Réflexions sur une royale démocratie

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fourniguet

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9 Janvier 2007
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pays de loire
La Thaïlande rappelle, dans l’esprit de beaucoup, des films d’espionnage avec James Bond de Ian Fleming dans « 007 L’homme au pistolet d’or » tourné au large de Pukket, des romans policiers de Jean Bruce avec OSS117 dans : « Double Bang à Bangkok ». Pour d’autre cela évoque un pays de luxure et de débauche, les massages et la prostitution.
Se dire, « Nous partons pour la Thaïlande. » nous met en état d’excitation. Être à La Haie et le lendemain débarquer à l’aéroport de Bangkok parait complètement inimaginable. La fébrilité augmente, nous allons en tous sens sans le moindre rendement, tout est à préparer et rien ne se fait.
Ça y est, nous décollons. Le calme est revenu. Les choses se concrétisent et curieusement l’excitation retombe.
Nous posons le pied sur le sol Thaïlandais. Nous franchissons les postes de police et de douanes. Sortis de l’aérogare, avec nos bagages, nous prenons un taxi. Tout cela se déroule comme si nous étions de vieux habitués...
Les habitués sont très vite complètement dépaysés. Le chauffeur de taxi nous conduit, à 140 kilomètres heure sur une route limitée à 110, tout en nous parlant. Parler n’est pas dangereux, sauf quand il se retourne pour nous regarder en même temps. Il demande également que nous le payions durant le trajet. Il encaisse et fait la monnaie toujours à la même vitesse. Notre arrivée très sportive sous l’immense porche du « Palace Hôtel de Bangkok » attire les porteurs de bagages et les portiers qui se précipitent dans l’espoir de quelques Bath.
Dans le vaste hall garni de tapis, aux boiseries sculptées, aux gigantesques lustres de théâtre, une foule bruyante de gens en uniformes et badges très officiels se croisent. Au comptoir, notre anglais ne semble pas correspondre à celui de la réceptionniste. Il faut longtemps parlementer et s’expliquer en « petit nègre » pour obtenir le sésame de notre chambre. Là encore l’orient désoriente. Nous découvrons une vaste chambre meublée d’un lit de 2 mètres de large équipée d’une climatisation bruyante. Deux fauteuils, une petite table, deux chaises, un bureau, une télévision, une table de chevet « électronique » qui pilote la télé, la radio, le réveil et toute les lampes donnent un air de luxe. Un faux luxe où tout est plus ou moins déglingué.
Si nous prenions l’air, une petite promenade tranquille en attendant ce soir où nous retrouverons le reste du groupe. C’est plutôt l’air qui nous a pris, pris à la gorge. La rue ressemble à une vallée embrumée où circulent toutes sortes de véhicules. Pour certains, on n’imaginait même pas que cela existait. Enfin ils roulent tous, où du moins essaient dans un embouteillage monstre qui s’écoule on ne sait comment. Le bruit des moteurs assourdissants se trouve couvert par le concert permanent des klaxons.
Voila un marché, il faut y aller voir. Nous devrions y trouver plus de calme. L’étroit passage franchi, nous sommes happés par une ruée vrombissante, telle un essaim. Plus question de s’échapper. Suivons le mouvement. Nous allons bien arriver quelque part où nous pourrons nous nous enfuir, nous libérer. Dans ce labyrinthe, progressivement nous nous sentons moins oppressés, moins compressés aussi. Et puis, nous voila seuls à errer dans un dédale de passages étroits, bas, peu éclairés, bordés de magasins sans client, sans vendeurs… où est la sortie?
Enfin dehors, à l’air impur, mais dehors; changeons de quartiers. Traverser la rue, avec ses deux fois quatre voies est assez périlleux. Je pense que trouver un passage aérien serait plus prudent. Justement là-bas à ce carrefour, j’en vois un. Nous y allons, montons les escaliers. Pour atteindre le couloir de traversée, il faut encore côtoyer les câbles électriques qui forment de véritables écheveaux, qui plus est emmêlés, situés à portée de main.
Comment peut-on vivre calmement dans un tel capharnaüm. Les thaïs mangent sans se soucier de l’environnement sur de petites tables en bordure de rues. Approchons nous, il faut voir ce qu’ils consomment. Le riz parait bien mais ce qui le garni, beaucoup moins appétissant. Impossible de savoir de quel animal provient la viande, si c’est de la viande. Et là, dans des plats, ce sont des insectes et des vers frits. Le plus inquiétant reste l’huile de friture. Le saké doit aider à aseptiser la nourriture.
Il y a ce qu’aucun film ne traduit, qu’aucune photo ne représente : l’odeur. Elle flotte en tout lieu. Inutile de chercher un refuge, il est lui-même empli de ces effluves de friture, des fumées de voitures, des nuages dégagés par les bus et les camions. Il faut dire que vingt millions d’habitants et autant de chiens errants génèrent tout ce qu’une grande métropole à de pire. Ici, pas de contournement pour les poids lourds, ils passent au plus court…en distance mais pas en temps. Les agents de police et les vigiles de magasins portent tous des masques. Une heure sans bouger dans un carrefour peut être fatale à celui qui essaie en vain de régler la circulation.
