14 étapes de la route des mille étangs : Villages typiques

Défilé de bourgs charmants

Après la nature, place aux hommes ; car il en reste quand même un petit peu dans ce pays étouffé par les canopées verdoyantes et les bruyères tentaculaires. En parcourant le chemin des mille étangs, certes vous serez confronté à un paysage sauvage de lacs et de forêts mais vous rentrerez également dans des villages pittoresques, peuplés par des autochtones qui seront sûrement ravis de vous faire découvrir leurs traditions et leur Haute-Saône. N’hésitez donc pas, partez à l’assaut de ces bourgs typiques, allez déguster les produits régionaux et pourquoi ne pas tester quelques fêtes locales ?

Itinéraire de la route des 1000 étangs

Entre deux marécages, il n’est pas rare de croiser une petite ville. Zoom sur quelques-unes d’entre-elles qui font partie des 14 étapes de la route des mille étangs.

  Mairie église, Servance
Mairie église, Servance - Le village de Servance : 5e point d’arrêt, le petit bourg doit se sentir un peu à l’étroit. Il est pincé entre deux affluents de l’Ognon, la Doue de l’eau et la Vanoise, et dominé par le ballon de Servance, point culminant de la Haute-Saône (1 216 m). Votre attention sera tout particulièrement captée par ces deux cours d’eau qui donnent prétexte à de savoureuses balades sur leurs rives mais qui permet également à une cascade de 14 mètres d’accompagner le quotidien des « Sevrançots », comme on les appelle dans le patois local. Après un petit détour (sortie de Servance en direction de Lure) face à cette chute d’eau spectaculaire, la ville sera à vous. Ne manquez pas la mairie qui fait également office d’école publique et qui date de 1906. Son fronton vous dévoilera l’identité de la commune en faisant figurer sur ses pierres armes, blason et devise. Un peu plus loin, l’église de 1689 ne doit pas être observée que de l’extérieur. Il vous faudra pousser le lourd portail pour aller apprécier l’exubérance du retable baroque classé Monument Historique depuis 1969 et qui décore plus qu’honorablement l’arrière de l’autel.
  Étang le Juge, Beulotte-St-Laurent
Étang le Juge, Beulotte-St-Laurent - Beulotte-Saint-Laurent (7e étape) : De loin, on repère la localité à son clocher en flèche du XVIIIe siècle. Vous n’avez qu’à vous diriger vers lui pour rejoindre l’église, qui est l’une des seules du plateau à être encore accompagnée de son cimetière. Jadis fort animé, Beulotte ne vit aujourd’hui qu’autour de son église, de sa mairie et de sa boulangerie-bar. Seules 5 familles accueillent encore les passants alors qu’avant, 700 âmes déambulaient joyeusement dans les ruelles. Elles faisaient des fromages, des sabots, des balais et des paniers pour occuper le temps et vivre de leurs produits. Les quelques habitants qui sont restés ont délaissé le travail artisanal pour la vente de lait et de viande et travaillent souvent en complément dans les champs ou dans les usines de Servance ou de Faucogney, les deux « mégalopoles » du plateau.
Les amateurs de marche ne manqueront pas de s’échapper vers le circuit des poissons qui, le long de ses 10 km, propose de traquer les lacs des environs et d’en apprendre beaucoup grâce à la présence de neuf tables de lecture. - Faucogney (10e étape) : Indiscutablement, il faut absolument se rendre dans ce bourg médiéval historique dont le passé subsiste grâce à quelques morceaux de remparts encore d’aplomb (tour 1015, tour MXV). C’est que la ville a autrefois été un grand centre. Comme son nom l’indique, c’était elle qu’avaient choisie en 1118 les seigneurs Faucogney pour y bâtir leur château et diriger d’une main de fer, les 120 villages et hameaux sous leur dépendance. Les fortifications n’ont malheureusement pas suffit à la ville pour se protéger et le malheur s’est de multiples fois emparé de sa destinée. Pour preuve, elle a été détruite trois fois au cours de son histoire.
La première offensive fut celle des hommes de Louis XIV. Louvois, secrétaire d’Etat à la guerre, assiégea en effet le bourg, qui résista jusqu’en 1674 (ce fut le dernier à être conquis par les armées françaises, chargées de s’emparer de la Franche-Comté). Les soldats ne manquèrent pas, en partant, de raser la ville et de lui ôter son château et une bonne partie de ses fortifications.
La seconde attaque fut celle de la terre. En 1680, un tremblement de terre ruine une nouvelle fois la bourgade qui s’était pourtant rebâtie en un rien de temps. Le feu vient terminer la liste des affronts. En 1745, les flammes s’emparent des bâtisses et imposent encore le défi de la reconstruction. Trois destructions en moins d’un siècle !
Cette histoire passionnante, vous pourrez la découvrir grâce au circuit touristique savamment mis en place au sein de la ville et vous invitant à aller voir de plus près les restes du village (église Saint-Georges, église Saint-Martin du XIIe siècle). Un livret-guide est disponible en mairie ou auprès des commerçants pour que vous saisissiez toutes les nuances de cette étape immanquable.

Melisey
Eglise Saint-Pierre à Melisey - Melisey : Dernière étape de la route des mille étangs mais pas la moindre. La faute à cette jolie petite église datant des XI-XIIe siècles et dont la partie médiévale a été classée Monument Historique en 1986. Dans ce chef-lieu de canton de la vallée de l’Ognon, le charme opère encore une fois. La promenade le long de l’Ognon vous fera découvrir une école primaire, devant laquelle trône une croix en grès de 1824. L’ancien moulin suivra et vous passerez devant de petites maisons anciennes avec des fenêtres à meneaux (traverses partageant la fenêtre en plusieurs ouvertures) avant de parvenir au grand pont, dont les pierres de St-Germain supporteront votre poids sans aucun effort. Vous verrez la vie en rose grâce aux façades de cette même couleur et devrez être vigilant pour ne pas tomber tête baissée dans le bassin du vieux lavoir. Si vous persévérez dans la remontée du canal, l’écluse sera à vous le temps d’une halte ou pourquoi pas d’un petit pique-nique.

La boucle est bouclée. Après 60 km de cheminement sur la route des mille étangs, vous voici revenu au point de départ. Les quatorze étapes vous auront permises de vous plonger au cœur de cette nature sauvage et saisissante. Ces lacs en surnombre, ces tourbières tapissant le sol vous auront enchantés. Les villages parcourus vous auront donné un aperçu de la gentillesse des habitants et du bon vivre qui règne dans cette partie des Vosges. Vous vous serez, le temps du parcours, immergé dans la culture locale, enivré des contes et légendes qui animent la région. Vous aurez flâné devant des églises et des habitations typiques, partagé un verre ou deux avec des villageois bavards et joviaux. Le plateau des mille étangs aura comblé toutes vos attentes : de l’évasion et de la découverte.

On ne peut que remercier les glaciers de nous avoir forgé un si beau paysage vallonné. Le plateau des mille étangs, sorte d’Ecosse perdue dans l’ouest de la France, conquerra sans aucun doute chacun des aventuriers qui en entreprend la visite. Au milieu des étangs peuplés d’oiseaux et de poissons, de charmants villages subsistent pour éviter que l’identité d’une région unique ne périclite. Bienvenue dans ce pays aux mille odeurs, aux mille saveurs et aux mille émerveillements.

Sophie Graffin
Publié le 24/05/11
Crédits photos : © Caroline Triquenot, © Patrice Galmiche - Pascal Labreuche