par la TAAN pour l'introduction du TRC : sécurité des trekkers, contribution au développement durable des régions de trekking, etc. Si tels étaient ses véritables motifs, pourquoi ne se contenterait-elle pas alors d'émettre les TRC tout simplement sans obliger les trekkers à passer par les agences pour pouvoir trekker ? Le discours du développement durable est très à la monde. Mais il suppose justement une prise en main par les populations locales de leur développement... le contraire de ce que préconise la TAAN en voulant concentrer l'industrie du trekking à Katmandou et Pokhara, là où sont majoritairement situées les agences de trekking.
Je crois plutôt que la TAAN veut s'approprier la totalité du marché. L'industrie du trekking au Népal bat de l'aile depuis quelques années. Les propriétaires d'agences ont vu leur chiffre d'affaire diminuer de moitié en 2001 et, si la reprise est amorcée, on est encore loin des records des années de vaches gasses. Le calcul est simple. En coupant l'herbe sous le pied des indépendants, ils seront moins nombreux à se partager la manne. Mais la stratégie est peut-être à courte vue.
Questions
Qu'est-ce que la TAAN entend par «interdiction de faire du trekking indépendant» ? Obligation de voyager avec un groupe organisé par l'agence ? Possibilité de partir hors groupe mais obligation de voyager avec le personnel choisi par le trekker parmi le personnel de l'agence ou plutôt désigné d'office par elle ? Là est toute la différence !
Les trekkers indépendants sont très nombreux au Népal, jeunes et moins jeunes. On le constate sur les forums dédiés au trekking. Plusieurs préfèrent cette forme de trekking. Que feront ces trekkers s'ils ne peuvent plus pratiquer leur sport comme ils l'entendent et avec qui ils l'entendent ? Personnellement, je ne voyagerais pas avec un porteur-guide qui ne m'inspirerait pas confiance, agence ou pas.
Le Népal est un pays magnifique mais il n'est pas le seul en Himalaya à offrir de beaux circuits de trekking. Si cette mesure en vient à introduire trop de contraintes, si le «monopole» de la TAAN amène les agences à l'exagération, n'est-il pas possible que plusieurs soient tentés d'aller voir ailleurs ? Mettre en péril l'industrie du trekking... sans doute pas, tu as raison. Le trekking ne mourra pas mais la question reste posée ! Souhaitons que les agences népalaises sérieuses fassent preuve de clairvoyance et donnent le ton.
Aziman