Richesses et trésors de la collection

Aujourd’hui, et contrairement au passé, le musée national de la Marine ose déléguer. Il forme en effet un réseau officiel depuis 1947 en prenant à sa charge la gestion des musées navals des arsenaux localisés en Province (Brest, Port-Louis, Rochefort et Toulon). Ceux-ci se chargent du patrimoine local (marine de pêche par exemple) tandis que le site parisien conserve le privilège d’exposer les plus belles pièces, les bijoux qui magnifient le catalogue français des objets liés à la mer.

Les modèles

Modèles
Modèles des XVIIIe et XIXe siècles

Fleuron de la prestigieuse collection parisienne : tout d’abord, les modèles d’arsenal des XVIIIe et XIXe siècles. N’hésitez pas à vous rapprocher au plus près des vitrines qui les protègent pour pouvoir observer la précision et la qualité des matériaux utilisés pour les réaliser.
Le « Louis XV », vous émerveillera avec ses ornementations en bois doré et en bronze. Les trois ponts de batteries superposés sont fidèlement reproduits et supportent les 120 canons de cette maquette de l’ancien vaisseau de guerre, qui a servit à l’éducation du jeune Louis XV dans les années 1720.

L’exemplaire du « Sans-Pareil » se distingue pour sa part grâce à la présence d’une voilure et d’un gréement complets. Sa coque est ouverte sur tribord pour satisfaire les plus curieux et apercevoir les détails des aménagements et des arrimages. Le vaisseau n’a jamais été réalisé mais son modèle reste en lui-même une pièce d’exception.

Enfin, terminez la contemplation avec le « Valmy », le dernier navire à trois ponts de la marine à voile. Pour celui-ci, on est même allé chercher de l’ivoire, de l’ébène et de l’argent. Une splendeur, finement sculptée et mise en scène sur une mer artificielle, entourée de chaloupes et de canots.
 

Sculptures
Sculptures

En tout, ce ne sont pas moins de 350 modèles que vous pourrez voir et qui ne sont rien d’autres que les premiers exemplaires de cet art, qui ont donné naissance à la « salle de marine » dès 1748. À cette époque, la production de maquettes se développe et devient une activité à part entière des arsenaux royaux. Chaque construction d’un vaisseau de guerre s’accompagne en effet de celle de sa réplique à échelle réduite (souvent prédéfinie selon l’époque : 1/36, 1/40 ou 1/48). Les ateliers des arsenaux réalisent ainsi de véritables œuvres d’art qui valent tant par leur valeur esthétique, qu’historique et documentaire. Chaque modèle permet effectivement de fixer dans l’éternité les données architecturales de l’exemplaire réel qui, lui, navigue réellement et risque donc d’être englouti par les flots ou détruit par une horde de pirates à l’affût de trésors.

Les décors navals
Les modèles rivalisent avec d’autres pièces magnifiques telles que les décors sculptés qui ornaient les vaisseaux royaux du siècle des Lumières. Là encore, on recourt à des matériaux luxueux (noyer, tilleul) et dorés. Les figures de proue (avant) et de poupe (arrière) se volent la vedette et les ornements des bouteilles tentent en vain de prendre le dessus. Mais rien n’y fait, la palme de la splendeur revient aux bas-reliefs et aux rondes-bosses de la galère « Réale ». Il faut dire que rien qu’en entrant dans la salle consacrée à la décoration navale, on ne voit qu’elle. Datant du XVIIe siècle, ses ornements resplendissent et étincellent, juchés sur un squelette de coque.
 

La réale
La galère la "Réale"

Les peintures La troisième salle change de registre : la sculpture laisse la place à la peinture sans pour autant échapper au remarquable. Ce remarquable tient à la présence de quinze toiles de grand format réalisées par Joseph Vernet et s’articulant autour du thème des ports de France. La commande est exigeante. C’est celle du roi Louis XV, qui, en 1753, charge le peintre de battre la campagne française pour réaliser une série de vingt-sept tableaux, vingt-sept « Vues des Ports de France ». Le projet remporte le succès et Vernet devient connu et estimé.

Peinture
Initiation du jeune public

Une réussite complète, jusqu’à aujourd’hui d’ailleurs car l’ensemble vaut le coup d’œil et plus même…
A cette série de paysages portuaires viennent s’ajouter des peintures d’histoire qui décrivent les succès et les victoires de la marine française.

Le contemporain
On l’aura donc compris, le musée de la Marine est spécialisé dans la marine de guerre des XVIIIe et XIXe siècles. Mais si l’on s’enfonce un peu plus profondément dans les galeries, la fin de l’exposition diversifie un peu le sujet en évoquant des thématiques plus contemporaines et actuelles. Les modèles en bois précieux et en bronze des premières salles sont oubliés devant les maquettes plus modernes de sous-marins, de torpilleurs ou de porte-avions (le « Charles de Gaulle » fait partie des pièces maîtresses, de part la renommée qu’il a acquise et la qualité de la reproduction) qui mentionnent de nouveaux matériaux parmi leurs composantes. La révolution industrielle a, en effet, poussé à la consommation de fer et de métal. Les bateaux n’échappent pas à la nouvelle tendance et les modèles réduits suivent eux aussi le pas : fer et laiton sont désormais maniés par les maquettistes.

Les dernières salles, enfin, explorent assez rapidement les autres aspects de l’univers maritime parmi lesquels l’exploration scientifique (instruments scientifiques, grands navigateurs), le commerce et la navigation de plaisance.

Le musée national de la Marine vous emportera avec douceur au cœur d’une des plus belles et des plus anciennes (1748) collections maritimes au monde. Le parcours tout autant historique, qu’artistique et documentaire, vous fera naviguer entre les somptueux modèles des vaisseaux de guerre de la flotte royale, les impressionnants décors sculptés des plus grands navires et les peintures de grands artistes. Moussaillons, à l’abordage de ce musée plein de surprises !
 

Sophie Graffin

Crédit photos: © Musée National de la Marine, S. Dondain ; © MNM, Arnaud Fux