À l’orée de Johannesburg : les banlieues

À l’orée de Johannesburg : les banlieues

Une particularité de Johannesburg : le contour est aussi intéressant que l’intérieur. N’hésitez donc pas à vous éloigner du centre ville pour aller vers les frontières Nord ou Sud et découvrir d’autres richesses, parfois bien plus ludiques et fantaisistes...

Banlieue Nord

À Montecasino, vous pourrez rompre avec l’austérité de la ville et vous laisser intimider par le folklore et le kitsch qui y règnent. Autour du grand casino, les restaurants, bars et boutiques en tout genre se disputent les clients qui peuvent entre deux verres s’échapper dans le « village toscan », absolument inauthentique, ou dans les Montecasino Bird Gardens (jardins qui distillent un peu d’air campagnard). Retour au sérieux avec le South African National Museum of Military History, l’un des musées le plus fréquentés de Jo’burg, qui laisse apparaître derrière ses vitrines quantités d’armes et d’objets de destruction utilisés lors de la guerre anglo-boer de 1899-1902 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Un zoo complète (Johannesburg Zoo) la liste des divertissements.

Banlieue sud

Le sud, tout comme le nord, imbrique lui aussi l’évasion et le sérieux. Du côté du sérieux, on retiendra l’Apartheid Museum qui ose montrer la réalité du système discriminatoire de la deuxième moitié du XXe siècle sans la masquer ni la déformer. Témoignages poignants et petites cartes attribuées en fonction de la couleur de la peau sensibiliseront jusqu’aux plus tenaces.

Le Gold Reef City (à 6 km du centre-ville), gigantesque parc à thème, explore une autre réalité de Johannesburg : non plus l’Apartheid mais la ruée vers l’or qui a sévi au début du siècle. Les installations vous emmèneront dans le Johannesburg du début du siècle, au temps des chercheurs d’or. Après le parcours infernal des différents manèges à sensations fortes, hâtez-vous de vous recoiffer pour plonger au cœur de la vieille ville.

Partez ensuite en direction du musée de l’or pour mieux comprendre comment le précieux métal est extrait. Vous pourrez même assister à une coulée publique d’un lingot de 12 Kg que l’on vous empêchera malheureusement de garder comme souvenir. Dommage !

Autre divertissement assez déroutant : l’immersion dans le monde du travail des mineurs grâce à un ascenseur qui vous emporte directement à 3 200 mètres sous terre pour mieux vous perdre dans un dédale de galeries souterraines. Attention aux coups de grisous ! Si vous en sortez vivant, continuez l’escapade banlieusarde direction Soweto en vous enfonçant encore un peu plus vers le Sud. Soweto

Art local L’ex ghetto qui rassemblait les travailleurs noirs est aussi réputé pour son histoire. C’est là en effet qu’a eu lieu les violences du 16 juin 1976 et qu’a pris naissance la poche de résistance contre les mesures coercitives imposées à la population noire pendant l’époque de l’Apartheid. Pour mieux s’imprégner de cette histoire tragique et incontournable, une petite visite du monument Hector Peterson (en hommage à ce jeune garçon mort au cours des émeutes de 1976) et de son musée s’impose. C’est un complément indispensable à l’Apartheid Museum de la banlieue Sud et la conjugaison de ces deux visites vous donnera un aperçu complet et parfait de cette sombre période de l’Histoire.

Après avoir vu ce qu’était la ville dans ses heures les plus sombres, n’hésitez pas à aller voir ce qu’elle est devenue maintenant. La perspective est plus joyeuse et optimiste. Certes, quelques enfilades de pavillons à un étage et quelques maisons en tôles manifestent encore un royaume où la pauvreté sévit et touche une partie importante des citadins réfugiés ici. Mais la misère s’estompe grâce à la présence nouvelle d’une classe plus aisée qui entreprend la construction de belles villas contrastant alors avec les échafaudages précaires qui tiennent encore debout. La banlieue suit la même voie que le centre de Johannesburg : des restes de pauvreté qui tendent à être absorbés par le rouleau compresseur du dynamisme touristique et par l’arrivée de nouvelles strates sociales.

Sophie Graffin