Des milliardaires qui ont eu le déclic

Les "éco-barons"

Forbes Magazine a récemment publié une liste de 10 milliardaires de toute la planète, philanthropes ou non, qui s'investissent dans la préservation de la planète. Voici quelques-uns de ces riches écolos.

Aux Etats-Unis

Les Etats-Unis ont vu naitre de nombreux protecteurs de la nature en avance sur leur temps.

John D. Rockefeller Junior, de la célèbre famille américaine du même nom, homme d'affaires le plus riche de son temps, fait partie de ces visionnaires. Dans la première moitié du XXe siècle, il prend conscience de ce besoin de protéger le patrimoine naturel américain. Il a acheté des terres dans tout le pays, a contribué à la création et l'agrandissement de nombreux parcs nationaux tels que ceux du Grand Teton, des îles Vierges, d'Acadia ou encore des Great Smoky Mountains.

D'autres ont aujourd'hui pris la relève. Quelques capitalistes du XXIe siècle s'engagent dans ce défi majeur de la sauvegarde de la planète.

Pins des marais Parmi eux, il y a Roxanne Quimby. Elle a construit sa fortune dans les produits de beauté naturels. Elle se consacre désormais à acheter de la forêt : 40 000 hectares en dix ans ! Elle compte en accumuler 80 000, et déposséder les industriels du papier destructeur de ces poumons verts. Ceux-ci seront confiés au Baxter State Park, le plus grand parc naturel du Maine. Elle espère ainsi « laisser la planète en meilleur état qu’ [elle ne l’a] trouvée ». Un autre super-écolo américain se voue aux marais de Floride : Mc Davis. Ce capitaliste convaincu, qui a acquis sa fortune à partir de rien, a eu le déclic et a acheté 20 000 hectares de nature sauvage dans le nord-ouest de la Floride pour revenir au « mode sans échec », c'est-à-dire avant l'arrivée de l'homme destructeur. Sept millions de pins des marais, l'arbre qui recouvrait jadis les deux tiers de la région, ont déjà été plantés, mettant fin aux rêves des promoteurs immobiliers faits de complexes hôteliers, piscines et terrains de golf. Ce rêveur veut réveiller les générations futures à travers des projets de formations.

Douglas Tompkins, cofondateur et ancien patron de la société de vêtements Esprit, s'investit également depuis une quinzaine d’années maintenant. Amoureux de la nature depuis toujours, amateur d’escalade, de kayak en eaux vives, pilote, et même ex-skieur olympique, cet homme d'affaires américain a acquis 8000 km² de nature sauvage en Patagonie et a créé sur ces terres des réserves privées. Il souhaite, à terme, léguer ces terres à l'Argentine et au Chili, car seuls les Etats peuvent leur accorder un statut solide et définitif de parcs nationaux.

Un Afrikaner convaincu

Paysage d'Afrique du Sud Les Etats-Unis n'ont pas le monopole de ces bonnes actions vertes. Décollage pour un pays où la langue est à peu près la même mais l'accent bien plus rude : l’Afrique du Sud. Ici aussi on connaît le phénomène « éco-baron ». La deuxième fortune d’Afrique du Sud, Johann Rupert, s'est lancé dans l'aventure. Milliardaire et amoureux des terres sauvages, deux mots que l’on associe rarement, mais qui conviennent à cet Afrikaner convaincu qui a repris le flambeau de son père. En effet, déjà M. Rupert senior, fondateur d'un empire du tabac qui a réussi dans la banque et les mines, avait pris la tête du WWF. Pour cette famille, écologie rime avec philosophie. Selon eux, les parcs n'ont un avenir que si les communautés locales s'y investissent. Voilà pourquoi les Rupert mènent le combat jusqu'au bout, et après avoir offert un parc naturel de 20 000 hectares au pays, ils financent désormais une école de formation aux métiers de l'éco-tourisme.
Le but est simple, apprendre à comprendre et à préserver la nature afin que les futures générations puissent également en profiter.

Direction l'Amérique du Sud

Rendez-vous maintenant en Amérique du Sud, plus précisément au Brésil.
Johan Eliasch est suédois en fait, un très riche suédois, avec de très bonnes idées. Il est convaincu que si les hommes d’affaires peuvent continuer à gagner beaucoup d'argent tout en préservant l'environnement, alors la petite poignée d' « éco-barons » deviendra une véritable communauté. Ce conseiller pour l'environnement du Premier ministre Gordon Brown, propriétaire de la marque de sport Head, a acquis 200 000 hectares de forêt amazonienne pour la rentabiliser. Comment peut-on protéger et rentabiliser à la fois ? Et bien, cet opportuniste écolo a eu l'idée de vendre des permis d'émission de carbone aux entreprises qui ont besoin d'équilibrer leur bilan carbone, ce qui leur permet de payer une taxe minime. Le carbone rapporte et ce « droit de polluer » est un véritable filon qui donne bonne conscience, tout en séduisant les capitalistes.
Il est vrai que pour ce qui est de la philanthropie et de la bonne action désintéressée, il faudra repasser plus tard. ### Et le "vieux continent" dans tout ça?

Les terres glacées d'Arctique

En France aussi, il y a de riches défenseurs de la nature qui s'investissent. Etienne Bourgeois et sa mère, plus connue sous le nom Agnès B, participent à la recherche scientifique en mettant à disposition la goélette Tara. Depuis 2003, le bateau a effectué de nombreuses missions dont la très médiatisée Tara Arctic, en 2006, qui avait pour objectif de mesurer l’impact du réchauffement climatique à travers l'étude de l’océan sous-glaciaire arctique. La toute dernière expédition, qui date de fin 2009 s'appelle Tara Oceans. Elle sert à étudier les écosystèmes océaniques et les planctons dans tous les océans du monde. Un tiers des fonds qui servent à cette recherche proviennent des fonds personnel de la styliste. Parmi les plus connus, il est impossible de passer à côté de Richard Branson. Milliardaire, excentrique, très populaire et médiatique, il s'intéresse certes à l'espace, à la F1 (qui est loin d'être un sport écolo n'est-ce pas), mais aussi à l'environnement. Parmi les idées souvent hors du commun de ce richissime britannique, il faut citer la Carbon War Room qu'il a mise en place sur son île. Il s'agit d'un
« brainstorming » de grands esprits et entrepreneurs de la planète qui réfléchissent pour développer les villes du futur : les « éco-cités ». Richard a beaucoup dépensé pour le développement de solutions permettant de diminuer les émissions de gaz à effet de serre, pour développer des carburants alternatifs pour ses avions et pour investir dans des éco-startups (énergie solaire, purification de l’eau, éclairage écologique, etc.). Il propose 25 millions de dollars à celui qui trouvera un moyen de détruire les gaz à effet de serre de notre atmosphère.

"Green-Google"

Comme vous l'avez vu, les “éco-barons” sont une poignée à investir des sommes colossales pour le mieux-être de la Terre. Certains pensent qu'il y aurait même une sorte d'idéal philosophique derrière tout cela. Ces écolo pas comme les autres, souvent discrets, et souvent Anglo-Saxons, font-ils partie de La solution ?

Célia Veloso
Publié le 21/07/2010