Le Grand Sud

Interview de Charles Flamant

Avec « Le Grand Sud » Charles Flamant signe son quatrième roman sur l'Afrique. Histoire d'un homme qui s'improvise mage et qui parcourt l'Italie, l'Espagne et le Maroc à la recherche de ses proches.

(Août 2008)

interview de Charles FlamantDès l'âge de 10 ans Charles Flamant tombe sous le charme de l'Afrique à travers un film et se fait la promesse d'y aller. Il y fait ses premiers pas lors de son service militaire en Algérie. Il retourne en Afrique en 1971 avec un ami pour faire «son Paris Dakar » en deux chevaux. Quelques années plus tard il réalisera son rêve en devenant pilote professionnel d'avion en Afrique, il sillonnera également l'Europe. Aujourd'hui il retrace ses rencontres et ses aventures sur papier.

Mon meilleur souvenir est le jour où j’ai volé pour la première fois au Gabon.Vue du ciel, la jungle ressemble à un bouquet de persil.Vos précédents romans étaient plutôt autobiographiques,
« Le Grand Sud » semble être une fiction, avez-vous fait le tour de vos aventures, vous essayez-vous à un autre genre ?

Mes précédents romans sont en effet plutôt autobiographiques. Concernant « Le Grand Sud », c'est la compilation de bribes d'histoires. Les sites que je décrits dans mes romans existent. Connaissant le Sud marocain, cette histoire tombait bien. En écrivant, je retourne sur mes pas, je remonte le temps.

Que racontez-vous dans vos romans ? Sont-ils plutôt destinés aux touristes ou aux amateurs de fictions ? Vos livres ont-ils un message à faire passer ? Mes romans sont plutôt destinés aux touristes. Je raconte les lieux que j’ai visités. Avant de partir en voyage, les touristes ont déjà une idée de ce qui les attend. Et s’il y a un message, il est le suivant : « Visitez l’Afrique, ce grand continent est plein de surprises ! »

Comment passe-t-on de pilote à écrivain ? Est-ce que cela a été difficile de se lancer où est-ce que vous avez toujours été à l’aise avec l’écriture ? C’est ma fille Karin qui m’a dit, il y a trois ans : « Tu devrais écrire, tu dois avoir beaucoup de choses à raconter. » Je n’avais rien à faire, j’ai commencé à écrire le jour même. Cela n’a pas été facile. En effet, je ne suis pas à l’aise avec l’écriture. Muni de cartes de l’Afrique, j’éprouve du plaisir à revoir mon passé, ça aide et je réussis à remplir quelques centaines de pages de brouillon. Après, il faut mettre dans le bon ordre, il faut que cela soit lisible, commencent alors les difficultés.

Vous avez sillonné l’Afrique en voiture, en avion, vous avez fait de multiples rencontres. Quel est votre meilleur et votre plus mauvais souvenir ? Charles Flamant piloteMon meilleur souvenir est le jour où j’ai volé pour la première fois au Gabon. Je voulais piloter dans ce pays couvert de jungle, où les conditions météorologiques ne sont pas très bonnes. Il y pleut plusieurs mois par an. Sinon il n’ y aurait pas de jungle, c’est lié, et être pilote dans ces contrées n’est pas chose facile. Je devais ravitailler un chantier forestier, on m’a tracé une croix sur la carte verte de jungle. Vue du ciel, la jungle ressemble à un bouquet de persil. On ma dit : « C’est là, débrouille toi ! ».
Le plus mauvais souvenir s’est passé dans un pays que je ne citerai pas. A peine descendu de mon avion je suis accueilli par un jeune « militaire » d’à peine quinze ans, sa kalachnikov sur le ventre !

Qu’est ce qui vous a charmé dans ce continent ? Et que n’aimez-vous pas en Afrique ? Regarder les caravanes de chameaux qui serpentent dans les dunes. Les savanes, le désert, les petits villages perdus au milieu des grands espaces, l’hospitalité des gens qui y vivent et qui se plient en quatre pour vous faire plaisir. Tout ça prend aux tripes. On ne peut pas oublier.
Qu’est ce que je n’aime pas en Afrique ? Je parlais des petits villages, qui ont beaucoup de charme, et je sens un petit pincement au cœur quand je vois que petit à petit le béton remplace les huttes de pailles et de torchis. Mais les choses évoluent partout. Espérons que le béton ne change pas trop vite les mentalités !

Y a-t-il encore des coins d’Afrique que vous n’avez pas encore parcouru ? Avez-vous d’autres projets ? Je ne connais qu'une vingtaine de pays africains sur les cinquante sept qui composent ce grand continent. Il y a donc encore beaucoup de coins que je ne connais pas. Mais j'ai vu ce que je voulais. Mes projets ? Continuer d'écrire sur ce que je connais. Il me reste encore pas mal d'aventures à raconter pour donner envie de découvrir l'Afrique.