Une autre vision du voyage au Népal

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foudelinde

Membre
25 Janvier 2006
4
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france
Bonjour,
J'ai trouvé toutes les conversations précedentes très intéressantes...
Pour moi qui travaille pour les enfants des rues à travers le monde et en particulier au Népal à Patan, de suivre quelques conversations sur des sites comme celui-ci c'est-à-dire des sites pour « touristes », est une mine d’or pour essayer de comprendre comment l’occidental parle d’un pays si éloigné de sa propre culture, ce qu’il croit en savoir, etc, etc.
A mon avis, pour ce qui concerne le Népal actuellement, passé les problèmes de pollution, de trek en montagne, de moussons, de bouses de vaches dans les rues, et de nos petits malheurs de voyageurs, il y a quand même un roi despotes, des partis corrompus, des maos terroristes, une armée terroriste… et le problème à notre niveau, qu’on vive en France, au Népal ou ailleurs, c’est agir pour le peuple qui est la première victime des conflits. C’est lui qui crève chaque jour, c’est lui qui n’a même plus la force de rêver à des jours heureux. Nous ne changerons pas le régime politique népalais. Une démocratie ne s’impose pas en un débat dans un pays qui n’a jamais connu qu’un système royaliste et pire qui considère son souverain comme un Dieu.
Alors avec l’association, que nous avons fondé, nous essayons modestement de redonner le sourire aux enfants. Nous avons créé une maison d’accueil pour qu’il puisse reprendre le chemin de l’école et ainsi rêver d’un avenir meilleur.
Donc rien ne sert de débattre sur ce qui est bien ou mal au Népal dans sa gestion politique, car ce n’est pas nous qui pourrons changer quelque chose demain, ce sont ces enfants qui auront grandit correctement et qui seront faire valoir leur droits. Oui c’est long… et ce ne sera pas peut-être pas un des enfants que nous accueillons actuellement qui viendra tout changer demain. Mais on aura eu le mérite d’essayer. Et avec le soutien d’autres nous pourrons en aider d’autres… c’est là qu’est l’urgence !
Les enfants sont éduqués par des locaux à qui nous donnons du travail. Et la maison est financée par des parrains en France, qui ont compris qu’ils pouvaient partager le « trop » de notre société.
Nous occidentaux, nous avons les moyens de changer nos comportements pour influencer l’ordre mondial : le commerce équitable est une alternative, notre association en propose grâce à la création d’une structure de commerce équitable qui aide 1.200 petits producteurs du Népal (au moins pour ceux là, leurs enfants ne finiront pas dans les rues demain) et le tourisme solidaire (désolé j’ai été un peu long à y venir).
Nous proposons et incitons à partir au Népal pour aider ce peuple à se relever. Quelques soient les conditions au Népal : aucun cas de touristes tués par la guerilla et ça ne changera pas, aucun des acteurs de cette putain de guerre n’aurait à gagner à alerter l’opinion mondial. Nous proposons d’aller rencontrer les populations, de vivre avec eux, de partager la vie des enfants de la maison, d’aider des femmes guides rassemblées en association pour tenter un avenir meilleur, de voir ce pays magnifique, de découvrir ses cultures et ses montagnes, tout en respectant l’environnement, etc.
Pour ne pas me faire taxer de faire de la publicité sur ce site, je n’ai pas cité le nom de l’association et suis resté succinct sur le contenu des actions que nous menons. Je répondrai volontiers à tous ceux qui souhaiteraient plus d’informations.
Bonne route voyageurs…
Frédéric
 
Azimut

Azimut

Tintibet
11 Juin 2005
528
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68
Québec (Canada)
www.zonehimalaya.net
Bonjour Frédéric,

Je suis tout à fait d'accord avec vous sur le fond, notamment en ce qui a trait au « voyage solidaire ». L'écotourisme responsable au Népal constitue un moyen, parmi d'autres, de contribuer au développement durable de plusieurs communautés. Bien sûr, tout n'est pas parfait et toutes les communautés n'en bénéficient pas également. Mais il y a un début à tout.

J'éprouve de l'admiration pour ceux et celles qui s'engagent dans l'action humanitaire et je trouve louable votre appel au tourisme solidaire. Votre message en sensibilisera plusieurs, je l'espère, à la misère vécue par le peuple népalais.