Les chaudes soirées nous incitent à de petites balades nocturnes. Arpenter un marché, ou ce qui en reste, le soir offre son lot de surprises. Un boucher découpe sur une planche, par 30 degrés, des volailles pour la vente du lendemain. Elles sont accrochées à une barre de fer et passeront ainsi le reste de la nuit. Les crapauds sont dépouillés et empilés sur un plateau. Les déchets s’éparpillent au sol et attirent toutes sortes de bêtes. Quelques gros rats, bien nourris, nous passent entre les jambes pour aller se réfugier dans un tuyau d’égout. Quant aux cafards, ne pas les écraser relève du miracle.
Tout n’est pas noir, ni même gris, le blanc existe. Ou plutôt la couleur, elle est partout. Les fleurs arrivent, elles, à respirer et donner de la fraîcheur. Il ne faut pas oublier les Thaïs qui sont toujours souriant, peut-être le sourire de celui qui à roulé l’autre, le sourire asiatique qui ferment des yeux déjà peu visibles. Le sourire est vraiment le propre des Thaïs. Il suffit de demander un renseignement, bien que ne comprenant rien, il répond en riant. Finalement c’est certainement nous qui en sommes la risée.
Sortir le soir dans des villes tentaculaires ne peut se faire autrement qu’en utilisant les taxis ou les bus. Cela ne manquent pas. Il est possible de prendre un cyclopousse. Mais là encore j’ai honte de me laisser transporter, assis dans une nacelle tirée par un vélo. Surtout si pour pédaler, les « proxénètes du transport » emploient des enfants. Celui qui nous emmenait, car nous étions deux dans la nacelle, n’avait que treize ans. Chaussé de tongs trop grandes, debout sur les pédales, par 30 degrés, il transpire sang et eau. Comble de malheur, sa chaîne déraille souvent et pour finir elle casse. Nous lui demandons de terminer à pied. Il refuse et c’est en courant à coté de son vélo qu’il nous ramène dans notre confortable hôtel climatisé.
Il ne faut pas oublier les paysages qui sont souvent de rêve. Les arbres énormes étalent leur ombre sous un feuillage dense coloré de fleurs. Les rivières nous offrent aussi la fraîcheur et le calme. Certaines, proche de Bangkok, ont le privilège d’être le théâtre des marchés flottants. On s’y rend en pirogues à moteur. Elles projettent des gerbes d’eau sur les habitations lacustres. Les habitants riverains de ces canaux font la vaisselle et la toilette, lave le linge dans ces eaux brassées par les hélices des bateaux. La rivière est la cour de récréation des enfants. Là où ils se baignent, je n’ose pas tremper un doigt.
C’est un pays de contraste où le faste et le lustre côtoient le rustique et parfois la misère. Mais qu’importe, pour eux c’est normal, c’est la destinée. Le fatalisme est la règle des pauvres. Le bouddhisme aide les populations défavorisées à admettre ces dures conditions. Et puis la toute puissance d’un roi à la fortune colossale impose un respect total aux lois et aux traditions, l’adoration, la vénération du souverain, c'est-à-dire lui même. C’est en dictateur, maître absolu qui organise ses anniversaires pour des coûts extravagants au mépris d’une population exploitée. Cela va jusqu’à certaines ethnies. Les femmes girafes, au cou impressionnant étiré par des empilages d’anneaux, sont des figurantes payées par le gouvernement pour maintenir le tourisme. En contre partie de cette largesse, pas question de quitter le village, il leur est interdit de sortir de la réserve attribuée. Le drame est de voir des fillettes porter déjà les colliers de torture. Dans les tribus montagnardes, les enfants apprennent des chansons en différentes langues pour faire une aubade aux visiteurs. Et le visiteur que je suis est très gêné, déranger profondément en voyant ces petits « singes » chanter le « Pont d’Avignon » sans en comprendre le moindre mot.
La Thaïlande vous apparaît bien sombre… détrompez vous. C’est un joyau. Partout où que l’on aille, nous découvrons des merveilles. Dans chaque ville nous pourrions visiter au moins un monument. Ce n’est que dorure et gigantisme. Cela va du plus grand bouddha, au plus sacré, au plus vieux, au plus… et c’est toujours avec le même respect et ferveur que les Thaïs parlent de ces richesses. Ils parlent également en mêmes termes du très vénéré roi Rama IX.
Je ne souhaite pas brosser un triste tableau de ce superbe pays. Mais il faut savoir que tout cela existe et se voiler la face ne sert à rien. Les enfants que nous avons vus travaillent. Bien sûr l’école est obligatoire jusqu’à 12 ans, mais seulement 12 ans et après ? Et puis il n’y a pas de moyen de contrôle efficace pour vérifier que tous reçoivent l’enseignement d’état. Il faut être présent une demi-heure avant la classe, c'est-à-dire 7 heures 30. A 8 heures rassemblement dans la cour, en rang, presque au garde à vous, pour le lever du drapeau tout en chantant bien fort l’hymne national. Il faut être présent pour entendre la liste des punis avec les sanctions attribuées, puis la liste des honorés avec les récompenses… l’école en fera des citoyens.
 
