Visite du Musée Carnavalet

L'hôtel Carnavalet

La galerie des enseignes
La galerie des enseignes

Vous pénétrez d’abord dans la cour intérieure, dont l’architecture travaillée mérite que l’on s’y arrête un instant. Au centre de celle-ci se dresse une statue en bronze de Louis XIV, la seule qui n’ait pas été fondue pendant la Révolution, certainement par oubli…
La façade centrale porte les sculptures de personnages évoquant les quatre saisons, surmontées des signes du zodiaque correspondants. Les arcades du rez-de-chaussée sont surmontées de masques grimaçants et portant des cornes, appelés macarons. Ce sont les arcades des anciennes écuries, qui sont maintenant les portes d’entrée au musée qu’il va vous falloir franchir. Les collections sont disposées pêle-mêle dans les salles du musée. Le visiteur parcourt les salles et traverse les différentes époques, évoquées par le style du mobilier, les tableaux ou encore les objets.
La visite se veut chronologique, commencez au rez-de-chaussée, avec tout d’abord les  deux galeries des enseignes. Elles abritent une collection tout à fait unique et exceptionnelle d’enseignes datant du XVIe au XXe siècle.

L'enseigne du Chat noir
L'enseigne du Chat noir

Il est ici facile de se faire une idée de l’atmosphère qui régnait dans les rues de Paris aux temps où bien des habitants, illettrés, se repéraient uniquement grâce aux enseignes. La beauté et l’ingéniosité de certaines s’explique par le fait que les marchands essayaient par tous les moyens d’attirer leurs clients ; une enseigne originale pouvait faire la différence ! L’une des pièces les plus célèbres est sans doute l’enseigne du cabaret montmartrois Le Chat Noir, bastion de nombreux artistes et symbole de la vie bohème au XIXe siècle. Située au début de la visite, une maquette attirera certainement votre attention : elle représente Paris telle qu’elle était au XVIe siècle. Le périmètre de la ville se réduisait alors à la seule île de la cité, ceinturée de murailles ; on fermait les portes de Paris durant la nuit. On peut observer que les ponts étaient surmontés de maisons, habitats plutôt précaires quand on sait que lors des crues du fleuve, les eaux arrachaient systématiquement l’un des ponts, détruisant ainsi de nombreuses habitations et emportant bien des vies. Quelques moulins flottants étaient amarrés aux piles des ponts, profitant ainsi de la force de la Seine. Ils furent détruits au XVIIIe siècle car ils gênaient la navigation. On remarque également l’absence de place publique et les maisons serrées, les rues étroites… Même le parvis devant Notre Dame était de taille réduite. A cette époque, l’île de la cité comptait 18 églises, il n’en reste aujourd’hui que deux : Notre Dame et la Sainte Chapelle.

Le secrétaire de Mme de Sévigné
Le secrétaire de Mme de Sévigné

Le rez-de-chaussée présente ensuite Paris aux XVIe et XVIIe siècles, à l’aide de tableaux et objets qui évoquent la vie à cette époque. Ce sont des siècles à la fois sombres et fastueux : la Renaissance permet à de nombreux bâtiments, comme le Louvre, de voir le jour, mais les années sont ponctuées de tragédies et de guerres de religions (St Barthélémy, émeutes de la ligue...) Vous pourrez voir des portraits de personnages qui ont marqué ces années, comme François Ier, Catherine de Médicis, Marie Stuart…Mais aussi des meubles datés de cette période.
Au premier étage de l’hôtel Carnavalet, les collections vous montrent Paris au XVIIe siècle. A travers les tableaux aux murs, on prend conscience des changements subits à Paris à cette époque : de grands chantiers ont ainsi modifié le paysage parisien, comme celui du Louvre, des Invalides, ou encore de la Place Royale. Paris prend alors le visage de grande ville moderne.
C’est à cette époque que Mme de Sévigné écrit ses lettres. La plupart sont adressées à sa fille, partie rejoindre son mari dans son château à Grignan, au sud de la France. Mme de Sévigné a passé les vingt dernières années de sa vie à l’hôtel Carnavalet. Une salle lui est d’ailleurs dédiée au premier étage, qui renferme des objets lui ayant appartenu ainsi que des portraits de quelques éminents personnages de son époque (Molière, Jean de La Fontaine…).
Le musée possède également quelques exemples des styles néoclassique et rocaille, caractéristiques des Lumières. Il faut dire que la fin du XVIIIe siècle a sonné l’heure des grandes constructions, comme celles de l’église Sainte Geneviève, actuel Panthéon.

