Les différents quartiers de Johannesburg

Les différents quartiers de Johannesburg

Le centre-ville

Johannesburg n’est pas un bijou touristique. Pretoria, capitale administrative du pays située à seulement 50 kilomètres de Jo’burg a bien plus de cachet et de trésors à offrir. Mais la ville reste quand même attirante et digne d’intérêt. Le centre tout d’abord présente un exemple d’architecture de l’époque coloniale grâce au bureau de poste de Rissik St et à l’hôtel de ville qui s’y trouve. La zone a été délaissée par les blancs dans le milieu des années 90. Partis vers le Nord, la criminalité et la dégradation se sont entichées de cette partie de la ville.

Elle se caractérise par un amoncellement de gratte-ciels, consécutif de la fièvre constructrice qui a imposé son diktat récemment (compétition pour construire toujours plus haut puis toujours plus original). Ces édifices gigantesques habillent les chaussées formant un quadrillage à l’américaine. Les rues se croisent toutes à la perpendiculaire et une folle ambiance y règne. Si vous les parcourez, vous serez rapidement entourés de vendeurs ambulants tentant de vous convertir au maïs et au bœuf grillé. Pourquoi pas ? Les étals qui vêtent les trottoirs contribuent également à l’agitation urbaine prenante qui règne dans cette partie de la ville et qui mérite à elle seule le détour.

En plus de l’ambiance sur vitaminée, il faut aussi compter sur quelques zones commerciales pour attirer le voyageur. Ainsi a été construit le Carlton center, énorme centre commercial inséré dans la plus haute tour de la ville (220 m). Son ascenseur vous hissera en moins de 2 (quelques secondes à la vitesse de 30 km/h) à son sommet, à partir duquel vous pourrez admirer la vue et vous convaincre de l’ampleur de la ville. Une petite trêve contemplative bien enrichissante et agréable pour prendre du recul.

Le grand centre s’ajoute à une multitude de galeries commerciales (les malls) moins bien achalandés cependant (enfin relativement au Carlton Center !) et contrastant avec les échoppes qui vendent des articles indiens au milieu du High-tech. Amateurs de shopping, remplissez donc le porte-monnaie avant l’assaut du centre ville car l’offre est grande. Si vous êtes plus porté vers la peinture que vers l’achat frénétique et compulsionnel, vous préférerez alors la Johannesburg Art Gallery qui possède une assez belle collection de peintures européennes et sud-africaines, avant de vous faufiler entre les vendeurs et autres touristes pour rejoindre un autre quartier : Braamfontein.

Newtown

C’est l’un des exemples les plus remarquables de la reconversion de la ville et de sa tentative de dynamisation. Pour preuve, c’est ici qu’a élu domicile l’office de tourisme de la province (Gauteng Tourism Authority). C’est donc en toute logique qu’on explorera le lieu plus profondément et assidûment que Braamfontein qui le jouxte au Nord.

Newtown n’a pas toujours été « nouvelle ». Avant sa reconversion, elle se concentrait sur l’industrie briquetière en plein essor au début du XXe siècle. En avril 1904, elle est volontairement incendiée pour calciner les bactéries de la fièvre bubonique qui maltraitait les habitants d’alors. La reconstruction donne naissance à Newtown (qui vient remplacer le nom de « Brickfields ») où commence à s’accumuler musées et cafés. Le plaisir culturel et le rassemblement autour d’un petit verre vous attendent donc dans cette Jo’burg vivante et animée.

On peut commencer par le cœur de la zone où trône le Museum Africa. Engouffrez-vous dans les couloirs du musée qui vous aidera à vous immerger dans l’histoire récente du pays et de la ville. La partie « Transformations » se teinte de ludisme en proposant une descente simulée dans une mine d’or pour revivre les tribulations des mineurs du début du siècle venus s’enrichir à Jo’burg. Une collection de peintures rupestres et un musée géologique complètent l’offre, ainsi qu’une section consacrée à la photographie.

L’énorme Turbine Hall, ancienne centrale électrique, impressionne. À voir absolument si une mondanité s’y déroule pendant votre séjour. Enfin, il reste le Workers’ Museum qui plonge le visiteur curieux dans le monde des travailleurs migrants et donne un aperçu de leurs conditions de travail. Encore un bon moyen de s’enquérir de l’atmosphère qui régnait à Jozy au début du siècle. Bien que classé monument national, le musée s’avère toutefois décevant.
Pourquoi ne pas alors s’échapper vers l’un des multiples bars qui alternent avec les façades des musées dans cette enceinte hautement culturelle ?

Hillbrow et Constitution Hill

Ce quartier, là encore, a changé et porte les marques de l’histoire. À l’époque de l’Apartheid, c’était une « Grey Area » cosmopolite (zone où cohabite les Blancs et les Noirs) abattant les parois entre les peuples. Aujourd’hui, il est devenu une zone de non-droit qui arrogera votre vigilance. Il est en effet fortement déconseillé de traîner seul dans ces méandres urbains au risque de se faire soutirer quelques-uns de vos biens comme sac à main, portefeuille…

Une fois bien accompagné donc, dirigez-vous vers le site incontournable de cette partie Nord-Est de Jozy : Constitution Hill. Relégué à la bordure ouest du quartier véhément, ce grand complexe abrite la Cour constitutionnelle qui juge les affaires du pays dans les 11 langues officielles qui y sont parlées. Cette ingérence juridique permet d’espérer désensibiliser cette zone un peu chaude en lui fournissant un grand centre d’intérêt touristique. Car Constitution Hill ne manque pas d’attrait. En enfonçant ses portes, vous vacillerez entre l’ancien et le moderne puisque les vastes baies vitrées récentes cohabitent avec d’anciennes parties d’un fort datant de 1892. Ce fort, Old Fort, est porteur d’histoire. Il a abrité une prison dont on peut encore visiter certaines parties comme l’Awaiting Trial Block (Nelson Mandela y fut détenu après le procès de 1956), la section Four réservée aux prisonniers noirs et la Women’s Gaol qui se chargeait des femmes n’ayant pas présenté leurs papiers d’identité par exemple. Un site fortement intéressant qui dévoile parfaitement la volonté de décoller le sticker « Apartheid » qui colle tant à Johannesburg (sans pour autant le jeter).

Une fois cet intérêt exploité et les autres quartiers explorés, la ville en elle-même pourra être délaissée pour partir vers les banlieues tout aussi passionnantes au regard de leur passé et étonnement tout autant touristiques. Il vous faudra alors opter pour le Nord ou le Sud… ou les deux !

Sophie Graffin