Informations Générales

Quand le studio devient difficilement supportable, quand les enfants sont difficilement contenables ou tout simplement lorsque la sortie devient désirable, une excellente solution s’impose : aller faire un tour au parc floral de Paris. Situé au Nord-est du bois de Vincennes, cet espace clos de plus de 25 hectares est risible face aux 900 qu’occupe le bois. Parcellaire, il se rattrape néanmoins avec la diversité de sa flore et la douceur qui y règne.
Ici, les enfants côtoient les promeneurs du dimanche le week-end. En semaine, les troupes de la jeunesse française viennent découvrir ce qu’est la biodiversité et s’adonner à l’admiration de la nature. Avec le bois de Boulogne, à l’extrême opposé de Paris, le bois de Vincennes reste l’un des rares espaces verts que les parisiens et autres touristes peuvent fouler de leurs semelles amollies par le macadam trop souvent piétiné. Petit focus sur ce précieux havre de paix.

Histoire du bois de Vincennes : quand les visiteurs remplacent les chasseurs

Fleurs violettes
Fleurs violettes sur fond de graminées

À l’origine, Paris était Lutèce. Et cette Lutèce là était encore, à l’époque, entourée d’une verdure foisonnante. L’urbanisation s’imposant, la ceinture feuillue tendit à disparaître. Ce qu’il en reste aujourd’hui nécessite deux doigts seulement pour être listé :

  • Le bois de Vincennes
  • Le bois de Boulogne

    Les deux réserves se ressemblent puisque, situées à la périphérie de la capitale, elles occupent toutes deux environ 900 hectares. Réunis par la petite ceinture ferroviaire et par la Seine, les deux bois sont des vestiges de possessions royales. Vincennes en effet avait la préférence des souverains avant que Louis XIV n’impose son somptueux palais versaillais. Jusqu’à la jeunesse du Roi-Soleil, la cour venait souvent s’adonner aux plaisirs et aux divertissements de l’époque, dont la chasse. Pas étonnant donc que le bois entourant le château de Vincennes où le roi résidait ait été racheté à l’église par Philippe Auguste (1180-1223) pour en faire une réserve de chasse.

    Le joli petit terrain de chasse fut cependant ravagé à la Révolution. L’année 1789 avec ses caprices (froid, famine, maladie…) eut raison de lui. Les affamés vinrent détruire les murs qui l’entouraient, les pilleurs, s’accaparer du bois tendre pour le revendre et empocher quelques louis. Ca périclite, jusqu’à ce que l’Empire ne reprenne le contrôle de ce charnier végétal.
     

Nature verte
La nature aime le vert

Napoléon Ier décide d’en faire un terrain de manœuvre militaire. Puis, sous le Second Empire, la rage guerrière s’efface face à la société de loisirs. Le terrain militaire se mu en parcelles sportives. Haussmann, grand urbaniste des années 1860/1870 répond à la commande qui lui est adressée : faire du bois une agréable promenade. Qu’à cela ne tienne. On apporte de l’eau, on plante des arbres et des fleurs, que l’on sépare par des allées aux courbes douces permettant de découvrir le paysage au fil de la marche. Le site prend une facture « à l’anglaise » et se pare de quatre lacs artificiels dont celui de Gravelle, point culminant du bois. La fréquentation gonfle et les infrastructures dopent le lieu d’évasion et de détente. Le dernier des équipements date de 1969 et porte le nom de « parc floral ».

 

Découverte et déambulation dans le parc (se promener)

Le parc floral de Paris est créé en 1969 à l’occasion des 3e floralies Internationales. Après une première exposition florale au Grand Palais (1937) et une deuxième édition au Centre des Nouvelles Industries et Technologies (CNIT, La défense, 1959), les floralies se voient en effet construire, juste pour elles, un vaste espace pouvant accueillir les nombreux taxons.
Daniel Collin est le chef d’orchestre de la composition végétale. Architecte et paysagiste, il insuffle aux parcelles un air japonais et très connoté années 70. Les massifs floraux se reflètent dans le miroir d’eau du bassin central et sont perturbés par la présence organique de multiples sculptures qui rythment le parcours. Monticules pierreux, serpentines en métal et semblant de roches ne manqueront pas de vous surprendre.