L'hôtel Le Pelletier

L'escalier d'honneur - Hôtel Le Pelletier
L'escalier d'honneur - Hôtel Le Pelletier

Pour rejoindre l'hôtel Le Pelletier, nul besoin de ressortir, une galerie a été spécialement conçue pour créer une continuité dans la visite. Vous y verrez une collection de peintures décrivant la vie à la Belle Epoque, autour de 1900. C'est aussi un espace qui accueille régulièrement des expositions temporaires. L'hôtel Le Pelletier renferme les collections consacrées à la Préhistoire, l'époque Gallo-romaine et la première moitié du XIXe siècle au rez-de-chaussée, la deuxième moitié du XIXe siècle et le XXe siècle au 1er étage et la Révolution française au 2e étage.
Par la passerelle vous arriverez directement au premier étage : Paris au XIXe siècle, du Second Empire à la Troisième République. Les tableaux de Jean Béraud et Henri Pille vous aideront à vous rendre compte de l'effervescence de ce siècle, qui a lui aussi vu bien des changements s'opérer dans la capitale. C'est l'époque où l'on découpe Paris en vingt arrondissements, l'époque encore où la guerre de 1870 et la Commune mettent fin au règne de Napoléon III à l'aube de la IIIe République.
Afin de recréer l'atmosphère du XXe siècle, on a reconstitué les appartements de Marcel Proust, Anna de Noailles et Paul Léautaud. Le mobilier est souvent authentique, à l'instar de la chambre de Marcel Proust, créée à partir de meubles collectés dans trois appartements qu'il a occupé.

En montant au deuxième étage, vous pourrez découvrir les ouvres d'art et objets qui illustrent les différentes phases de la Révolution française : le Serment du Jeu de Paume, la prise de la Bastille, la Déclaration des Droits de l'Homme, l'incarcération de la famille royale. Vous avez devant vous un ensemble unique de près de 500 ouvres qui devrait combler les passionnés.

Rez de Chaussée de l'hôtel Carnavalet
Rez de Chaussée de l'hôtel Carnavalet

Redescendez ensuite vers le rez-de-chaussée, vous voici au cour du Directoire. Malgré les turbulences politiques de cette époque, Paris reste un lieu d'effervescence littéraire et artistique. Vous pourrez découvrir ici les portraits de personnages célèbres, les vues de la capitale à cette époque ainsi que les souvenirs des évènements historiques.

Enfin, terminez en faisant un retour en arrière avec le dernier espace, qui expose les collections de l' « Avant Paris », qui sont le résultat de fouilles menées dans la capitale depuis le XIXe siècle. Celles-ci ont mis au jour des vestiges tels qu'une dent de mammouth ou des pirogues du Néolithique, qui attestent d'une occupation des lieux déjà à la Préhistoire. Les pirogues ont été trouvées à l'est de Paris, lors des travaux pour l'aménagement du quartier de Bercy. Cet ensemble est l'un des plus anciens conservés au monde. Certains objets sont même intrigants, comme cette trousse de chirurgien datée du IIIe siècle !

Prolonger sa visite

Arrangement pour orchestre d'Hector Berlioz
Crypte archéologique du parvis de Notre Dame

Le musée Carnavalet possède également deux sites qui sont eux aussi liés à l’Histoire de Paris. Sous le parvis de Notre Dame se trouve la Crypte archéologique, aménagée en 1980 pour présenter les vestiges découverts dans les années 70. Vous pourrez voir l’évolution urbaine et architecturale de l’île de la Cité, cœur historique de Paris.
Sur la place Denfert-Rochereau se trouve un lieu bien singulier : les Catacombes de Paris Pour y accéder, vous devrez descendre à 20 mètres sous terre et parcourir des galeries souterraines creusées dans des carrières de Pierre. Vous arriverez ensuite dans « l’empire de la mort », qui rassemble les vestiges de quelques 6 millions de Parisiens.
Pour en savoir plus, consulter l’article sur les Catacombes de Paris.

 

Alexandra Billard

Crédits photos : ©DAC / A. Dumont