L'or de la Baltique

L'ambre de Notre-Dame

Notre-Dame

Les quais restent d’ailleurs le meilleur moyen de rejoindre la rue Mariacka (ou rue Notre-Dame) qui est sans hésitation, la partie la plus romantique de la ville. Cette ravissante ruelle semble tout droit sortie d’un compte de fée et le charme opère d’emblée à la vue des petits escaliers aux rampes de fer forgé qui grimpent en ondulant vers les hôtels particuliers aux décorations sublimes.

Parsemé de lampadaires, ce paisible passage est l’endroit rêvé pour siroter un verre ou boire un chocolat chaud lorsque les pavés se transforment en une terrasse géante et qu’un rayon de soleil imprudent s’aventure sur la ville. C’est dans cette rue que se situent un grand nombre de bijouteries et de galeries d’ambre qui en font l’endroit idéal pour les acheteurs et acheteuses coquètes et les curieux esthètes. Boucles d’oreilles, colliers, parures assorties, bracelets et gourmettes, la joaillerie a su tirer de la résine semi-précieuse tout un art et en révéler la beauté grâce à un savoir-faire millénaire. Mais d’où provient ce joli caillou ? Pour le savoir il suffit de se rendre au Musée Archéologique de Gdansk situé à l’extrémité de la Rue Mariacka, près des quais. Ici, les origines de la pierre sont retracées du paléolithique jusqu’à nos jours. En voici un petit aperçu :

La Succinite ou ambre de la Baltique est en fait une résine fossile secrétée par des conifères qui peuplaient la région de Gdansk il y a 40 millions d’années. Après une période de glaciation, la précieuse sève se retrouva enfouie à des lieux sous la Mer Baltique créée par la fonte des glaces. Exploité depuis entre 8 et 4 mille ans avant J.C, l’ambre a toujours été associé avec cette région du monde. La spécialité de la variété locale est sa teneur en acide et en gaz qui lui confère sa légèreté caractéristique et lui permet de flotter jusqu’aux rivages les jours de tempêtes.

Il est donc possible de se rendre sur la plage et de ramasser les jolis morceaux orangés à même le sol en s’armant d’un peu de patience et en fouillant soigneusement les algues. Sans surprise, les deux plus grands salons de l’ambre au monde, Amberif et Ambermart, se tiennent tous les ans à Gdansk. La Foire St-Dominique en août organise également de nombreuses manifestations consacrées à l’or balte et sa pêche rassemble les meilleurs dans un championnat chaque année.

Les bijoux ne sont pas les seuls à s’être approprié l’ambre, celui-ci se retrouve aussi dans de nombreuses pièces de mobilier destinées aux riches demeures et en outre aux églises. C’est le cas par exemple de l’Eglise Ste-Brigitte dont les travaux prévoient la construction du plus grand autel en ambre du monde d’ici cinq ans. Cette église construite au Moyen-âge et détruite pendant la seconde guerre mondiale détenait déjà un tel autel créé il y a six ans pour récompenser le mouvement Solidarnosc.  L’Eglise nouvelle de Zaspa dans le quartier du même nom contient, quant-à elle, un arbre de vie aux feuilles d’ambre sculpté par Mariusz Drapikowski. Propice au romantisme et à la flânerie et décor de nombreux films, la rue Mariacka vous mènera des quais à la superbe église Notre-Dame qui s’impose comme toile de fond. Cette basilique qu’il fallut 150 ans pour construire n’est nulle autre que la plus grande église en brique d’Europe.

Sa construction fut terminée en 1502 alors que sa somptueuse piéta en pierre avait été réalisée en 1410 et que son horloge astronomique, autrefois la plus haute du monde, avait été conçue entre 1464 et 1470. L’horloge monumentale a la particularité d’indiquer les heures, jours et fêtes ainsi que les phases de la lune. On dit que son auteur, Hans Düringer, fut aveuglé par la municipalité de Gdansk pour éviter qu’il ne reproduise un tel chef-d’œuvre ailleurs.

Alice Cannet
Crédits photos : © Alice Cannet