Hospices de Beaune

Le palais des pauvres

L’Hôtel-Dieu ou l’hôpital de la Sainte-Trinité de Beaune, mieux connu sous le nom des Hospices de Beaune ouvre pour la première fois ses portes le 31 décembre 1451. En service jusque dans les années 70, l’hôpital accueillait encore les blessés de la Seconde Guerre Mondiale, dans le respect de la tradition sociale. Aujourd’hui, l’ancien refuge pour pauvres et malades aux allures de palais attire les visiteurs de tous horizons.

Information générale

La mission des Hospices

Autre vue des Hospices de Beaune

A l’origine des Hospices de Beaune se trouve un homme, Nicolas Rolin. Issu d’une famille bourgeoise d’avocats, Rolin, chancelier du Duc de Bourgogne, Philippe Le Bon, et seigneur d’Authume est une importante figure politique de la Bourgogne du XVème siècle. Entre autres choses, il contribue à rédiger le traité d’Arras qui met fin à la guerre civile entre Bourguignons et Armagnacs et permet l’enrichissement de la Bourgogne à travers notamment le gain de plusieurs territoires.

Avec de nombreuses carrières aux alentours de Beaune à sa disposition et exempté d’impôts, le chancelier Rolin et sa femme Guigone de Salins se mettent en tête d’élever à Beaune un hôpital dont la mission sera d’accueillir les nécessiteux et les malades particulièrement nombreux dans les années qui suivirent la Guerre de Cent ans.

Rolin peut compter sur son influence pour acquérir les terrains nécessaires à la construction du domaine, et une fois le jardin des Cordeliers cédé, il peut entreprendre la construction des Hospices. L’édifice est fondé le 4 août 1443.

Salle des Pôvres

Les premiers patients arrivent dès le 1er janvier 1452. Ils sont hébergés, nourris et soignés dans la Salle de Pôvres par les Sœurs Hospitalières, un ordre religieux fondé par Rolin en 1459. Durant près de cinq siècles et demi jusqu’en 1971, malades, invalides, vieillards, indigents et orphelins y seront accueillis.

En 1658, la visite royale de Louis XIV (alors qu’il n’a que vingt ans) et de sa mère Anne d’Autriche ravive l’intérêt des nobles pour la ville. On raconte que des années plus tôt, Anne d’Autriche, encore sans enfants s’était rendu aux Hospices de Beaune et y avait fait le souhait de recevoir un enfant. Suite à sa visite, le Roi Soleil mit en place une rente annuelle de l’Etat afin de contribuer au développement des Hospices et de permettre la séparation entre hommes et femmes dans les dortoirs.

De nos jours, les Hospices perpétuent cette longue tradition de bienfaisance en hébergeant les patients du Centre Hospitalier Philippe le Bon et du Centre Nicolas Rolin. Les maisons de retraite de la Charité et de l’Hôtel-Dieu accueillent quant à elles, les personnes âgées.

Au cœur du berceau viticole de Bourgogne, les Hospices ont hérité de leurs propres vignobles dont la fameuse vente aux enchères se déroule le 3ème dimanche de novembre. La vente, à laquelle assistent des personnes venues des quatre coins du globe, rapporte chaque année des revenus essentiels à l’entretien du patrimoine et au développement des activités du lieu.

Au total, ce sont 60 hectares de vignes que possèdent les Hospices dont certains des vins figurent parmi les meilleurs de la Côte de Nuits, du Mâconnais et de la Côte de Beaune…Une vingtaine de vignerons salariés s’occupent du domaine sous la direction d’un régisseur.

Une architecture gothique flamboyant

L’architecte Viollet-le-Duc dit un jour : « Beaune est la seule ville au monde où l’on ait envie de tomber malade ! ». Et nombreux sont les visiteurs qui, au moment de quitter les lieux, doivent se dire la même chose. Près de 408 000 personnes se rendent sur place chaque année.

Il suffit de pénétrer dans la cour pour pouvoir admirer les toits polychromes en tuiles vernissées. Leurs couleurs chatoyantes - rouge, vert et jaune – devenues emblématiques de la Bourgogne donnent tout son caractère aux Hospices. D’un style Gothique flamboyant pour les façades et Baroque, mêlant éléments typiquement bourguignons et flandrins, l’édifice impressionne en premier lieu par sa grande taille, ses colonnes qui décrivent le contour intérieur du bâtiment et la splendide cour pavé. Au sol, la pierre rose de Corton, matériau réutilisé à l’intérieur sur les cheminées et rebords de fenêtres, illumine les bâtiments et reflète la lumière du soleil.

A l’intérieur, la Grande Salle des Pôvres jouit de dimensions confortables : 50m de long, 14m de large et 16m sous plafond. Contre les murs sont alignés 28 lits simples bordés de couvertures rouges laissant imaginer ce que devait être l’organisation de cette salle de repos et de soins. La restauration de la salle menée en 1875 par Maurice Ouradou, le gendre de Viollet-le-Duc, permit de reconstituer une partie du mobilier médiéval. Cependant la plupart des pièces sont d’origine.

Au fond, la chapelle est habitée par de nombreuses gargouilles païennes tâchées d’éloigner le mauvais œil. Ici, les patients pouvaient assister aux offices sans avoir besoin de se déplacer. C’est également dans cette salle que sont conservés les restes de Guigone de Salins sous une plaque de cuivre.

Outre la grandeur de l’architecture, le lieu a conservé quelques 5000 objets dont 2500 meubles recensés par l’inventaire général de Bourgogne. La pharmacie (l’apothicairerie) et son étalage de 130 pots en faïence de Nevers datant de 1782 et la cuisine et sa cheminée monumentale à deux corps en contiennent quelques exemples.

Parmi les objets et œuvres d’art toujours sur place se trouve une petite merveille de l’art flamand : le polyptique du Jugement Dernier par Rogier van der Weyden considéré comme l’un des deux plus grands peintres flamands du XVème siècle avec Jan Van Eyck.

Commandé par Rolin lui-même, ce polyptyque composé de 9 panneaux se trouvait à l’origine accroché au-dessus de l'autel dans la chapelle, et pouvait être admiré des malades les dimanches et jours de fête. Aujourd’hui, c’est dans la salle qui lui est dédié que se clôture la visite des Hospices de Beaune.

Alice Cannet
Publié le 07/07/2011
Crédits photos : © Alain Doire - Bourgogne Tourisme, © Alice Cannet