Etat des lieux

Tourisme responsable

Les chartes

De nombreux dangers guettent l’industrie du tourisme qui risque d’aliéner toute forme de découverte. « Détérioration des sites naturels, atteinte à la biodiversité, exacerbation des populations locales, folklorisation des coutumes, tensions entre visiteurs et bien d’autres représentent les dérives en cas de non respect du principe » argumente Manuel Miroglio, Consultant-formateur pour SPE Tourism, spécialiste du Tourisme Responsable & Solidaire.
A l’image de l’épée de Damoclès,  le tourisme responsable s’impose aux tours opérateurs qui doivent s’engager dans ces politiques pour faire fructifier leurs projets. D’ailleurs, la vague verte commence à s’abattre sur l’industrie du tourisme. « Aujourd’hui, de plus en plus d’hôtels et de voyagistes tentent d’être labellisés et de nombreuses grandes entreprises touristiques possèdent des postes de chargé du développement durable » indique guillaume Cromer, vice-président de la coalition internationale pour un Tourisme Responsable. 
De nombreuses chartes éthiques existent aujourd’hui pour toues les acteurs du tourisme. « La première charte éthique du voyageur de Lonely Planet ou Atalante fait encore référence pour les touristes » précise Guillaume Cromer. Rédigée en 1996, cette charte du voyageur liste les comportements en voyage, et est distribuée par tous les opérateurs, membres d’ATR.  Mais encore, les institutions apportent leurs pierres à l’édifice. Par exemple, la charte du tourisme durable de Lanzarote, en 1995, applique le concept du développement durable au tourisme en général, ou encore le code mondial d’éthique du tourisme par l’Organisation Mondiale du Tourisme en 1999.
 A savoir que la charte nationale d’éthique impulsée par le Secrétaire d’Etat au Tourisme en 2000 signée par les grandes entreprises du secteur n’est soumise à aucun système de contrôle. Enfin, chaque opérateur peut se prévaloir d’une charte, preuve de son engagement qu’ils font signer à leurs voyageurs avant leur départ.

Etat des lieux aujourd’hui

Le concept semble avancer. «  Il y a aujourd’hui 7 opérateurs certifiés par le label de l’association Agir pour un Tourisme Responsable, ce qui montre qu’il existe une volonté des opérateurs à améliorer leurs pratiques. La vingtaine d’associations du tourisme solidaire est engagée  dans une démarche d’évaluation mise en place par l’ATES,  Association pour le Tourisme Equitable et Solidaire » montre Manuel Miroglio.
Selon ce dernier,  près de 6 Français sur 10 confondent encore « voyage responsable » et séjour « humanitaire » et 35%  pensent que voyager responsable est forcément incompatible avec leurs habitudes de voyage.
Alors qu’en est-il réellement ? Les mesures restent encore ponctuelles.
D’après Jean-Pierre Lamic, le tourisme responsable en France réunit seulement une poignée de touristes qui voyagent encadrés par des organismes voulant faire voyager autrement. Une idée reprise par Jean-Pierre Lozato-Giorard qui estime que le tourisme massif, et non de masse, fragilise cet équilibre et met en péril les actions des associations et autres.
Pourtant, l’industrie du tourisme a tout intérêt à appliquer un tourisme responsable pour continuer à vendre du rêve dans la mesure où  les acteurs qui ont le plus d’impacts sont les opérateurs du tourisme de masse, et doivent donc prendre en compte ces nouvelles problématiques au risque de paralyser l’action du tourisme responsable.
Attention au « requin » du marché qui prennent les traits du greenwashing (blanchiment écologique) : « qui permet aux adeptes du maintien en l’état de gagner du temps sur des échéances qu’il conviendrait de considérer comme actuelles » conclut Jean-Pierre Lamic.

Pour aller plus loin :

Greenwashing : procédé de marketing utilisé par une organisation dans le but de donner à l’opinion publique une image écologique responsable, alors que plus d’argent a été investi en publicité verte qu’en de réelles actions en faveur de l’environnement. (Source : Wikipédia)

  Julie Verdier
Publié le 12/08/09
Crédit photo : © Voyages-sncf.com