Le parc floral se découpent en plusieurs espaces divers et variés. Parmi eux, on compte tout d’abord ceux qui ne sont pas ouverts au public. Eh oui, vous ne pourrez explorer que 25 des 30,8 hectares qu’il occupe. Rassurez-vous, il y a quand même de quoi faire. Vous pouvez compter par exemple sur la « vallée des fleurs », espace central coloré et peaufiné pour vous offrir le plus de béatitude possible. Trois présentations par an s’y succèdent (hiver/printemps, été, et Toussaint) et évitent la monotonie d’un parterre unique et intemporel.
 

Pavillon
Entre les massifs, les pavillons

Fontaine
Fontaine en pierre

Vallée des fleurs
La vallée des fleurs

Peut-être entrerez-vous alors dans le « chemin de l’évolution », parcours labyrinthique qui expose en plusieurs étapes comment les plantes ont appris les fleurs et sont devenues bien plus que de vulgaires feuilles verdâtres ? Au fil de l’exposition, les couleurs apparaissent, les odeurs se complexifient en même temps que les végétaux se diversifient. Ne ratez pas la terrible belladone au nom charmant mais dont les baies sont d’une efficacité redoutable pour une envie suicidaire (4 et c’est la mort assurée !). Au sortir de ce chemin tortueux encadré de petits murets, vous pourrez alors quitter les voies balisées pour vous engouffrer dans des zones plus sombres et mystérieuses car plus boisées et sauvages.
 

La périphérie du parc se verticalise et se dote du bois des arbres. La pinède est un véritable paradis de fraîcheur lorsque le soleil a réussi à vous faire mouiller la casquette. Les pins noirs d’Autriche s’élèvent bien haut au-dessus des autres pins, les pins sylvestres. Sous les aiguilles des conifères, des plantes peu exigeantes sont parvenues à s’accoutumer au sol acidifié par les résineux venus des montagnes. Des fougères, de la bruyère et des rhododendrons se querellent l’espace.

Sapins
Les cimes des pins de la pinède

Plus loin, ce sont les gigantesques et impressionnantes feuilles du Gunera Manicata qui vous offriront leurs ombres. Plus d’un mètre d’envergure pour chacune d’entre elles ! Et encore, elle ne se plaît pas véritablement dans ce milieu parisien qui n’est pas le sien et pourrait atteindre une taille bien plus grande si elle s’épanouissait réellement. C’est pour dire la démesure du végétal… Mieux vaut être grand pour ne pas se sentir petit !

 

L’excursion dans les zones boisées et animées par quelques écureuils bien peu farouches peut se poursuivre par plusieurs haltes dans les différents pavillons d’expositions. Entourés pour certains de dispositifs originaux et aguicheurs, ils sont tout de bois et de verre vêtus. On peut pousser leurs portes pour y pénétrer et découvrir les richesses naturelles qu’ils abritent. Le « pavillon des papillons » donne une touche animale à l’ensemble des autres collections (plantes méditerranéennes, bassin des nymphéas, plantes d’intérieurs, camélias et fougères, bonsaï, iris, succulentes, collections saisonnières…). Le catalogue des espèces présentées est dense et on ne manquera pas d’aller voir les plantes médicinales, aromatiques et culinaires après avoir aperçu le camaïeu des plantes plus florifères. La revue de tiges peut cependant lasser à force et vous ne seriez donc pas contre un peu de distraction ? Ne partez pas, le parc floral en a aussi à foison. Pour les petits autant que pour les grands.

Sophie Graffin
Publié le 23/07/10

 

Crédits photos : © S. Graffin