Petite excursion dans la ville de Belfort

Une ville culturelle, colorée et divertissante

Belfort ne se contente pas d’un riche passé historique pour faire valoir son importance. Dans ses ressources touristiques, on peut également trouver quelques musées, un bon nombre d’espaces verts et une vieille ville réhabilitée et charmante.

Porte de Brisach
La porte de Brisach Si la culture vous intéresse, il faudra vous diriger vers la tour 41, classée en 1971, et aménagée pour accueillir le musée des Beaux-arts (celui qui a été exclu de la caserne). La forme pentagonale de la salle annulaire impose aux collections une répartition en cinq thèmes très judicieuse et qui ne manquera pas de vous instruire sur les allégories, les portraits, la peinture religieuse, la nature mais également sur Camille Lefèvre, sculpteur et peintre. La tour 46 complète ce fond permanent par des expositions temporaires valorisant la plupart du temps les célébrités régionales (Frédéric Auguste Bartholdi en 2004**, Le Corbusier** en 2005 et Jean Messagier en 2006 par exemple).   
La donation Maurice Jardot se préoccupe quant à elle de l’art moderne. Dans une ancienne maison de maître, ce ne sont pas moins d’une centaine d’œuvres de grands peintres (Picasso, Léger, Braque) qui tapissent gracieusement les murs. Le moderne et le contemporain à Belfort s’exportent même dans la rue. Sur la rive droite de la Savoureuse, sinusoïde aqueuse qui porte bien son nom et rafraîchit la ville, le mur peint d’Ernest Pignon Ernest, réuni des hommes et des femmes de cultures latine et germanique autour d’un banquet. Les Belfortains et vous-même pourrez alors observer Friedrich Nietzsche bavarder avec Marlène Dietrich, Victor Hugo rencontrer Molière…
Il n’est donc même pas nécessaire de pénétrer dans les salles climatisées des musées pour voir de l’art. Un simple tour dans la ville suffit. En plus, en parcourant ainsi les pavés de Belfort, vous découvrirez une vieille cité rénovée et frémissante.

Cathédrale St-Christophe
La cathédrale St-Christophe La vieille ville, sur la rive gauche de la Savoureuse, est l’extension d’une petite bourgade initiale datant du Moyen-âge. Quelques habitations au pied de la colline de ce Bellum Fortem (« beau site », allocution qui donna son nom à Belfort) ont en effet inauguré l’urbanisation. Les rues s’étendent et se densifient, les Alsaciens viennent profiter du Sud des Vosges. Les bâtiments prolifèrent. Des églises sont construites pour permettre à la population grandissante de se repentir de ses péchés (cathédrale Saint-Christophe élevée de 1727 à 1752 en grès rose**, temple de St-Jean** plus tardif et dans la nouvelle ville). Des industries s’implantent pour subvenir au besoin de tous ces nouveaux arrivants et finalement, la ville grossie. Elle se libère alors de la barrière de la Savoureuse et conquière la rive gauche. Une nouvelle zone apparaît : commerciale cette fois-ci. Les commerces fleurissent et les grands magasins viennent appauvrir les fans de shopping. Mais l’intérêt reste dans la partie la plus ancienne de la ville.
C’est là en effet que l’on trouve l’Hôtel de ville faisant le pendant à l’église St-Christophe. Construit en 1924 pour François Noblat, prévôt et bailli, la ville acquière l’édifice en 1785 et le dote d’une Salle d’Honneur, magnifiée par des tableaux illustrant l’histoire passionnante de Belfort. Encerclée par le profane et le civil, la place d’arme est aussi envahie par le symbolique. Une statue trône en son centre : la statue « Quand Même ». Œuvre d’Antoine Mercier, elle figure une alsacienne soutenant un soldat du siège de 1870/71 qui succombe à ses pieds. Elle a été implantée là grâce au surplus d’argent corrélatif à la souscription nationale levée pour la construction du lion. 
Pas loin de là, la salle des fêtes et le marché couvert, vaste structure du Second Empire alliant le verre et l’acier avec talent, sont également dignes d’intérêt.

