Un animal polyvalent : chasse, course et art équestre
Les Grandes Ecuries impressionnent Écoutons Buffon qui nous confiait que le cheval était la « plus belle conquête de l’homme ». Avec une telle bête en effet, les potentialités s’épanouissent. On peut monter sur le dos de ce compagnon docile pour partir à la chasse, pour battre le jockey du moment ou tout simplement pour devenir artiste en réalisant les plus belles figures de dressage devant les yeux ébahis d’un public. À Chantilly, on retrouve ces trois usages du cheval.
La chasse tout d’abord. Quand on est prince, on se doit d’entretenir une écurie pour disposer de montures et s’adonner aux plaisirs de la chasse avec les autres personnalités de la cour. Chantilly respecte la règle. Que ce soit pour les Orgemont ou pour les Condé, le site s’est toujours plié aux exigences de ses prestigieux propriétaires et a toujours octroyé au cheval un minimum de place pour l’abriter. La forêt attenante a sans cesse été agrandie pour que les parties soient le plus épiques possible (6 000 hectares aujourd’hui) et convient ainsi parfaitement aux galopades permettant de traquer le cerf ou le sanglier véloce.
La course prend le relais de la chasse et permet à la ville un développement spectaculaire au XIXe siècle. En 1815, avec la Restauration monarchique, les français réfugiés en Angleterre pour échapper aux horreurs de la Révolution renouent avec leur contrée natale. Ils rapportent avec eux un goût pour un
Les stalles des Grandes Ecuries passe-temps typiquement anglais : les courses. L’hippodrome d’Ascot devient un modèle à imiter qui ne va pas tarder à l’être.
En 1833, quatre amis reviennent de la chasse et s’adonnent pour terminer à une petite course sur la pelouse séparant la forêt des Grandes Ecuries. La qualité du sol est découverte et le site trouve sa vocation : ce sera un hippodrome. Les premières courses y sont organisées dès le 15 mai 1834 grâce au soutien de la famille d’Orléans.
Quelques années suffisent pour que celui-ci devienne une nouvelle référence et s’enrichisse de tribunes et d’écuries d’entraînement. Le Prix du Jockey-Club (1836) et celui de Diane (1843) sont créés et continuent aujourd’hui d’attirer les plus grands parieurs (1er Week-end de juin pour le Jockey-Club et 2e pour le Prix de Diane). La ville s’adapte au monde des courses avec la prolifération de belles villas et d’hôtels de luxe permettant d’accueillir les turfistes et la haute société parisienne. Les entraîneurs, les lads et les jockeys débarquent avec leurs pur-sang anglais et finissent de peupler la ville devenue très attirante.
Le nouveau spectacle Aujourd’hui, le centre d’entraînement a conservé sa prestance. Ses 2 600 chevaux et ses 1 900 hectares font de lui l’un des plus fonctionnels d’Europe.
Il a su de plus éviter la monotonie en ajoutant au programme des événements un jumping annuel (en juillet) et des matchs de polo (500 par an). Les pros du maillet ont en effet fondé en 1996 le Polo Club de Chantilly, premier centre de Polo en Europe et aime affronter les meilleurs équipes sur leur propre terrain.
Autre innovation par rapport au siècle précédant : la valorisation du cheval comme outil esthétique. Le cheval est beau et à Chantilly, on sait mettre en valeur cette beauté.
Pour preuve, les spectacles équestres qui continuent d’animer le Musée Vivant du Cheval malgré sa fermeture (janvier 2009 jusqu’en 2012) pour la restauration de la cour des remises. En ce moment, c’est la Russie qui est à l’honneur avec le show de Sophie Bienaimé : « Un prince russe à Chantilly ».
Les présentations quotidiennes d’art équestre complètent cette débauche d’élégance en inculquant au public les rudiments de la monte. Seules les collections sont fermées, ce qui est déjà bien dommageable néanmoins. Enfin, il reste quand même bien des choses à voir à Chantilly…
Des chevaux qui piaffent, un château perdu entre des bassins et une forêt, une vieille ville charmante et des chemins où se perdre et où s’entrainent les plus beaux pur-sang du monde. Chantilly recèle de richesses pour vous offrir un week-end réjouissant et une petite pause dans votre quotidien. Sophie Graffin
Publié le 30/03/2010
Crédits photos : © R&B Presse