Moulin Rouge, les ailes de Montmartre

Moulin rouge…Ces mots résonnent comme une promesse de voyage entre l’extravagance, le glamour et la magie. Lieu mythique qui rayonne et danse au rythme de son fameux French Cancan, le Moulin transporte l’image d’un Paris rêvé depuis Montmartre, quartier auquel il insuffle une énergie chic et coquine depuis 120 ans. De France ou d’ailleurs, on y vient se réfugier sous ses ailes pour basculer doucement et sensuellement dans un univers enveloppé de strass et de plumes.

De « Frou-Frou » à « Féérie »

 

Doriss Girl

C'est en 1957 que les numéros de danse deviennent des revues. Doris Haug fonde la troupe des « Doriss Girls » et une toute nouvelle formule de dîner-spectacle destinée à une clientèle de plus en plus internationale est créée. Après les aléas du passé, le Moulin redevient un haut lieu de la fête et du divertissement à Paris, et connaît un premier grand succès avec sa revue « Frou-Frou ». Dès lors, par superstition, toutes les revues porteront un nom commençant par la lettre « F ». Depuis 1999, c'est « Féérie » qui illumine la scène et enchante les spectateurs venus de partout, comme attirés par les sirènes des belles du Moulin.

L'endroit ne peut laisser insensible. Après avoir été accueilli par le Maître d'Hôtel, une fois les portes franchies, on plonge dans un autre univers. L'endroit est imposant, la salle pouvant accueillir 850 personnes. Les tentures rayées rouges et blanches et les lampions tricolores au plafond recréent une atmosphère de fête populaire en plein air que viennent renfoncer deux arbres de part et d'autre de la salle. Le sol est tapissé de rouge, rappelant l'immense rideau pailleté ornant la scène et les petites lampes posées sur chacune des tables vers lesquelles les spectateurs sont guidés.

Avant le spectacle, l'ambiance est à la fois feutrée, intime et joyeuse. Les bouchons de champagne sautent, les chefs de rang et les serveurs effectuent un ballet organisé pour satisfaire les désirs de chacun, les discussions vont bon train, et le regard se pose sur chaque élément du décor : les affiches des différentes revues de cabaret, du Lido aux Folies Bergères en passant par le Chat Noir, les lampadaires ornés de photophores multicolores, les illustrations et croquis de Toulouse-Lautrec, la façade d'un Panthéon au mur avec l'inscription « Aux petites femmes le Moulin Rouge reconnaissant », tout un habillage qui fait sourire ou rêver.

Et puis les lumières s'éteignent. Dès la levée du rideau, la magie opère. Pendant près d'une heure trois quarts, les tableaux s'enchaînent dans un déferlement de plumes, de paillettes, de strass, de jeux de lumières et de décors changeants, au son de musiques originales et de thèmes spécialement créés pour la revue.

French Cancan

Les 60 Doriss Girls sont superbes, et les Boys ne sont pas en reste ! Les corps sont sublimés par des costumes somptueux et inventifs en accord avec les ambiances recréées. L'oil ne connaît aucun répit, car lorsque les danses s'arrêtent, un numéro de cabaret commence : jongleurs, contorsionnistes et ventriloques s'emploient à poursuivre le voyage sur le mode du burlesque et du sensationnel.

Puis le festival reprend : les scènes exotiques enchantent, les chevaux nains coiffés de plumes rouges attendrissent, et on retient son souffle devant les pythons et leur chorégraphie suave et angoissante avec une danseuse dans l'aquarium géant. Puis, lorsque retentissent les premiers accords d'Offenbach et les cris des filles, le signal est donné : c'est le French Cancan ! Le quadrille endiablé n'a pas pris une ride et emporte le spectateur dans sa farandole de frous-frous tricolores, avant le final où les 80 danseurs effectuent leurs derniers pas dans un jeu de lumières et de couleurs éblouissant. Alors on rallume les lumières, le rideau rouge a repris sa place, et il est l'heure de quitter cette bulle hors du temps, hors des modes, pour regagner les rues de Paris les yeux pleins d'étoiles.

Audrey Bonnet
Publié le 10/11/09

Crédit photos : © Moulin Rouge