Citadelle de Vauban à Belfort

Gardienne de la France

Belfort n’a pas eu la vie facile. Sa situation géographique l’a maintes fois mise « à l’épreuve de la bombe » selon les propres mots de Vauban. Plantée sur la frontière chancelante de la France, dans une région largement tourmentée et bousculée, sa croissance a été ralentie par les assauts étrangers et a nécessité la mise en place d’un système défensif qui se devait d’être efficace et solide.

Fortifications
Fortifications de Belfort Ce système défensif émerge principalement des terres au XVIIe siècle. Le comte de Suze transforme en effet un simple donjon en citadelle à partir de 1648. Mais Louis XIV juge l’édifice bien trop chancelant et frêle pour assurer le verrouillage de la trouée de Belfort, véritable talon d’Achille et porte d’entrée de la France. Il veut le consolider et exige de l’agrémenter de remparts. Pour cela, il fait appel à Vauban, commissaire des fortifications, qui a déjà connu ses heures de gloire à la guerre et qui sait tirer partie de ses expériences de batailles pour bâtir du costaud. La ville se calfeutre alors dans un étau de pierre de forme pentagonale (1687). L’enceinte urbaine est protégée par des ouvrages avancés et renforcée aux angles par des tours bastionnées. Les citadins peuvent désormais dormir tranquilles, l’ouvrage de Vauban veille sur eux !
Aujourd’hui, le temps a eu raison des remparts et la seule preuve de son existence est la porte de Brisach, ancienne entrée principale de la ville qui, avec son fronton incisé par la devise de Louis XIV, rappelle que le grand souverain a lui aussi son nom inscrit dans l’histoire de Belfort.
En 1817, le général Haxo modifie massivement la citadelle de Vauban en en faisant une forteresse moderne et en la dotant d’une caserne dont les murs renferment actuellement le musée d’Histoire de la ville. La citadelle a désormais perdu toute fonction défensive et militaire. Elle se consacre aujourd’hui a retransmettre son passé et à accueillir les touristes venus l’admirer. Le site est en effet ouvert au public qui peut se balader dans les anciens fossés et suivre l’itinéraire agréablement commenté par l’audioguide bouleversant les textes habituels à fort contenu informatif. Les voix se diversifient et vous transportent de manière originale et divertissante dans les différentes époques. À l’entrée, c’est Vauban qui vous explique sa construction. Quelques pas de plus et c’est un soldat téméraire qui vous livre ses souvenirs de guerre et vous confie que le siège de 1870 a été assez éprouvant et éreintant. Puis vient l’heure de pénétrer dans le « Grand souterrain ». Une fois votre petite laine enfilée (car à l’intérieur il fait froid) et le compte à rebours de l’audioguide épuisé, vous entrez sous la voûte humide de cet ancien lieu de casernement.

Grand souterrain
Eblouissement visuel dans le "Grand souterrain" Vous vous rendez alors vraiment compte que cela n’a pas dû être facile tous les jours de batailler contre les prussiens et de se terrer dans cet endroit glacial et austère pendant 103 jours, assommé par le bruit incessant des bombes qui faisaient frémir la demeure. Le soldat de l’audioguide avait bien raison !  
La muséographie est exceptionnelle et le lieu terriblement bien adapté à la visite. Pour sortir de la pénombre et de la moiteur du lieu, il faut passer par cinq points d’arrêt qui présentent chronologiquement le « chemin de la Liberté ». Fin des privilèges, révolte du peuple au XVIe siècle, émancipation grâce à l’humanisme des Lumières, lutte contre l’ennemi lors des trois sièges du XIXe siècle ; voici les quelques exposés qui dévoilent au touriste le désir qu’ont toujours eu les Belfortains de ne souffrir d’aucun carcan. Une vingtaine de minutes d’instruction et vous retournerez au chaud et à la lumière. Vous pourrez alors prolonger la visite par le musée d’Histoire qui a récemment délogé le musée des Beaux-arts pour s’installer dans la caserne de la citadelle. Le canon massif qui garde l’entrée met tout de suite dans l’ambiance. À l’intérieur, un fond archéologique intéressant et des objets d’exception (l’épée du général Lecourbe, les effets personnels de Denfert-Rochereau…) ressuscitent l’ancienne Belfort. En parlant de musée, si on quittait la citadelle pour aller voir ce qui se fait dans la vieille ville ?

Sophie Graffin
Publié le 26/07/10

Crédits photos : © CRT Franche-Comté ; © Maison du Tourisme Belfort et Territoire de Belfort