Rome Antique

Remus et Romulus ont été bien inspiré…

Ambiance antique Il faut bien commencer par quelque chose et comme de toute façon tout est beau, on ne perd rien. On commencera donc par la Rome antique.
Qui ne connaît pas le mythe de la fondation de Rome ? Cette histoire relatée par Tite-Live selon laquelle deux jumeaux, Romulus et Remus, sauvagement abandonnés le long du Tibre par leur oncle Amulius, ont été recueillis par une louve bienfaitrice. Une fois rescapés et fortifiés par leurs croissances éprouvantes au cœur d’une grotte, les deux frères fondent la cité de Rome le 21 avril 753 av. JC à en croire les sources littéraires. Une cité qui promet d’être grande et qui commence son histoire sur le mont Palatin.

Les forums romains et le Colisée

La ville se développe alors sur le flanc de cette colline. Pour cela, il a fallu drainer le terrain qui était un vaste marécage inhospitalier et attendre un peu que la ville se construise pour que les avocats, les plaideurs et les marchands se rencontrent au cœur des premiers forums : les forums romains.

Vue sur le forum depuis le Capitole Depuis l’Antiquité, ce lieu est le centre du pouvoir mais également un centre religieux. Les arcs de triomphes et les bâtiments officiels (enfin ce qu’il en reste, un petit effort d’imagination sera quand même nécessaire, malgré le relativement bon état de conservation) se chevauchent et s’offriront à vous si vous empruntez l’axe majeur de la Via Sacra, celle qui offre la plus courte distance entre le Colisée à l’est et le Capitole à l’extrémité ouest, sur la colline du même nom. Ainsi, vous passerez normalement devant la Basilique Emilia où était rendue la justice, la grande Curie Julienne, siège du Sénat, l’arc de Septime Sévère (203), les temples de la Concorde, de Vespasien et de Saturne, l’arc de Titus pour arriver enfin à l’arc de Constantin, ombragé par la silhouette imposante du Colisée qui la domine avec ses tribunes monumentales hautes de 57 m. Cet arc qui date de 315 a été élevé en l’honneur de la victoire de Constantin sur Maxence lors de la bataille du pont Milvius. Ses trois arches compilent des décorations venant d’autres monuments. Petit prélude agréable avant d’aller vers le Colisée sur les traces des pauvres gladiateurs qui y ont laissé leurs carcasses pour le simple plaisir de César.

Le Colisée est en effet un amphithéâtre destiné au divertissement de l’empereur et en même temps du peuple. Il a remplacé une première construction bien trop banale construite sous le règne d’Auguste et qui a servit de foyer à un incendie en 64. Vespasien s’empare du site pour entreprendre un grand chantier dès 72, que ses fils, Titus puis Domitien, mèneront à terme. En 80, tout est prêt. La piste en sable peut accueillir les premiers fauves et leurs premières victimes. Pendant les 100 jours que durera l’inauguration, les duels nécessiteront la chair de pas moins de 5 000 fauves et de 2 000 gladiateurs. Mais pour réjouir le peuple romain, on ne regarde pas les dépenses.
Aujourd’hui, l’édifice a perdu de sa prestance et il lui manque une partie de sa façade circulaire qui a été dépouillé de ses pierres pour servir à la construction d’autres édifices plus à la mode à d’autres époques (des palais renaissance par exemple ou des églises que l’on trouve en masse dans le centre historique à l’est de la ville). L’usage festif de l’un des emblèmes de la cité romaine (le Colisée est un peu comme la tour Eiffel, le monument représentatif de la capitale italienne) n’a donc duré que 500 ans avant de servir d’autres fonctions : habitations, ateliers d’artisans, forteresse et aujourd’hui lieu touristique que vous ne manquerez pas d’aller zyeuter.

Les forums impériaux

L’immersion dans la civilisation antique peut se poursuivre, après ce passage obligé du Colisée, par les forums impériaux. Pour cela, il faudra traverser la Via dei Fori Imperiali, initiative de Mussolini pour relier la piazza Venezia au Colisée, qui perce la trame archéologique et sépare le forum romain au sud des forums impériaux alors relégués au nord.

