Le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle aujourd’hui

Quelques infos utiles

1/ L’hébergement du jacquet : Il varie en fonction de l’époque. Alors qu’au XIe siècle, ce sont les abbayes qui offrent le gîte et le couvert aux marcheurs épuisés, dès le XIIe siècle, les hôpitaux et les hospices se multiplient pour répondre à la demande. Aujourd’hui, on n’a aucun mal à trouver une vieille bâtisse susceptible de nous accueillir pour reprendre des forces. Les étapes sont évidemment bien pourvues en lits et en tables et les réseaux associatifs ont étoffé l’offre. La participation financière reste à la libre appréciation de chacun et repose sur la générosité chrétienne.

2/ La beauté des chemins : Le « grand chemin » est ponctué de sanctuaires qui ont le plus souvent été

Route d'Aubrac
Au coeur de l'Aubrac, Via Podiensis construits pour abriter des trésors et des restes sacrés. Il n’est donc pas étonnant que le voyage soit l’occasion de véritables épopées esthétiques qui prépareront les yeux des pèlerins à la contemplation de la cathédrale de Saint-Jacques. Chaque étape noie le visiteur dans la magnificence de son patrimoine et le forme à l’art religieux. C’est en véritable spécialiste aguerri que chacun parviendra donc à Compostelle, après une course aux reliques passionnante.
La richesse patrimoniale du parcours et des quatre chemins historiques explique d’ailleurs que les jacquets ne soient pas que des chrétiens et que de nombreux touristes sans élans religieux viennent s’immiscer parmi les fidèles. Le pèlerinage rassemble désormais les amateurs d’art aux adorateurs du christ et les rassemble dans une communauté tolérante où tous peuvent se rencontrer et devenir plus que jamais des « frères ».

3/ La durée du pèlerinage : Quelque soit le chemin historique retenu, l’aventure prendra en moyenne deux mois pour que le jacquet français parvienne à son but. Quelques 1 600 km, cela fait bien entre 30 et 40 jours de marche. La marche n’est pas le seul moyen de réduire la distance. On peut aussi troquer la chaussure contre le pneu (vélo ou voiture) ou le sabot (cheval). La durée sera bien sûr raccourcie mais l’escapade pourrait perdre un peu de son charme, surtout si vous optez pour la voiture, auquel cas, isolé dans votre bulle d’acier roulante, vous perdrez le soutien de vos compagnons de voyage et échapperez à cet élan solidaire qui lie les pèlerins entre eux dans l’unité d’une quête identique.

4/ Le passeport du jacquet : Avant de partir, n’oubliez pas de vous munir d’une Credencial.

emaine sainte
Semaine Sainte à St-Jacques Ce petit livret fait office de passeport et collectera les tampons de chacune des étapes parcourues (les auberges ou paroisses se chargent de ce tamponnage).

Il est délivré par les associations jacquaires françaises et étrangères à toute personne qui entreprend le pèlerinage sans véhicule d’appoint.

Si jamais vous n’avez pas pu vous le procurer dans votre région de départ, sachez qu’à Saint-Jean-Pied-de-Port et que dans de nombreux refuges d’Espagne, jusqu’à Porto Marin (100 km de Santiago), vous pourrez remédier à l’oubli. Le dernier tampon, la Compostela de Saint-Jacques sera sans doute une épreuve de patience. Il n’est pas difficile de se convaincre que nombreux sont ceux qui veulent l’obtenir et qu’une foule joyeuse et animée se rassemblera devant l’Office des pèlerins pour que le dernier feuillet de leur Credencial soit bien encrée.

5/ Le profil du jacquet : Mais qui peut bien daigner consacrer deux mois de son temps à marcher au travers de la France pour rendre visite à une tombe ?

Ascension
Saint-Jacques lors de l'Ascension Beaucoup de monde en réalité. Les troupes itinérantes connaissent même un rajeunissement et une féminisation (30% de femmes) et s’internationalisent. Les brésiliens, ayant lus leur auteur national Coelho qui évoque le pèlerinage, franchissent l’Atlantique tandis que les coréens et les japonais viennent eux aussi désormais user leurs souliers sur les terres espagnoles. L’engouement actuel n’est donc pas ès de s’amoindrir.
D’autant plus que les raisons d’entreprendre un tel voyage dépassent désormais les simples motifs religieux. Les laïcs se lancent volontiers dans l’aventure pour découvrir des sites exceptionnels, les sportifs espèrent réaliser des exploits et les familles trouvent dans ce pèlerinage, non pas une occasion de repentance et de prière, mais de vacances mobiles et entreprenantes. Toutes les raisons sont bonnes pour aller à Saint-Jacques. Pour devenir jacquet, il faut toutefois être en bonne condition physique et avoir encore quelques deniers au fond de sa bourse. Deux mois d’errance nécessitent effectivement des mollets musclés et un cœur entrainé. Il faut pouvoir sortir les billets chaque jour pour dormir et se restaurer.

Sophie Graffin
Publié le 26/05/2010 Crédit photos : © ACIR/S.VAISSIERE ; © Turismo de Santiago