Fontevraud la royale

Quand une reine vient s’éteindre à Fontevraud

Il en est une qui a su donner à Fontevraud ses lettres de noblesse : Aliénor d’Aquitaine. Cette femme n’est pas seulement passionnée par les hommes de pouvoir, elle a également été séduite par l’abbaye de Fontevraud au sein de laquelle elle a choisi de reposer pour l’éternité. Petits rappels sur cette femme qui a lié son destin à celui du couvent.

Gisants
Les gisants : Alienor d’Aquitaine et Richard

Aliénor d’Aquitaine n’est au début de sa vie qu’une simple duchesse. Pas n’importe laquelle cependant. Comme son nom l’indique, elle règne sur l’un des plus vastes duchés de France, qui est réduit à peu de choses à cette époque : le duché d’Aquitaine. S’étendant des Pyrénées à la Loire, le vaste territoire suscite des convoitises et dès lors, la belle Aliénor ne laisse pas indifférente. De nombreux partis intéressants gravitent autour d’elle et ce sera le fils de Louis VI le Gros, le futur Louis VII, qui lui passera la bague au doigt. La duchesse devient reine de France. L’union est cependant peu prolifique en termes de descendance. Seules deux filles testent le berceau royal et après quine ans de vie commune sans aucun héritier en vue, le couple royal se sépare.

 

Aliénor est toujours aussi convoitée et son remariage se fait très facilement. Là encore, le mari est d’envergure. Après les Bourbon, l’ancienne duchesse vise chez les Plantagenêt.

Nef
La nef de l'abbatiale emplie de lumière

En 1154, elle s’engage à partager la fin de sa vie avec Henri qui deviendra roi d’Angleterre sous le titre d’Henri II. Les royaumes se fondent alors et l’Aquitaine est assemblée à la Touraine et à l’Anjou. Son nouvel homme se révèle très rapidement bien trop autoritaire pour une femme habituée à tout maîtriser d’une main de fer. Elle fomente, en 1173, une révolte contre lui. L’échec la discrédite et la mure dans l’indifférence. Plus personne ne se soucie d’elle et à la mort de son mari, elle part se réfugier à Fontevraud où elle choisira d’être exhumée aux côtés d’Henri II. L’ancienne reine déchue n’est donc pas rancunière et sa décision fait de Fontevraud une nécropole royale, la dotant d’encore plus d’importance.

Abbatiale vue de face de Fontevraud
Fin de journée pour l'abbatiale

Aujourd’hui, on peut admirer dans la nef de l’abbatiale quatre gisants en pierre peinte et aux couleurs pastel car ternies par le temps. Les deux premiers sont ceux du couple Aliénor/Henri II. À leurs pieds, deux autres célébrités reposent dans leurs boîtes minérales : Richard cœur de Lion, fils téméraire d’Aliénore et d’Henri, valeureux chevalier à la tête de la 3e croisade mais hélas tué par un carreau d’arbalète lors d’un combat, et Isabelle d’Angoulême.  

Femme de pouvoir, Aliénor d’Aquitaine a aussi été une femme de lettres. Amatrice de poésie et de fictions profanes, elle a transmis son savoir et a joué un rôle primordial dans la renaissance culturelle du XIIe siècle. Avec elle, Fontevraud bénéficie d’une hôte de luxe qui accroît la renommée du lieu. Choisir de terminer ses jours au couvent et d’y reposer pour l’éternité aux côtés de sa famille aux noms fameux promet à l’abbaye un grand retentissement qui continue encore aujourd’hui de raisonner jusqu’aux oreilles des touristes.  

 

L’abbaye royale de Fontevraud avec ses quatre monastères répartis sur 14 hectares subjugue autant par sa beauté que par son histoire. La blancheur éclatante de ses pierres éblouira les moins convaincus, les méandres de son histoire captiveront les moins littéraires. N’hésitez-pas, partez à l’assaut de Fontevraud la divine, pour vous mettre dans la peau d’une nonne, d’un prisonnier ou tout simplement d’un touriste venu découvrir un patrimoine exceptionnel en plein Val-de-Loire.  

 

Sophie Graffin
Publié le 16/09/2010

Crédit photo : © Dereck Berwin - CCO ; © S. Graffin ; © David Darrault - CCO