Galerie d'architecture moderne et contemporaine

La cité de l’architecture et du patrimoine suit les règles de la logique. Dans la dimension temporelle, le présent efface et dissipe le passé. Au Palais de Chaillot, c’est la même chose mais dans la dimension spatiale uniquement : le moderne écrase l’ancien au sens où il est exposé à l’étage supérieur et domine ainsi la partie consacrée aux vestiges du passé.

Vitrine présentant armures et boucliers
La galerie d'architecture moderne et contemporaine

Contrairement au rez-de-chaussée, éventré par une séparation latérale, la galerie supérieure ne souffre d’aucune cloison. L’espace est libre de toute intrusion murale et du coup, les unités d’exposition se succèdent avec l’avantage d’une déambulation sans heurts pour le visiteur. La thématique ne reprend pas ce concept d’unité et se scinde en deux : « concevoir et bâtir », pour mieux comprendre les techniques architecturales adoptées au cours du XIXe et du XXe siècle et « architecture et société », qui explore la relation entre la ville et les citadins. Au total, ce sont donc 1 200 m² comblés par 11 tables thématiques, des maquettes issues des plus grands cabinets d’architectures et des écrans géants qui retracent avec brio l’histoire de l’architecture de 1850 à 2001.

Après avoir découvert les multiples dessins et documents présentés dans ce lieu, vous serez incollable sur les diverses innovations qui ont secoué et renouvelé les conceptions urbaines des derniers siècles. La naissance du métier d’architecte tel qu’on le connaît aujourd’hui est évoqué, tout comme l’arrivée de nouveaux matériaux, qui ont su donner un élan nouveau à cette profession prometteuse en permettant de s’affranchir de la contrainte du poids (fer et béton sont utilisés pour la construction d’une structure qui offre à la façade l’occasion d’adopter de nouvelles formes et de se consacrer à l’esthétisme). On enchaîne avec la présentation de grands projets réalisés (Crystal Palace à Londres en 1851, bibliothèque Ste-Geneviève d’Henri Labrouste à Paris, halles Baltard détruites en 1975, Villa Savoye de Le Corbusier à Poissy,…). Les architectes contemporains les plus prestigieux sont également à l’honneur : Jean Nouvel, Christian de Portzampac par exemple.

salle d'exposition
Hall d'accueil

Enfin, Le Corbusier bénéficie d’un statut privilégié puisque l’une des extrémités de la galerie héberge une reconstitution à échelle 1 d’un appartement type de sa Cité radieuse, véritable incarnation des « cinq points d’une architecture moderne » qu’il a institués et qui définissent le paradigme de la modernité (pilotis, toit-jardin, fenêtre en longueur, plan et façades libres).
Les élèves de 17 établissements d’enseignement technique et professionnel se sont répartis les tâches (gros œuvre, chaudronnerie, menuiserie, mobilier…) pour implanter cette copie fidèle dans laquelle vous pouvez même pénétrer. Les débutants ont pu parfaire leur technique et affiner leur compétence en réalisant cette reconstitution en atelier. Elle a ensuite été assemblée sur le chantier sous les yeux perçants de Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des Monuments Historiques, garant de l’exactitude scientifique de la réalisation. La copie n’est pas rigoureusement identique en raison de contraintes techniques dues à son implantation dans un musée (problème de surcharge qui empêche l’utilisation de certains matériaux). On retrouve quand même tous les équipements à l’intérieur du logement : cuisine à l’américaine, placards et rangements en surnombre, portes avec tableaux à craie pour les enfants et même « vide-couche » pour les salissures du petit dernier !

Sophie Graffin
Crédit photos : © CAPA - Nicolas Borel