Laurent et Bénédicte, autour du monde

Interview de Laurent et Bénédicte Sénéchal

Un couple de globe-trotters parcourt le monde en toute liberté.

(Mai 2009)

Laurent et Bénédicte SénéchalLaurent et Bénédicte Sénéchal se sont rencontrés au Canada. Depuis lors, ils ne se quittent plus et se suivent sur de longs kilomètres qu'ils aiment parcourir ensemble, à vélo pour elle et à pied pour lui. Epris de liberté et poussés par une irrésistible envie de se dépasser, le voyage est pour eux un retour vers l'essentiel.

Pour nous les vacances, c'est le seul moment où nous n'avons pas de contrainte. Le seul moment où nous pouvons décider de faire ou de ne pas faire. Comment deux grands voyageurs comme vous se sont rencontrés ? Laurent : C’est à la suite d’une photo que j’ai publiée sur mon site web lors du tour du monde 2005/2006 que j’effectuais. Cette photo me représentait avec un pingouin de Magellan en Argentine. Bénédicte m’a envoyé un mail et nous avons décidé de nous rencontrer au Canada, ma destination suivante, ce fut le
« coup de foudre ». J’ai continué cependant mon voyage et je ne suis rentré qu’au bout de 17 mois directement à Paris où elle habite. Nous nous sommes mariés quelques mois plus tard.

Bénédicte : Quand j’ai vu Laurent accroupi à côté du pingouin, animal que j’ai étudié durant mes études d’éthologie à l’université, il était à l’aise dans ce paysage. J’ai eu envie d’en savoir plus sur son voyage et sur lui, il représentait tout ce que j’attendais de quelqu’un, l’ouverture sur un autre monde, cette envie d’aller à la rencontre de nouveaux horizons. La suite vous la connaissez.

Comment expliquez-vous ce besoin de voyages et d’aventures ? **LaurentLaurent : Juste un besoin d’Espace, de Calme, de Sérénité, de Rencontre de gens différents de nous, une envie de marcher des milliers de kilomètres en se détachant de toute contraintes matérielles, un besoin de retourner le plus souvent possible aux valeurs essentielles de la vie.

Bénédicte : Je rajouterai, de découvrir d’autres régions, pays et d’autres personnes. Le vélo, pour moi, a été un moyen de poursuivre les voyages autrement qu’à pied. L’envie de se surpasser aussi, d’aller toujours plus loin, et puis ensuite de revenir avec la tête pleine de nouvelles images, riche de rencontres. L’envie de partager avec d’autres notre expérience, notre vécu en toute modestie.

Vous voyagez plusieurs fois chaque année. Comment financez-vous vos voyages ? Laurent : Le financement est à 99% à notre charge. Pour le tour du monde 2005/2006, j’avais vendu ma voiture et mon appartement. Les 1% restant sont des aides matérielles de sponsors.

Vous partez toujours très chargés. Selon vous, quels sont les matériels indispensables pour bien voyager ? Laurent : Un sac léger, et en cela le Carrix (un traîneau à roue qui porte le sac et que vous traînez derrière vous sans vous fatiguer) est un atout pour moi indispensable, d’autant qu’il passe absolument dans tous les terrains.
Ensuite une bonne paire de chaussures faite à son pied des semaines auparavant, un duvet chaud et léger (1kg max pour un confort de -15°C), un matelas, une tente résistante au vent, une frontale pour s’éclairer, un réchaud multi-combustible pour cuisiner (on ne trouve pas du gaz partout) et une casserole. Vêtements légers et respirants, pharmacie…
Les petits plus : appareil photo et clé USB pour la sauvegarde de ses papiers, journal de bord…

Bénédicte : Un vélo, des sacoches ou une remorque.
Nous les femmes, nous avons une tendance à vouloir emporter beaucoup de choses et au final on se rend bien compte qu’on apporte toujours trop.
En vélo, la place est limitée et encore plus si vous avez un avion à prendre et que vous n’avez droit qu’à 20kg. Avec l’expérience, j’ai appris à me limiter et ne prendre que l’essentiel en matière de vêtements et de produits de beauté (le maquillage dans le voyage n’est pas de grande nécessité) et puis une chose importante, c’est vous qui allez devoir porter vos kilos (au bout de quelques jours si vous êtes trop chargée vous avancerez difficilement.)
Ce qu’il faut : deux ou trois tee shirts, slips, soutien gorge, en sachant que vous pouvez les laver. Un short et un pantalon. Une casquette, une écharpe, un manteau de pluie…
Pour la trousse, j’ai appris à utiliser des petites bouteilles de 75 ml, ce qui évite d’emporter les bouteilles d’un litre (gel douche, shampooing…. Tout devient mini avec moi (la brosse à cheveux, le peigne..), la serviette est en microfibre (légère, sèche rapidement) et elle ne prend pas de place.
Ne pas oublier aussi, le duvet et le sac de couchage.
Au final j’emporte ce que je veux et ce dont j’ai besoin.