Je me suis interrogé toutefois sur le passage suivant :
A mon avis, pour ce qui concerne le Népal actuellement, passé les problèmes de pollution, de trek en montagne, de moussons, de bouses de vaches dans les rues, et de nos petits malheurs de voyageurs...
Ce passage ne pourrait-il pas être interprété par certains participants comme un jugement sur l'à-propos de ce genre de préoccupations pour ne pas dire leur futilité par rapport aux préoccupations qui vous animent et à votre « autre vision du voyage » ?

Convenons que chacun a sa vision du voyage et toutes les visions sont parfaitement légitimes. Les motivations qui poussent les gens à voyager sont fort variées : affaires, plaisir, apprentissage, découverte, action humanitaire. Aussi, il me semble indiqué que les forums sur le voyage traduisent l'ensemble de ces visions et des préoccupations qui en découlent.

Pour en revenir à l'essentiel, tout voyageur qui se rend au Népal, quelle que soit sa motivation et sa vision du voyage, apporte d'une certaine façon sa contribution, si modeste soit-elle, au mieux être des Népalais. C'est l'ensemble de ces contributions, lorsqu'elles se chiffrent en milliers, qui peuvent faire une différence. Je vous rejoins parfaitement.

Aziman
 
F

foudelinde

Membre
25 Janvier 2006
4
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9
france
très agréablement surpris par votre réponse

Bonjour,

J'ai été très agréablement surpris par la réponse que vous avez faite suite à mon message sur le tourisme solidaire. Il n'y pas beaucoup de réponse mais au moins celle-ci est pertinente et constructive. Merci!

En effet je me permets de juger certaines manières d'appréhender le tourisme, c'est pourquoi je propose l'alternative pas simplement de l'"écotourisme" mais du tourisme solidaire. Ce type de tourisme n'est rien d'autre de plus qu'une invitation "naturelle" au respect des peuples et des paysage des pays que nous croisons.

Chacun de nous doit apprendre à voyager afin d'éviter les catatstrophes qu'entraîne le tourisme de masse. On ne peut pas se comporter de la même manière dans chaque pays du monde,on peut pas se comporter de la même manière que chez nous, nous devons apprendre à découvrir les différences, sans chercher à les applanir pour rendre le voyage plus agréable ou plus "comme chez nous".

"Chacun sa vision du voyage" oui, mais avec des régles communes pour le respect de l'Autre chez qui nous nous rendons quelques soit ses motivations!!

Il y a par exemple des gestes à éviter en voyage et que nous rencontrons pourtant encore et encore. Il ne faut pas donner d'argent à un enfant dans la rue. Il n'y a pas de débat là dessus. Cela les incite à y rester, il n'y a rien de plus pervers !

En conclusion, je tiens à redire que je ne juge pas les personnes directement, mais bien des comportements que j'ai moi même observé. (ou que j'ai malheureusement moi-même eu). Et je tente de prévenir au mieux pour éviter de reproduire ces erreurs.

Nos programes invitent à devenir des touristes respecteux. www.enfantsdetoupays.com

Frédéric
 
J

J.M.

Membre Pilier
6 Septembre 2005
4 010
10
113
valence
www.voyages-transversales.com
Le tourisme solidaire par son mode de fonctionnement ne peut être que marginal tout simplement parce qu'il a une capacité d'accueil réduite. Le tourisme solidaire ne permet pas de recevoir des millions de touristes comme c'est le cas pour certains pays.

Quand je parle de tourisme solidaire j'entends des structures spécifiques en dehors des réseaux habituels. Bien que très souvent tourisme solidaire et tourisme traditionnel soient sur le même espace.

En outre toute une partie de l'activité touristique est affaire de professionnels, et les réseaux dits solidaires ne sont pas toujours à la hauteur de la tâche à accomplir. Surtout que le touriste, en général, est de plus en plus exigeant quant à son confort.

En fait tout tourisme peut être solidaire si ceux qui sont employés sont payés de façon décente. C'est là où se trouve la faille principale.
L'immense majorité des touristes se paient des "séjours de rêve" pour trois francs six sous en république Dominicaine ou à Bali parce que les employés sur place sont payés avec des cacahuètes.
Personnellement je pense que le principal combat pour que les retombées du tourisme soient un peu mieux partagées, est le combat sur les salaires.

