Johannesburg, la cité « arc en ciel »

De la monochromie à la polychromie : la multiplication des efforts

L’Afrique du Sud, depuis l’arrivée au pouvoir fortement tintée d’espoir du charismatique Nelson Mandela dans les années 90, revendique sa multiracialité. Cette nation « arc en ciel » veut rompre avec son passé, entaché par les politiques ségrégationnistes, et entend mêler dans une communauté multicolore l’ensemble des Noirs, des Blancs et autres couleurs en tout genre, Le nouvel idéal.

Johannesburg, la cité « arc en ciel »

Cet idéal se ressent dans les divers quartiers qui divisent Johannesburg. L’histoire a réuni les populations par origine et les a cantonnées dans des zones morcelées. Les Blancs ont quitté le centre-ville et la rigueur de son plan géométrique à la Manhattan pour trouver refuge dans le Nord (quartiers de Sandton et de Randburg qui hébergent les populations aux niveaux de vie les plus élevés au monde), créant ainsi une banlieue huppée aux fortes préoccupations sécuritaires. Les noirs se contentent de migrer vers le sud, remplissant encore plus les quartiers saturés des townships comme celui de Soweto. Quant aux quartiers de Newtown et de Braamfontein, ce n’est plus l’origine ethnique qui les définit mais d’autres critères plus honorables : la culture et l’aménagement touristique pour le premier et l’éducation et la vie étudiante pour le second.

Ces fractures urbaines tentent d’être dépassées par des efforts vigoureux et téméraires de la part des instances publiques. Les nouvelles constructions et les attirails touristiques par exemple, sont l’un des types de tentatives adoptées pour mixer un peu les parties bien trop homogènes et identitaires de la ville et créer une confusion colorée. On veut dynamiser les banlieues grâce à l’édification de nouvelles structures et de nouveaux musées. !

La First National Bank dans sa tour "diamant", le Nelson Mandela Bridge, pont à haubans de 295 m, est le plus long d’Afrique australe. Les musées prolifèrent dans l’ancien quartier industriel de Newtown (Soweto Art Gallery, Museum Africa, SAB Centenary Center sur la bière, Turbine Hall, Sci-Bono Discovery Centre sur la science et le Worker’s Museum).

Le centre se voit affublé d’un nombre sans cesse plus éloquent de tours de plus en plus originales, à l’image de celle de la First National Bank en forme de diamant et aux 58 facettes miroitantes, nommée sans surprise « Diamond Building ». Les centres commerciaux viennent alors s’accoler aux buildings qui donnent une tonalité américaine à « Jozy ». Tout est donc en œuvre pour faire revivre la cité et attirer les touristes. Après avoir sorti l’or de la terre, il faut tout faire pour sortir la tête de l’eau !

Sophie Graffin