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Kikou67

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2 Novembre 2005
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Thailand, Chiang Mai
Hello,

J'ai beaucoup aimé ta description de Bangkok, cela m'a rappelé mon premier passage dans la capitale thailandaise...

Après y avoir passé plusieurs fois, j'ai appris à aimer cette effervescence et c'est maintenant une étape obligée lors de chaque voyage en Thailande, j'y pars d'ailleurs vendredi et suis impatiente d'y être!

C'est vrai que la vie n'est pas rose pour tout le monde en Thailande, mais n'est-ce pas ainsi dans tous les pays du monde?

Certaines choses en Asie nous choquent nous occidentaux, mais n'oublions pas que c'est la même chose dans l'autre sens.

Les Thailandais (entre autres) sont des gens très souriants et accueillants, malgré leur vie difficile. Notre niveau de vie est meilleur en Europe, mais les gens souriants y sont très rares... Chercher l'erreur... :oops:

Quant à la royauté, le peuple thailandais aime son roi. A nous de respecter ceci et de ne pas critiquer la famille royale.

Quoi qu'il en soit, il est vrai que la Thailande est un joyau, surtout si l'on sort des sentiers battus. J'aime ce pays et ses habitants.
 
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fourniguet

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9 Janvier 2007
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pays de loire
bonjour,
je connais bien la Thaïlande pour y être allé de nombreuses fois et entre autre pour y travailler.
je respecte le peuple Thaïlandais, ses coutumes et traditions. Je reconnais également l'écart des niveaux de vie. J'ai par contre beaucoup de mal à supporter l'exploitation des enfants et des tribus minoritaires. L'image transmise aux touristes n'est qu'une façade pour nous libérer de tous scrupules. Mais acheter un produit Thaï fabriqué au mépris de l'age et de la santé me dérange beaucoup, moi l'occidental. j'ai 60 ans et après avoir travaillé dans 68 pays de par le monde j'ai appris que la vie à un réel prix et que l'on ne peut pas jouer avec elle.
Quant à la famille royale, le message des guides de voyage locaux et des traavailleurs que j'ai rencpntré n'est pas exactement le même. Là encore je respecte leurs idées mais je suis tout de même choqué par la soumission imposée par la puissance de l'argent aidée des grands moyens, police et d'armée.
je te souhaite un excellent séjour et le pays reste malgré tout envoutant.
daniel
 
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Kikou67

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2 Novembre 2005
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Thailand, Chiang Mai
Bien sûr que tout n'est pas rose dans ce pays, je voulais juste dire mais est-ce pire qu'ailleurs dans le monde? Mais après avoir travailler dans 68 pays du monde, tu dois en savoir quelque chose...

Si tu as des conseils à donner aux voyageurs autres que ceux que tout le monde connait et qui figurent dans tous les guides de voyage, n'hésites pas, ils seront les bienvenus :wink: même s'il s'agit de petites choses individuelles, se sont les petites goutes d'eau qui créent les rivières.