Le papillon bicolore

carnavalCelle que les Amérindiens Caraïbes baptisent au XIVe siècle Karukera, « l’île aux belles eaux », se dessine sur deux facettes bien distinctes. L’aile plus à l’est, Grande-Terre, porte un paysage plutôt plat, bordé de belles plages, et ponctué de villes économiques et touristiques ; L’autre, Basse-Terre, abrite une nature plus sauvage et débordante organisée selon un relief tourmenté, façonné par le volcan-mère, la Soufrière, et des villes et villages plus discrets, comme autant de traces d’une Guadeloupe authentique, sans fard.

C’est souvent le soir (dès que le soleil décline, à partir de 17h !) que l’on arrive en Guadeloupe sur Grande-Terre, en posant le pied sur le tarmac de l’aéroport de Pointe-à-Pitre. A peine sorti de l’avion, le ton est donné : l’air chaud et l’humidité s’emparent des corps, les enveloppant d’un souffle plus ou moins lourd selon la saison. concours culinaireLe ciel se charge d’une ambiance sonore caractéristique des Antilles, et se sont des grenouilles tropicales, minuscules et cachées, qui par milliers orchestrent cette symphonie nocturne. Le décor est planté, bienvenue à Pointe-à-Pitre. Quand le jour se lève sur cette capitale économique, on ne peut être que surpris par ce que l’on découvre. Enorme carrefour routier entre les deux terres, succession de zones d’activités portuaires (commerce avec le fret et tourisme avec des navettes pour les îles voisines), la ville est un enchevêtrement de quartiers disparates, avec des rues qui ont parfois l’air d’être laissées à l’abandon sous des guirlandes de fils électriques sur des trottoirs défoncés. Ici, le visiteur est confronté à la réalité économique et sociale qui a secoué l’archipel, jusqu’au point d’orgue lors des grèves générales et paralysantes de plusieurs mois en 2008-2009. L’île se relève doucement, mais on peine toujours à trouver le charme colonial qui a du jadis habiller Pointe-à-Pitre, si ce n’est sur la Place de la Victoire quelque peu défraîchie, avec la Maison de Saint-John Perse qui protège l’âme du poète de ses structures en fer forgé et boiseries. La ville retrouve toutefois les couleurs qu’elle a perdues dans ses murs lors du Carnaval en février, ou toute l’année sur le marché aux épices, ou marché Saint-Antoine, et le marché de la Darse, tout le long du quai du même nom. Marina du GosierFruits, légumes, poissons, souvenirs, doudous aux robes de madras chatoyant, vendeurs de journaux, de bonbons, de pommes-surettes macérés dans le rhum…le monde créole se ragaillardit dans toute son exubérance et son joyeux désordre sonore et visuel. Pointe-à-Pitre n’est pas une ville où l’on passe beaucoup de temps, le soir il n’y a pas grand-chose à faire. On se dirigera plutôt vers le Gosier, à 7 kms au sud-ouest (où se concentrent hôtels-clubs et boîtes de nuit), et la Marina et ses bars et restaurants, point d’arrivée de la fameuse Route du Rhum qui a lieu tous les quatre ans en novembre (9e édition en 2010).

En suivant la côte est, Sainte-Anne se dévoile. Ravagée par le cyclone Hugo en 1989, tout son charme se décline sur ses plages, quelques unes des plus belles de Guadeloupe. Parmi elles, la Plage Municipale , toute blanche, aux eaux turquoise, où l’on déguste un sorbet coco aromatisé au zest de citron vert entre deux parties de foot improvisées, et la magnifique plage de la Caravelle, celle de l’hôtel Club Med. A Saint-François, la plage des Raisins Clairs, plus sauvage, plus confidentielle, tient toutes ses promesses de calme et de splendeur paradisiaque. A la Pointe des Châteaux, changement de décor : la terre battue par la mer et les vents se découpe le long d’un sentier menant en haut de la falaise, d’où l’on a une vue superbe sur la Désirade et toutes les anses qui façonnent  la côte.
Au nord, on retrouve ce paysage, d’abord à la Porte d’Enfer, la mal nommée tant ses eaux et l’esprit des lieux sont paisibles et préservés. Puis à la Pointe de la Grande Vigie, du haut d’une impressionnante falaise de 80 mètres, on peut distinguer la Désirade, Antigua et Montserrat. Selon la saison, on peut même avoir la chance d’y voir le souffle des baleines en pleine migration ! Le retour par la côte ouest vers Pointe-à-Pitre passe par Morne-à-l’Eau, petit village typique dont le cimetière carrelé noir et blanc et classé vaut le détour, en particulier au cours des processions de la Toussaint lorsque brillent toutes les bougies sur les tombes des défunts. Il est à présent temps de plonger dans le poumon vert de la Guadeloupe…
 

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Audrey Bonnet
Publié le 10/11/09
Crédits photos : ©Comité de Tourisme des Iles de Guadeloupe