Vous aimez parcourir la région d’Ile de France dans laquelle vous résidez. Que ce soit le long du Canal de l’Ourcq ou dans la forêt de Fontainebleau, vous prouvez qu’il est possible de voyager près de chez soi. Y prenez-vous autant de plaisir qu’au cours de vos séjours à l’étranger? Laurent : Personnellement non, même si cela a son charme. Peut-être que mon côté montagnard et accompagnateur en montagne a besoin de reliefs pour se sentir bien ?

Bénédicte : Pour moi le regard est différent de celui de Laurent car j’ai grandi en région parisienne et c’est vrai qu’avec Laurent j’ai découvert des coins que je ne connaissais pas. Oui, j’ai pris du plaisir, maintenant moins car je les connais.
J’ai réalisé que j’habitais à côté de région, département que je n’ai jamais pris le temps de découvrir. La plupart du temps, je suis passée en voiture mais je ne me suis jamais arrêtée.
Le voyage à l’étranger c’est différent, on part vers l’inconnu, vers un pays où les coutumes et la langue sont différentes, où l’économie est aussi différente. C’est autre chose et ce n’est pas comparable.
J’aime les deux car ça nous apporte deux regards différents. La France est le pays dans lequel nous avons grandi, on va à la rencontre de son pays, de son histoire. Voyager à l’étranger, c’est s’ouvrir sur un autre monde, un autre regard, une autre façon de penser.

Vous avez traversé seuls l’Islande, du Nord au Sud. Pourquoi avoir fait ce choix plutôt que de s’inscrire à un circuit organisé comme font la majorité des touristes ? Bénédicte sur son vélo en IslandeLaurent : D’abord par soucis de Liberté et parce que cela coûte bien moins cher de le faire soi-même (3 à 4 fois moins). Ensuite car c’est aussi mon métier en tant qu’accompagnateur en montagne et que j’y trouve un certain plaisir à l’organiser moi-même…

Bénédicte : J’ai eu l’occasion de voyager en circuit organisé et cela ne m’a pas convenu du tout. Ne pas pouvoir faire ce qu’on veut quand on veut où on veut, c’est ce qui m’a le plus manqué et frustré. Nous avons besoin de nous sentir libre. Toute l’année, nous devons aller travailler, nous sommes dépendants des horaires des trains, des horaires de boulot. Alors pour nous les vacances, c’est le seul moment où nous n’avons pas de contrainte. Le seul moment où nous pouvons décider de faire ou de ne pas faire.

Avez-vous déjà fait un voyage organisé ? Laurent : Oui, en 1986. Ça date... C’était mon premier voyage sans mes parents au Maroc, pour le tour du Haut Atlas central en 15 jours à pieds.

Bénédicte : Oui, plusieurs fois dans le cadre de mon boulot. Je travaille pour un voyagiste.

Quels sont vos projets de voyage pour l’année 2009 ? Bénédicte & Laurent : Le tour et l’ascension du Toubkal au Maroc en solo durant 15 jours au Maroc, puis avec Bénédicte durant les 3 semaines suivantes, en combiné vtt (pour Bénédicte) et à pieds/Carrix pour moi, la découverte du Moyen Atlas…

Vous allez traverser les Amériques en vélo en 2012 jusqu'en 2013. Comment préparez-vous cette expédition ? Et pourquoi avoir choisi le vélo ? Bénédicte & Laurent : Côté préparation, c’est au jour le jour. En fait il n’y a pas grand chose à préparer sinon d’accumuler les économies pour pouvoir vivre au jour le jour.
Côté matériel, hormis de nouveaux vtt en acier et leurs remorques pour porter le matériel, nous avons tout en stock venant des précédentes expéditions.
Côté choix du vélo, c’est avant tout une question de temps. Il y a 27.000 kilomètres à réaliser et nous avons un an, voir un an et demi accordé par nos employeurs respectifs.
Bénédicte a toujours des problèmes de tendons et moi à pieds cela aurait pris beaucoup plus de temps….