Le tribunal

Marie-Antoinette

Avec la révolution démarre une nouvelle phase de l’histoire de la Conciergerie, alors l’une des soixante prisons parisiennes. Dès 1793, le tribunal criminel instauré dans la Grand’Chambre se fait tribunal révolutionnaire. L’accusateur public, Fouquier-Tinville, ancien procureur du Châtelet, y sévit avec deux substituts comme bras droit, des juges et un jury de douze. Les nobles de la Cour sont jugés sous l’œil du peuple accusateur et aucun appel n’est autorisé. A l’arrivée de Robespierre au comité du Salut public en 1793, la loi des Suspects est votée et les moyens du tribunal révolutionnaire s’étendent. Les grands procès commencent.   Marie-Antoinette, reine de France et compagne de Louis XVI sera détenue deux mois et demi à la Conciergerie.  Elle y occupera deux cellules, une première chambre au rez-de-chaussée et dont les fenêtres donnent sur la cour des Femmes que l’on peut visiter. Sa deuxième cellule lui est attribuée à la suite du « complot de l’œillet » lors duquel Rougeville tenta d’organiser son évasion. Contrainte alors de s’éloigner de l’entrée de la prison, l’Autrichienne sera installée dans une nouvelle cellule où elle restera un mois et demi. Il faut l’imaginer, si tant est qu’elle y fut autorisée, déambuler dans la Cour des Femmes, cette minuscule place pavée où une fontaine rappelle son usage comme lavoir. Plus tard, une chapelle expiatoire fut édifiée à la demande de Louis XVIII près de sa première cellule et partage avec la chapelle des Girondins (datant de 1776) la salle où un grand banquet fut donné pour leur dernière nuit.

Marie-Antoinette

La favorite de Louis XV, Mme du Barry, sera également condamnée en décembre 1793. De plus en plus nombreux, les procès deviennent collectifs. L’année suivante, Danton, Camille Desmoulins, Madame Elisabeth (sœur de Louis XVI) comparaissent devant le tribunal de Fouquier-Tinville. Un nouveau décret est accordé cette même année qui permet d’élargir la définition de suspect et d’affaiblir d’avantage la possibilité de défense des accusés en leur retirant témoins et défenseurs.

Mais bientôt, le tribunal révolutionnaire attire l’hostilité de la Convention, l’assemblée pendant la Révolution. En juillet, Robespierre est arrêté. On le condamne et il est guillotiné le jour même. Fouquier-Tinville, victime de sa propre justice, monte sur l’échafaud après 9 mois de détention dans la conciergerie.

Malgré son passé royal, la Conciergerie a conservé l’image d’une terrible prison, image que l’imposante façade de château médiéval et l’architecture gothique à la fois somptueuse et froide viennent continuellement renforcer. En sortant, il est difficile d’oublier les visions lugubres de prisonniers imaginaires qui peuplent ces cellules désormais vides. Mais ce sombre passé est bien le notre et cette étape de l’histoire française restera l’une des plus marquantes et déterminantes pour notre pays.

Alice Cannet
Publié le 10/02/10