Ensuite il y a l'attitude et le comportement du touriste en voyage. Après plus de 20 ans d'expérience en tourisme, principalement comme guide, je peux affirmer que l'attitude du touriste n'a rien à voir avec la structure organisatrice. Il y a de parfaits crétins qui passent par le réseau dit solidaire (voire humanitaire), et dans le même temps on a des gens qui font preuve d'un total respect bien qu'ayant recours à des agences traditionnelles avec service luxueux.
Et si je devais faire un bilan, suite à ma longue expérience du terrain, je dois hélas constater que le pire des touristes est bien souvent le routard.
 
Azimut

Azimut

Tintibet
11 Juin 2005
528
1
68
Québec (Canada)
www.zonehimalaya.net
J.M. a écrit :
je peux affirmer que l'attitude du touriste n'a rien à voir avec la structure organisatrice.
En ce qui a trait aux impacts du voyage sur les pays visités et les communautés locales, je suis d'accord avec vous. Les agences ne sont pas responsables de l'attitude de leurs voyageurs. Je considère toutefois qu'elles ont un rôle important à assumer dans la conversion du tourisme de masse en écotourisme.

Nous savons que par opposition au tourisme de masse, l'écotourisme consiste essentiellement à favoriser la découverte d'un milieu naturel tout en préservant son intégrité et la culture des cummunautés qui y vivent, de même qu'à faire bénéficier les populations locales des retombées qu'il génère pour en faire un levier favorisant le développement durable de leurs communautés.

On estime que le tourisme de montagne génère des recettes d'environ 75 milliards de dollars par année en attirant chaque année 50 millions de personnes. Les derniers chiffres que j'ai vus situaient la part de l'écotourisme à moins de 5% de l'ensemble du tourisme de montagne ! C'est bien peu... même si l'écotourisme est en forte croissance.

L'écotourisme, c'est une forme de voyage qui postule une attitude responsable. Il progressera d'autant plus que les voyageurs y seront sensibilisés. Or c'est au titre de la sensibilisation que le rôle des agences devient important. Celles qui se donnent une charte éthique en ce sens et qui prennent les moyens pour l'appliquer sur le terrain peuvent contribuer au virage en sensibilisant les voyageurs moins conscientisés. En ce sens, les agences ont aussi une responsabilité. Que l'on organise soit même son voyage, que l'on fasse appel à une agence ou que l'on soit voyagiste, l'écotourisme, et surtout l'esprit qui l'anime, est l'affaire de tous.

Ne nous leurrons pas. L'écotourisme, aussi louable soit-ilt, est un peu un concept idéal. Nous nous efforçons d'y souscrire et nous y parvenons de plus en plus et de mieux en mieux... mais pas toujours. Les routards ne sont pas différents des autres à mon humble avis. Il est question ici de sous, d'économie, de conditions de travail, de profits, de rentabilité. Des éléments liés aux modes de fonctionnement des sociétés que nous avons bâties. Si la solution n'est pas parfaite, elle est tout de même préférable au vieux modèle et mérite notre attention. Nous devons bien ça aux communautés qui nous accueillent en retour de tout ce qu'elles nous apportent... voyage après voyage !

Aziman
 
P

passevoyages

Membre Actif
15 Décembre 2005
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35
Paris
www.i-trekkings.net
Bonjour Foudelinde,

Je peux comprendre ton sentiment de décallage. Je suis personnellement parti un mois pour une mission de solidarité auprès d'enfants dans de petits villages de l'est du Népal (c'est court je sais). J'ai enchainé avec un trek dans le Khumbu, hautement touristique.

Sur le moment, j'ai été fortement interloqué par la différence de vie. J'ai eu le sentiment de passer d'un pays à un autre tant les besoins essentiels ne sont pas les mêmes.

Je suis d'accord pour dire qu'il faut promouvoir un tourisme respensable (qui ne le pense pas). Mais j'ai des doutes sur cette orientation. Car le tourisme au Népal est amené à se développer davantage selon moi.

Je suis assez d'accord sur ta vision du monde politique. J'espère que ce chaos va évoluer car ce sont les populations, notamment des campagnes, qui trinquent.

Greg