La frise de la colonne de Trajan Les empereurs se battaient à l’époque à coup de constructions d’où l’enjeu de tels espaces et leur prolifération. Lancé par César pour agrandir le site romain qui ne suffisait plus à un empire aux dimensions universelles, la compétition des forums conduira à un étalage de ces derniers : forums de César (Ie siècle av. JC) donc, d’Auguste, de Vespasien, de Nerva et de Trajan.
Celui de Trajan est l’ultime construit et le plus grandiose de son temps. Il se démarque encore aujourd’hui des autres par sa préservation et la présence de la colonne de Trajan, autre splendeur à ne pas manquer. Des mensurations de rêve pour votre plus grand plaisir : 29,78 m de hauteur, 17 grands blocs de marbre, un soubassement de 10 m et surtout une frise en spirale qui s’enroule telle une couleuvre jusqu’en haut de l’édifice (23 tours pour caller les 200 m de longueur de ce bas relief d’exception). La frise représente les victoires de l’empereur pour mieux les glorifier et notamment ses deux guerres contre les Daces (IIe siècle ap. JC). On peut donc remercier l’empereur d’avoir érigé cette somptueuse colonne pour lui servir de sépulture, qui aujourd’hui nous délecte encore.

Le capitole et la piazza Venezia

Le Capitole Pour finir de combler notre soif d’archéologie, direction le Capitole.
La place, perchée en haut d’une colline, offre un panorama intéressant sur les forums situés en contrebas. Une fois en haut, on se perd dans les vestiges politiques de la ville car le lieu est l’endroit où ont été bâtis moult palais, encadrant des statues réputées. En ce lieu, on commence à ressentir l’esprit « millefeuille » de la ville. Car l’Antiquité a été effacée ou transformée par la Renaissance. On ne le regrettera pas : c’est le grand Michel-Ange qui a remanié l’espace et imposé sa griffe au XVIe siècle. Il conserve les deux édifices préexistants (le Palazzo dei Conservatori, XIVe siècle, et le Palazzo Senatorio, XIIIe siècle) en y ajoutant une touche personnelle et succombe à l’attrait de la symétrie en en construisant un troisième, face au Palais des conservateurs et identique à lui : le Palazzo Nuovo. Un siècle et trois architectes auront été nécessaires pour concrétiser le projet initial de Michel Ange, qui aura donné du travail aux romains.

La statue de Marc-Aurèle Les statues méritent votre attention au milieu de la somptuosité des palais qui ornent déjà la place qui ne peut respirer que par l’ouest, là où aucune construction ne vient obturer la vue. En plein milieu, impossible de manquer l’impressionnant empereur perché sur son cheval qui, vainqueur des romains, lève sa main droite en signe de paix à 2,7 mètres de hauteur. Les statues de Castor et Pollux, les fils de Jupiter et deux lions égyptiens de basalte noir viennent ajouter au grandiose du site.

Pour redescendre et quitter ce surplus de grandiloquence, il faudra emprunter des escaliers évidemment eux aussi colossaux. Vous vous heurterez alors à l’église médiévale Santa Maria en Aracoeli parée d’une simple façade en brique (un peu de rouge ne fait pas de mal dans cet univers de marbre blanc immaculé). Hélas, l’intérieur redevient sublime avec des fresques du Pinturicchio, un pavement cosmatesque et un plafond à caisson lui aussi affriolant. Décidément, il vous faudra encore aller plus loin pour rompre avec la beauté.

Le monument à Victor Emmanuel II Ce plus loin, ne vous inquiétez pas, c’est quelques mètres seulement : le monument à Victor Emmanuel II. Beaucoup de reproches ternissent l’image de ce bâtiment, on ne peut plus monumental, qui accapare la vision. Sur la place Venezia, déjà bien encombrée par les automobilistes zigzaguant entre les piétons et les agents de circulation, c’est bien simple, on ne voit plus que lui. Tentaculaire, colossal, il est affublé des pires sobriquets : « machine à écrire », « pissotière de luxe », « gâteau de mariage ». Pourtant, cet autel de la Patrie se voulait populaire. Il a été construit (de 1885 à 1927) en l’honneur de l’Italie unifiée et de son premier roi : Vittorio Emanuele II de Savoie. Derrière la statue du roi de 12 mètres de hauteur essaye de se cacher un vaste perron qui présente un monument aux soldats inconnus (le même principe que l’Arc de triomphe à Paris) en mémoire des soldats morts lors de la Première Guerre mondiale.
À l’intérieur, le musée central du Risorgimento tente de faire de l’ombre en vain aux musées du Capitole.

De la Place Venezia, vous êtes en bonne position pour rejoindre le cœur historique de la vieille ville et vous engouffrer dans un univers tout aussi magnifique mais de tonalité différente : la Rome de la Renaissance. Celle-ci s’arme de palais et d’églises et non plus de ruines pour vous charmer et faire de vous son adepte. Quittez César pour aller à la rencontre du Bernin, de Michel-Ange, de Raphaël et de ces autres célébrités de même acabit. Le programme là aussi est chargé. Sophie Graffin
Publié le 23/03/2010

Crédit photos : © Fototeca ENIT, Vito Arcomano ; © Ulrich