Les collections du Musée d'art et d'histoire du Judaïsmee

Le parcours

Le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme retrace l’évolution du monde juif à travers son patrimoine culturel. Le parcours chronologique explore les différentes formes que prend l’art juif. Celui-ci se déploie surtout dans le champ des arts appliqués. C’est la finalité des œuvres qui est privilégiée, soit la glorification de Dieu. L’art juif se définit ainsi, par sa fonction, bien que d’autres critères entrent en jeu, notamment le décor, la forme ou encore les origines de l’auteur.

Ainsi, 13 salles vous font découvrir par des objets divers l’histoire des Juifs de France mais aussi d‘Europe et d’Afrique du Nord. Chacune d’elle correspond à une époque, un lieu et présente quelques thèmes. Le parcours cherche à montrer l’unité du judaïsme, malgré la dispersion géographique des communautés. Du Moyen-Âge à nos jours, explorez ce qui a contribué à façonner le judaïsme français d’aujourd’hui.

"Être Juif à Paris en 1939"

Salle
Salle "Être Juif à Paris en 1939"

La visite commence au rez-de-chaussée dans une petite pièce blanche, située en bas d’un grand escalier. « Être Juif à Paris en 1939 » se trouve dans un espace isolé. Le musée a choisi de se consacrer à la culture juive dans sa vitalité. Pour ne pas omettre la Shoah, elle est évoquée, mais à part. L’événement dramatique est ici reconnecté au quartier. Il illustre ce qui s’est déroulé dans de nombreux pays d’Europe. Sur les panneaux d’exposition, on observe des photos du quartier à l’époque de l’entre deux guerre, lorsque de nombreux Juifs y vivaient. On retrouve une chronologie des lois antisémites promues en France, illustrées par des photos. Sur le côté, des tissus marqués d’inscriptions flottent au gré des courants d’airs. Ils présentent des personnes qui habitaient l’hôtel Saint-Aignan et qui ont été déportées. ### Le parcours chronologique

Le parcours chronologique commence au premier étage, dans la salle d’introduction. Celle-ci cherche à donner des clés pour comprendre le judaïsme. Elle expose ses facteurs de pérennisation. L’ambiance ici est plus feutrée, la lumière tamisée éclaire doucement le parquet. On remarque sur les murs des textes en hébreux. Il s’agit d’extraits de la Torah et de poèmes qui montrent la prédominance de l’écrit et de l’hébreu dans la culture juive. Chaque objet illustre un trait particulier : la Torah symbolise la foi, la maquette de Jérusalem : la terre et la ménorah (le chandelier à sept branches) : le rituel.

La
La salle d'introduction

La salle suivante parle des Juifs en France, au Moyen-Âge. Elle s’organise autour d’une collection de stèles issues des anciens cimetières juifs parisiens. On y trouve également une série d’anciens manuscrits. Tous ces objets datent d’avant l’ordre d’expulsion des Juifs, décrété en 1306, par Philippe le Bel. La salle dédiée aux Juifs en Italie de la Renaissance au XVIIIème siècle évoque les thèmes de la synagogue ainsi que du cycle de la vie. Au milieu de la pièce trône un ancien pupitre de lecture qui fait face à une arche sainte finement sculptée (l’armoire dans laquelle se conserve la Torah dans les synagogues). Sur la droite, une vitrine illustre le thème de la naissance et de la maturité religieuse. On peut y observer des instruments servant à la circoncision ainsi qu’un châle de prière. Plus loin, dans la salle suivante, des textes de mariages sont accrochés au mur, en face d’une vitrine qui renferme une belle collection d’imposantes bagues de mariages.

Ne ratez pas sur votre gauche, la jolie petite salle qui présente Hanouca. Vous vous trouverez face à trois vitrines qui renferment une collection de lampes de Hanouca, fabriquées en Europe ou en Afrique du Nord. De formes et de décors variés, elles comportent toutes huit lumières et parfois une lumière supplémentaire qui sert à allumer les autres.

A partir du XVIIème siècle, les Juifs affluent à Amsterdam où règne une grande liberté religieuse. Les communautés juives venues de la péninsule ibérique et du côté de l’Allemagne s’y installent. La tolérance leur permet de s’y épanouir. Des documents, notamment des gravures, témoignent ici de l’histoire de l’imprimerie hébraïque.

La pièce principale de la salle suivante est une cabane de Soukkot, provenant d’Autriche ou du Sud de l’Allemagne. On peut observer ses murs intérieurs, ornés d’un décor floral et d’une représentation de Jérusalem. La fête de Soukkot, qui célèbre les récoltes, est associée à l’errance des Juifs pendant 40 ans dans le désert, avant d’accéder à la Terre Promise. Pour se remémorer la précarité des juifs pendant l’Exode, les croyants doivent vivre pendant huit jours dans des maisons temporaires.

Les
Les maquettes de synagogues

On aborde ensuite un thème beaucoup plus global : le monde ashkénaze traditionnel, jusqu’au XIXème siècle. Les ashkénazes sont les juifs originaires de la Grande-Bretagne jusqu’à la Russie. Le musée expose une série de maquettes de synagogue en bois d’Europe de l’Est, notamment de Lituanie et de Pologne. Construites entre les XVIème et XVIIème siècles, elles ont malheureusement disparu aujourd’hui. Comme le montre les maquettes, l’extérieur est très simple. L’intérieur est en revanche plus décoré. Le thème se poursuit dans une partie d’une salle tout en longueur à l’étage. Plusieurs vitrines laissent voir de beaux objets anciens, datés pour la plupart du XIXème ou XXème siècle. Le Sofar (la corne de bélier), le châle de prière et le téfilin (petite boîte qui contient des minuscules morceaux de parchemins et qui s’attache avec des lanières en cuir) illustrent notamment le thème de la prière. Juste après, on peut voir de somptueux coffres où se range le rouleau de la Torah. La seconde moitié de la salle est dédiée au monde sépharade traditionnel, soit les juifs de pays méditerranéens ou orientaux. Ici, c’est surtout le thème du textile qui est évoqué. Au centre de la pièce se trouvent divers costumes d’époque, d’hommes et de femmes, des habits cérémoniaux et de la vie quotidienne. Dans les vitrines sur les côtés, on observe d’autres étoffes, certaines brodées d’or ainsi que des bijoux. La plupart de ces pièces proviennent du Maghreb, lieu où se sont développés le textile et l’orfèvrerie juifs.

Vanessa Carronnier

Crédits photos : © Moïse Arbib, © MAHJ