Fontaine
Fontaine Mais ce qui l’est surtout, c’est un petit tour improvisé dans la vieille ville. Débarrassez-vous de vos plans et de vos guides et allez fouiner au gré du hasard dans les vieilles ruelles étroites. Celles-ci laissent apercevoir, entre deux rangées de constructions bien colorées et bien alignées, les délicieuses collines boisées des Vosges. Depuis la réhabilitation des années 80 exigée par le maire de l’époque, Jean-Pierre Chevènement, chaque bâtisse a le devoir de sélectionner trois couleurs pour égayer sa façade. C’est que la vieille ville avait bien besoin de redorer son blason (ou plutôt faudrait-il dire ses façades…) car elle souffrait alors d’une réputation délétère. Les filles de petite vertu, qui divertissaient les soldats au siècle précédent, ont laissé planer sur la cité une ombre de perversion et d’inconfort. Les rues sont devenues de véritables coupe-gorges où l’on presse le pas pour rentrer discrètement chez soi. La couleur entend donc mettre fin à cette ambiance de ville noire. Et cela a réussi, vous pourrez le constater vous-même. Aujourd’hui, les ruelles sont intimes et coquettes. Quelques fontaines constellent les anciens pavés. Les figures félines se dissimulent dans la pierre et dans le fer des bâtis. Les habitants errent dans les corridors pour aller au marché et ramener les légumes pour la soupe du soir. La douceur de vivre transparaît et se diffuse. Le regret de ne pas être Belfortain vous envahit… Si vous tentez une excursion plus entreprenante et que vous passez dans la ville plus jeune et plus récente, vous irez sûrement vous reposer de votre escapade dans l’un des nombreux espaces verts qui oxygène la ville. Le square Lechten est sans doute l’un des plus agréables. Un joli portail en fer forgé régule l’accès à ce site où les compositions florales de mosaïculture alternent avec les sculptures. C’est là que se trouve le musée d’art moderne (fondation Maurice Jardot). Le square du souvenir est plus confiné et moins ostentatoire. Ex champ de foire où l’on vendait le bétail, le lieu est aujourd’hui un espace destiné au recueillement. Un monument honorant les morts de la Grande Guerre y aide. Enfin, le parc François Mitterrand verdit lui aussi la ville en même temps qu’il divertit les enfants qui y habitent. Des aires de jeux sont implantées dans les pelouses pour que les petits s’amusent pendant que les grands se défoulent sur une table de ping-pong ou pique-niquent tranquillement dans l’herbe grasse de Franche-Comté.
 

Jeu d'eau et théatre
Jeu d'eau devant le théatre Belfort colorée
Belfort, ville colorée
François Mitterrand a également donné son nom à un autre moyen d’évasion : une promenade longue de 5 km. Passant justement par le parc du même nom et traversant la vieille ville au côté de la Savoureuse, le chemin pédestre s’enfuit jusqu’au site de Malsaucy. Là-bas, la douceur de vivre sera encore au rendez-vous. Avec son vaste espace de 33 Ha, Malsaucy et sa base nautique conviendront parfaitement à combler un désir de détente. Un autre endroit du même acabit est aussi susceptible de vous combler : l’étang des Forges. Plus près de Belfort, les activités là encore vous feront tourner la tête. Canoë-kayak, planche à voile, tir à l’arc, VTT, escalade, roller vous mèneront jusqu’à l’extase et le délassement.
La nature peut également s’observer sous sa forme sauvage et s’apprécier sans le recours à des artifices humains comme les voiles ou les flèches. Pour l’admirer dans sa forme pure et intacte, n’hésitez pas à prendre le sac à dos et à chausser des baskets confortables pour vous aventurer sur quelques-uns des itinéraires de randonnés de la région. Notons parmi eux les Hauts du Salbert, qui au terme de l’effort, récompense le marcheur par un point de vue merveilleux sur la vallée. A 651 mètres de hauteur, le terme de la marche est en effet une aire agrémentée de trois tables de lecture qui vous permettront d’apprécier d’autant plus le paysage. Un parcours santé au nom explicite de « vita » vous achèvera définitivement et vous fera regretter votre voiture.
La promenade des Hauts de Belfort est du même type et vous mène vers les hauteurs pour mieux contempler les magnifiques panoramas du territoire. Reprenez votre souffle en vous émerveillant une dernière fois devant ce lion si majestueux, cette citadelle si colossale et ahurissante et cette ville aux mille couleurs et aux mille lions.  

 

Belfort, c’est la force et la prestance du lion, c’est la solidité et la résistance d’une citadelle et enfin, c’est la tranquillité et la satisfaction d’une vie douce et colorée d’émotions. L’histoire est inscrite dans ses vestiges, la couleur inonde ses rues et les jardins assainissent l’air déjà bien pur de la région. Chef-lieu du territoire de Belfort, la ville est incontournable et vous marquera à jamais tellement l’amertume que vous ressentirez en vous échappant d’elle sera forte.

Sophie Graffin
Publié le 26/07/10
Crédits photos : © CRT Franche-Comté, Florianne Ravard ; © S. Graffin ; © Maison du Tourisme Belfort et Territoire de Belfort