Information générale
1. Expérience inédite
C’est avant tout l’occasion de revisiter sa notion du temps, et peut-être de se mettre en accord avec ce que disait Hemingway : « le temps est la plus petite chose dont nous disposons ». Certains en profiteront pour faire leur introspection, d’autres pour se reposer prendre l’air et ne rien faire.
Il est compliqué de faire admettre à une personne que l’on peut dépenser une somme importante pour rester bloqué sur un bateau à ne rien faire tout en essayant de s’adapter au rythme de vie des marins. Pour le comprendre c’est encore mieux d’en parler avec ceux qui ont eu la chance de le vivre. Beaucoup de trajets se sont soldés par des leçons de vie. Hors du commun, ces passages dans un cargo ne peuvent laisser indifférent, Nicole Boyala en a écrit un livre, cargo solo, publié chez Pimientos, après son périple de deux mois entre Anvers et Tampico au Mexique. Son vécu est sûrement ce qui pouvait arriver de pire. Seule passagère du cargo, cette femme de 65 ans ancienne maire d’une petite commune du Gard, habituée à être toujours entourée a dû faire face à la froideur et l’inhospitalité des officiers russes : « deux tables étaient dressées dans la salle à manger, les couverts étaient posées de façon à me faire tourner le dos aux autres marins. Peut être pour respecter le dicton qui veut qu’une femme à bord porte malheur. Heureusement des Philippins beaucoup plus chaleureux ont pris la relève. »
2. Un paisible quotidien
Certes, tous les périples ne se déroulent pas de la même façon, même si elle admet qu’une force morale conséquente fut nécessaire pour son voyage. On ne lutte pas contre l’ennui on vit avec. « Pour se souvenir de mes journées, j’écrivais », ajoute Nicole. Chaque voyage a ses motivations, la fuite et les problèmes personnels étaient celles de l’ancienne maire, qui avait décidé de quitter la politique. « Depuis ce périple je n’envisage plus les choses de la même façon. Cela a été comme une psychanalyse sauvage. » Face à ce monstre de tôle les proportions ne sont plus les même que sur terre « on se sent tout petit et on remarque tout. On est émerveillé devant de petites choses. D’un point de vue visuel c’est un plaisir quotidien » se plaît à préciser Nicole. Sans oublier qu’elle était sur un lieu de travail, Nicole a relevé « les conditions de vie difficiles de ces marins. Le 1er mai a été le seul jour non travaillé ». Véritable usine flottante, un cargo est un des rares aspects de la mondialisation que l’on peut voir et toucher.
3. Le cargo en famille
Paradoxe avec Rémi et Florence qui ont décidé d’emmener leurs enfants Samuel et Elisa, pour rejoindre Buenos Aires en partant du Havre. Un périple de trois semaines fut nécessaire pour ensuite passer deux ans en Amérique du sud avec leur fourgon. Ici le contexte est totalement différent. Florence admet « que l’équipage a été aux petits soins avec les enfants, ça leur faisait plaisir de les voir pour ceux qui avaient une famille même si ça leur donnait un peu le bourdon. » Une relation saine et cordiale s’est donc installée avec l’équipage. Adeptes du voyage et pas dérangés par l’ennui ils ont apprécié le périple de bout en bout. Pour les enfants les activités ne manquaient pas, la maman s’explique : « Nous n’avions pas encore reçu les cours du CNED nous avons alors récupéré d’anciens livres pour les faire travailler. A côté de ça, il y avait une salle de gymnastique, un baby-foot et une salle vidéo. Comme nous avions accès à la passerelle, c’était l’occasion de leur expliquer le fonctionnement de la terre et des fuseaux horaires. Du pont, quand on le pouvait, on traquait les baleines avec les jumelles. Pour ma part je suis capable de regarder l’océan pendant des heures alors l’ennui, connais pas. » S’en suivent deux années d’aventure dans tout le continent sud américain puis vient l’heure du retour toujours avec le fourgon, toujours en famille et toujours avec le cargo. Quatre semaines cette fois ci qui vont permettre « un retour en douceur et moins brutal qu’avec l’avion », selon Florence. Pour ce qui est des relations avec l’équipage, Florence ajoute « qu’il y a une part de chance. Mais dans tous les cas sans l’anglais, c’est difficile ». En effet, la plupart du temps les marins proviennent du monde entier et pour arriver à s’intégrer et avoir un minimum de relation le mieux est encore de maîtriser cette langue.
4. Des conditions particulières
Emblème des échanges internationaux ces bâtiments de mer ont des impératifs, ainsi les horaires et les itinéraires fluctuent légèrement en fonction des exigences commerciales et de la météo. Pour évaluer le coût d’un trajet il faut compter en jours de traversée, et environ 100 euros par jour comprenant le logement et la nourriture. Les cargos se limitent à douze places (au-delà la présence d’un médecin est obligatoire) et n’acceptent pas d’enfant de moins de 5 ans, n’empêchant pas les familles de s’y retrouver. Question confort, fini les cabines rustiques, place désormais à des chambres bien équipées avec parfois le petit hublot offrant une vue sur la mer. Presque toutes les destinations sont envisageables à partir du moment que le pays ou la ville possède une ouverture sur la mer.
5. Quelques adresses
Pour plus de renseignements et rencontrer des passionnés du voyage en cargo rendez vous tous les premiers mercredi du mois devant la librairie Ulysse 26 rue Saint Louis en l'île 75004 PARIS.
Un apéro convivial y est organisé par l'association Cargo club et ce depuis 1993.
Retour d'expérience : Carnet de voyage croisière Transatlantique en cargo
Rémi Pialat
Publié le 11/08/2009