Berne et la nature

Escapades au milieu des ours

Gentil petit ourson

Berne ne rime pas avec ours mais c’est tout comme. Le plantigrade fait autant partie de l’histoire de la ville que de son activité actuelle.

L'ours, emblême de la ville Dès 1224, il devient l’animal héraldique officiel et l’écusson de Berne lui réserve l’espace. C’est lors de la construction de la ville, lorsque le duc Berchtold V. von Zähringen revint de sa partie de chasse avec un ours comme glorieux butin que l’animal aurait acquis son statut de symbole. En 1513, les soldats Bernois ramènent eux aussi un ours de leur victoire de Novare ; mais celui-ci est encore vivant. Il faut lui trouver un toit et l’on construit alors une maisonnette engouffrée au fond d’une fosse pour l’accueillir : c’est la première fosse aux ours de la ville. En 1764, la fosse déménage et est régulièrement alimentée par des captures dans les territoires boisés vaudois, en particulier celui de Romainmôtier. Hélas, en 1810, les terribles français, victorieux d’une guerre menée par le Général Brune, kidnappent les ours de Berne pour les amener à Paris. Un seul ourson est laissé en souvenir mais il ne tardera pas, sans ses congénères, à mourir seul au fond de la fosse. Pendant douze ans, l’abri reste vide jusqu’à ce qu’en 1810, le manque se fasse trop cruel et douloureux. Quelques bourgeois de la ville renouent avec l’animal et offrent deux nouveaux spécimens tout droits venus de Savoie. L’ours revient sur le territoire bernois. Malgré les multiples déménagements, la fosse prospère jusqu’à pouvoir héberger 24 bêtes en 1913. On construit même une partie dédiée aux oursons, à l’arrière (1924). Aujourd’hui, la fosse est de l’histoire ancienne. Elle demeure quand même l’une des attractions principales de la ville en ouvrant ses murs aux visiteurs. Elle leur rappelle que l’ours a été l’emblème de la ville pendant 150 ans.

La fosse aux ours

Les habitants de la fosse sont désormais mieux lotis. Depuis 2009, ils ont élu domicile dans un vaste parc de 6 000 m² (BarenPark) où ils peuvent s’adonner aux joies de la vie familiale au milieu d’une nature peuplée de collines vertes, de grottes et de zones de baignades. Même si leur tranquillité est quelque peu perturbée par l’œil curieux des visiteurs, le cadre est plus propice au bonheur pour ces animaux à la toison brune et drue. N’hésitez donc pas à aller écouter le gardien des ours dans ce site naturel logé sur la pente de l’Aare. Vous observerez à ses côtés et en toute sécurité les plus cossards, s’adonnant à une sieste, les plus familiaux jouant entre eux à coups de pattes fendant l’air. Et pour finir en beauté, vous nourrirez même un jeune couple d’ours.

Vous l’aurez donc compris, Berne et l’ours, c’est une véritable histoire d’amour. La preuve, 80 % des citadins avait accepté de mettre la main au porte-monnaie pour que le projet « parc aux ours » devienne réalité et que leur animal fétiche ait un cadre de vie acceptable. L’affinité se poursuit même jusque dans la gastronomie : au cœur de la vieille ville, devinez ce que « Glatz », grande pâtisserie bernoise vous propose ? Des « Mandelbärli » soit en termes plus compréhensibles des oursons aux amandes ! Après avoir vu des vrais ours, allez donc croquer à grands coups de dents dans leur réplique farinée ; une bonne occasion de se remplir la panse !

Verdure et activités à foison dans les parcs et jardins

Pendant qu’on y est, du côté des parcs et des attractions, vous pouvez vraiment compter sur une large gamme d’offres. Tout d’abord, il y a le Gurten, lieu de prédilection des Bernois. Ceignant une colline qui s’élève à 280 m au-dessus de la ville, le parc offre détente et décontraction. Les enfants pourront se chamailler pour une place sur la banquette du petit train rouge escaladant la pente de la colline, s’époumoner en entreprenant des courses sur la grande prairie, jouer sur l’aire de jeux ou imiter Don Quichotte près du moulin en plein air. Pendant ce temps, les adultes pourront souffler un peu en observant leur progéniture suractive se fatiguer.

Activité aquatique sur l'Aare

Si l’air berlinois n’a pas suffit à vous octroyer une once de tranquilité, emmenez ces chers petits au Bernaqua, le parc aquatique et spa de Westside. En plus, l’édifice qui lui sert de gîte est une particularité architecturale réalisée par le célèbre Daniel Libeskind. À l’intérieur, près de 2 000 m² de plans d’eau, 3 toboggans géants et 18 bassins se ligueront ensemble pour mouiller votre maillot de bain.

Si vous n’êtes pas d’humeur piscicole, rabattez-vous alors sur le parc zoologique (Tierpark) Dälhölzli ou à son complément, le Jardin botanique. Le premier est encore un espace dévolu au bien être des animaux. Et là encore, on retrouve… des ours. Avec notamment, le couple de renommée urbaine Finn et Björk, arrivé en mars 2008 du zoo d’Helsinski. Attention tout de même, il peut être irritable si on le défie sur son territoire comme pourra vous le dire ce jeune qui s’est introduit en novembre 2009 dans leur enclos pour aller les observer de plus près. Résultat : une petite visite à l’hôpital de Berne pour panser les blessures. Mais assurément, vous, vous serez sage. Evidemment, le parc zoologique ne compte pas que sur les ours bruns pour remplir ses allées. Beaucoup d’autres espèces viennent cohabiter : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et insectes exotiques gonfleront la faune présente dans ce lieu de rencontre. Pour être plus précis, des basilics à lobe frontal, des papillons en liberté, des loutres, des bœufs musqués, des lynxs, des loups, des bisons et des ibis chauves pourront vous offrir un face-à-face de pupilles.

Le jardin botanique peut permettre de terminer cette excursion dans le monde naturel. Situé en plein sud de la ville, 6 000 espèces de plantes s’y complaisent sur une surface de plus de deux hectares (7 serres). L’originalité du lieu, c’est son Alpinum qui offre au regard un grand choix de végétaux alpestres suisses, ainsi que des plantes de montagne venant des régions asiatiques et nord-américaines. Un petit plus qui vient compléter la collection habituelle de plantes tropicales, subtropicales et semi-désertiques que l’on retrouve couramment dans les serres des autres jardins botaniques.

Autre petit parc fort plaisant mais en plein centre ville celui-ci, entre la gare et le quartier de Matten : le Kleire Schanze. Ce lieu empli de pelouse, d’étang et de colline ouvre une vue sur les Alpes et permet d’observer les canards secouer leurs popotins devant les monts enneigés. Et si après cet enivrement de nature, on s’enivrait de culture ? Car Berne en offre tout autant.

Sophie Graffin Publié le 24/02/2010 Crédit photos : © Bern Tourismus By-Line: swiss-image.ch/Terence du Fresne